37.5 (ajout)
Hello les filles ! j'ai fait un rajout dans l'épisode précédent (le 37) donc j'ai dû mettre ce fragment ici, car ça faisait un épisode vraiment trop long. N'hésitez pas à aller lire le 37, du coup, si vous ne voulez rien louper. C'est une petite scène entre Cornélia et Iroël !
J'ai aussi ajouté des petites choses (un paragraphe à chaque fois) à la fin de l'épisode 33 et au début de l'épisode 34, essentiellement sur Orion et le traumatisme de Cornélia.
P.S. Il y aura bientôt un court prologue sur Iroël !
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– Il est gentil et il a l’air de se soucier de tout le monde, mais en même temps, je sais pas… Il ne s'attache pas vraiment aux gens. (Le jeune homme fit une tête bizarre.) Me regarde pas comme ça ! Il est dur à cerner, je fais ce que je peux. Il est naïf, mais fourbe sur certaines choses. Il est très doux et tendre, mais il me fait peur parfois... Et c’est une grosse tête brûlée : il est complètement inconscient.
Iroël fronça les sourcils.
– C’est pas possible. Rien va ensemble dans ce que tu dis.
Elle réprima un sourire devant l’ironie de la situation.
– Je te jure que c’est vrai. En tout cas, c’est comme ça que je le perçois. (Et histoire de lui rajouter encore un paradoxe, elle ajouta.) Il reste à distance des gens, aussi. Mais il est toujours là quand on a besoin de lui.
Le jeune homme enfouit sa figure dans ses mains avec un râle de désespoir.
– Ça va être dur…
Mais bientôt, elle le vit redresser la tête, les yeux brillants de détermination. C’était un défi qu’il avait envie de relever. Fugacement, elle se demanda si l’atelier de Sobroniel lui manquait parfois – si l’artisan en lui aurait voulu travailler auprès de ses collègues, se mesurer à eux et se lancer à corps perdu dans la création et la magie, au lieu de marcher des centaines de kilomètres dans une eau polluée et laisser ses talents se faire exploiter par une vouivre tyrannique.
– Et pour le physique ? demanda-t-il.
Cornélia fit de son mieux pour choisir ses mots. Elle marchait sur des œufs et craignait de trop en dire, ou pas assez. Mais à la fin, Iroël avait l’air satisfait.
Il n’a pas deviné, se dit-elle, stupéfaite. Il n’a toujours pas compris.
Il fallait maintenant prendre le plus gros risque. En l’espace de quelques mots, elle risquait de tout faire capoter ; mais elle n’avait pas le choix.
– Je… Je pense qu’une créature volante lui correspondrait bien.
Elle croisa les doigts sous la table et les orteils dans ses chaussures. Quand Iroël fronça les sourcils, elle craignit le pire.
– Pourquoi tu dis ça ?
– Oh, euh, balbutia-t-elle pathétiquement. Parce que ça lui irait vraiment bien. Par rapport à sa façon d'être...
Il lui lança un coup d’œil vif et pénétrant comme la pointe d’un couteau.
– Mais pourquoi tu penses à quelque chose qui vole quand tu le regardes ? C’est ça que je dois savoir.
Une alerte rouge se déclencha sous le crâne de Cornélia. Encore de l'improvisation !
– Euh… parce que… parce que…
Elle contempla Iroël qui la dévisageait, avec ses yeux noirs insondables, ses cheveux ras qui lui donnaient l’air adulte, son nez brisé au moins deux fois qui en avait gardé des bosses. Les cicatrices qui mordaient ses sourcils, les anneaux d’or à son oreille... La langue de Cornélia s’emmêla et elle finit par dire :
– Parce qu’il est libre...
Le jeune homme sembla interloqué.
– Libre ?
– Il va où il veut, quand il veut, grommela-t-elle. Il n’obéit à personne. Il fait toujours ce qu’il pense être juste, sans jamais écouter les autres. Il reste lui-même en permanence, quoi qu’il arrive… même si ça lui retombe souvent dessus. Et puis, il n’a peur de rien. Avec lui, tout a l’air facile. Il est capable de tout faire, d’entrer dans des endroits imprenables, et quand il improvise un plan, même complètement nul, et bah ça marche toujours.
Un voile pensif passa dans les yeux d’Iroël. Cornélia se figea. Cette fois, il avait certainement compris. C’était si évident. Elle aurait aussi bien pu se promener avec un panneau qui clamait au grand jour le prénom d'Iroël.
– Il est solitaire ?
Cornélia camoufla sa surprise. Il n’avait toujours pas saisi. Une vague d’espoir l’envahit : était-il possible qu’elle arrive vraiment à ses fins ?
– Oui. Très solitaire.
D’une main, le jeune homme éparpilla tous les emballages présents sur la table pour les regarder, puis attrapa son sac à dos. Il en sortit une pleine brassée de plastique – bouteilles d’eau ou de shampoing, boîtes alimentaires, Tupperware, et d’autres débris ramassés au hasard de ses pérégrinations dans la Strate. Il les étala tous en arc de cercle et les étudia longuement. Puis il soupira.
– J’ai pas ce qu’il faut. Il va falloir trouver du noir.
– Du noir ?
– Oui. C’est une couleur rare sur les emballages, alors ça va être un peu long.
– Tu sais quel masque tu vas faire ?
Il sourit avec malice.
– Oui.
– Et… c’est une créature avec des ailes ? tenta-t-elle, en se demandant si elle n’insistait pas un peu trop.
– Oui. Si le garçon est comme tu as dit, il faut des ailes.
La malice disparut, remplacée par la mélancolie. Iroël devait songer à cet inconnu qui allait avoir droit à ce que lui n’aurait jamais. Soudain, Cornélia eut incroyablement envie de lui avouer la vérité, mais elle réussit à se retenir.
Ne gâche pas tout ! Pas déjà.
– Je sais pas si ça va marcher, prévint de nouveau Iroël, comme s’il redoutait qu’elle fasse déjà des plans sur la comète.
Il avait raison. Elle faisait totalement des plans sur la comète. Un sourire lui échappa malgré elle ; quand elle se leva, elle lui flanqua une grande tape amicale dans le dos. Bouche bée, il la suivit du regard alors qu’elle quittait la pièce.
T’inquiète pas, mon coco. Foi de Cornélia, tu vas voler. Et je serai là pour te voir fendre le ciel.
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