Je fus réveillée par les pleurs d’Eléa qui s’agitait à mes côtés. Je la pris dans mes bras et la berçait, tout en passant la main dans les cheveux de mon fils. Il ouvrit doucement les yeux et je le laissai se réveiller tranquillement. J’attrapais mon téléphone portable et regardais l’heure, 7h36, j’avais un message de Constance, la jeune femme avec qui je m’étais liée d’amitié la veille. Elle me donnait rendez-vous à 8h, devant la porte de sa chambre pour qu’on aille prendre le petit-déjeuner ensemble avec les petits.

- Dorian, debout mon grand, on va bientôt descendre rejoindre Constance et Sam.

- D’accord, maman.

Il se lève et baille un grand coup. Il récupère les vêtements préparés la veille et revient vers le lit, sur lequel il grimpe. Il commence à retirer son pyjama et enfile son jean bleu, un t-shirt blanc sur lequel apparaît le logo du super héros, Batman, et un pull gris. Je prépare Eléa et Dorian regarde un dessin-animé à la télé. Une fois ça de fait, je dépose Eléa à côté de son frère et vais prendre une douche en prenant soin de laisser la porte entrouverte. Une vingtaine de minutes plus tard, douchée, habillée, et maquillée, je rejoins mes enfants.

- Mets tes chaussures, Dorian.

- Oui. J’y vais.

Il enfile ses baskets noirs aux semelles qui brillent dans le noir. On longe le couloir jusqu’à la porte de Constance, elle et Sam nous y attendent. On descend tous ensemble dans la grande salle de réception. On s’installe à une table et on commande. Un quart d’heure plus tard, les deux garçons ont terminé de manger.

- Maman, on peut sortir de table, s’il te plaît ? demande Sam à sa mère.

- Je pense que oui, mais vous restez dans la salle de jeux à côté, d’accord ?

- Promis ! Tu viens Dorian ?

- Ouais ! lui réponds mon fils.

Une fois qu’ils sont bien dans la salle de jeux, Constance lance la conversation.

- Je peux te poser une question ?

- Bien sûr, dis-je souriante.

- Tes enfants, ils connaissent leur père ? Vu que tu m’as dit que vous étiez séparés, je me demandais.

- Oh, Dorian le connaît, Eléa, non, on s’est séparés avant sa naissance. Elle l’a vu quelques fois, pour son anniversaire, celui de Dorian et à Noël.

- Je vois, Sam ne connaît pas le sien. Je ne veux pas qu’il le rencontre, tu crois que c’est mal de le priver de son père, même si c’est pour son bien ?

- Non, je suis sûre que tu fais les bons choix pour protéger ton fils.

- Au fait, pourquoi vous vous êtes séparés, si c’est pas trop indiscret ?

Et voilà, la question que je redoutais. Je pourrais lui mentir mais je n’en ai pas envie. Reste à savoir si elle réagira bien après ma révélation.

- Eh bien, en fait je vis dans une famille très catholique, et je me devais donc d’avoir un mari et de fonder une famille. Avec Romain, c’était pas le grand amour, on s’est séparés d’un commun accord quand j’en ai eu marre de me cacher. Je vais être franche. J’aime les filles et j’en suis fière.

- Merci de m’avoir raconté, dit-elle en souriant.

- Tu le prends bien ?

- Bien sûr. Mais du coup tes parents sont au courant ?

- Oui. Et ils ne veulent plus entendre parler de moi, ils m’ont rayé de leur famille, c’est comme si je n’avais jamais existé.

- Oh, je suis désolée pour toi.

- T’en fais pas, je me suis jamais bien entendue avec eux. Et toi, pourquoi tu t’es séparée du père de Sam.

- C’était un sale type. Mes parents m’avaient prévenu, d’ailleurs ils ne m’adressent plus la parole. Quand je suis tombée enceinte, il n’a pas voulu de Sam et il s’est barré. Et franchement, il ne me manque pas, raconta-t-elle en riant.

Je rigolais avec elle.

- Maman ? Quand est-ce qu’on y va ? me demanda Dorian.

- Maintenant Dorian, on y va.

- Ouais, crièrent les deux garçons ensembles.

On partit tous dans la joie vers l’arrêt de bus pour rejoindre le festival du livre.