Chapitre 30 : Le message
Le lendemain matin, quand j’ouvris la porte de ma chambre, un colis m’attendait sur le seuil. Avant de quitter la villa pour retourner travailler, Adam avait laissé le livre que je devais lui emprunter la veille et que j’avais balancé de rage sur son lit, avant de m’esquiver.
J’ouvris la page de garde. Comme il n’y avait plus de place sur les pages libres à force de commentaires en tout genre, il avait agrafé une feuille blanche qu’il avait pris soin de remplir à mon attention.
« Anna,
Toi et moi nous ressemblons et c’est peut-être ce qui a créé cette attirance envers moi.
Mais tu te trompes, je ne suis pas celui que tu crois.
Tu te fais des illusions à mon sujet, bercée par tes rêves d’enfant.
Tu es encore une enfant. Grandis !
Enfant ? Il continuait à me traiter ainsi. J’aurais pu le tuer de mes mains en lisant ces lignes insultantes.
Dans quelque temps tu comprendras ce que je dis et tu seras d’accord avec moi.
Abandonne tes projets farfelus et redescends les pieds sur terre.
Une première fois, c’est important et tu dois attendre le bon.
Je te plais pour de mauvaises raisons.
Juste parce que nous avons vécu la même chose.
Mais cultiver le malheur n’est pas une terre fertile pour faire pousser quoi que ce soit.
Je suis détruit, et tu l’es aussi d’une certaine façon.
Alors reconstruis-toi et va de l’avant.
Quitte ce quartier maudit et vis ta vie loin de moi.
Oublie-moi. Je t’assure que je n’en vaux pas la peine.
Tu mérites mieux que ça.
Si tu ne le fais pas pour moi, fais-le pour lui.
Seb aurait détesté te savoir malheureuse.
Prends soin de toi.
Adam. »
Après m’avoir fait bondir, cette note me toucha tant que les larmes se mirent à couler le long de mes joues. Il avait tout dit et rien dit en même temps. Je ne comprenais pas le sens de ces lignes, ni cette façon de se dénigrer sans arrêt. On aurait dit qu’il parlait d’un autre. Qui était-il vraiment ? Cette simple question éveilla ma curiosité et me donna encore plus envie de découvrir le fin mot de l’histoire.
Si Adam avait voulu annihiler mes attentes à son encontre, ce message avait raté sa cible. Il ne faisait que les décupler.
Rien n’est plus obsédant que de courir après un rêve impossible.
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