Chapitre 48 : La boîte de Pandore
Mon sevrage d’Adam était un projet pharaonique qui tomba à l’eau dès lors qu’une nouvelle carte SIM fut insérée dans le téléphone qu’il m’avait forcée à accepter. J’eus alors le plaisir de découvrir toutes ses anciennes données. Comme j’avais été punie par ma mère pour ne pas l’avoir prévenue de ce qui s’était passé la veille, j’étais privée de sortie jusqu’à nouvel ordre et avais donc tout le loisir de plonger la tête la première dans son intimité virtuelle, à défaut de celle qui était réelle.
Son téléphone était comme un coffre-fort, recelant de trésors, dont j’avais désormais un accès illimité. La boîte de Pandore. Non content de me torturer avec ces dernières déclarations, Adam m’avait laissée pénétrer dans les arcades de sa vie privée et lire en lui comme dans un livre ouvert.
Encore.
Des photos, chansons et messages étaient stockés dans la mémoire du portable. Je pouvais lire ses vieilles conversations entre potes par sms, ses prises de rendez-vous galants (enfin ses dates pour niquer), ses photos de beuveries et de fins de soirée.
Rien ne manquait, et j’étais à présent en possession de dossiers sur lui et ses amis. Ces informations compromettantes, dignes de secrets gardés par le FBI, étaient aussi précieuses que passionnantes. Je me sentais privilégiée de pouvoir y accéder, même si je ne comprenais pas du tout comment il avait fait pour les oublier en me donnant son « vieux » smartphone, encore récent.
Simple oubli ou acte manqué ?
Quoi qu’il en soit, à peine avais-je commencé à regarder ses photos dans l’intention de l’étudier comme un insecte rare, que je m’arrêtai.
S’il y avait bien un truc que je ne voulais pas découvrir de lui, c’était son sexe érigé envoyé à une autre. Pas parce j’avais peur d’avoir la confirmation qu’il s’adonnait à ce genre de délires, mais parce que je voulais le découvrir par moi-même. J’y tenais absolument.
Je voulais appréhender son corps de visu, avec mes yeux, mes mains, ma bouche, avec chacun de mes sens, mais certainement pas par le biais d’images aussi sordides que dégradantes.
Pour le moment, je n’avais vu que quelques clichés et aucun ne s’apparentait à ce genre d’avilies. Aussi décidai-je d’arrêter de fouiller dans son téléphone et de le donner à ma meilleure amie. Je lui confiai l’affreuse mission de déblayer et assainir le terrain à ma place. Elle devait mettre les photos embarrassantes, si toutefois elle en trouvait, dans un dossier verrouillé auquel je n’aurais pas accès.
Elle accepta la tâche et s’en réjoui, les yeux gourmands, de la salive à la commissure des lèvres. Deux jours plus tard, elle me rendit le téléphone, visiblement déçue.
— Alors ?
— R.A.S.
— Rien ?
— Rien de ce goût-là, non.
— Il n’envoie pas de selfbites à ses meufs ?
— Nope. À moins qu’il le fasse par Insta ou Messenger, ou whanever, mais dans son répertoire photos, que dalle.
— Il est peut-être mieux que je ne le pensais...
— Ou alors il cache une perversion encore plus grande, sourit-elle.
— Tu as trouvé des choses de mauvais goût ?
— Non, mais ça ne veut rien dire. On ne met pas tout dans son téléphone.
Je n’étais pas d’accord et affirmai que, de nos jours, il n’y avait rien de plus traître que cet appareil, apparenté à un mouchard. J’étais étonnée qu’il n’y ait pas pensé en me le donnant.
— Peut-être que c’est ce qu’il voulait, suggéra Mathilde, comme une évidence.
— Comment ça ?
— De deux choses l’une. Ou il avait envie que tu connaisses sa vie, qui est somme toute assez classique, et ce, dans le but de te séduire. Ou bien il voulait t’aider à te faire passer à autre chose en te montrant les coulisses de sa vie de débauché avec sa kirielle de pouffiasses toutes plus sexy les unes que les autres. Ou bien...
— Y’a une troisième option ? m’étonnai-je.
— Ou bien il est complètement débile et n’a pas pensé que tu allais voir ces informations. Personnellement, j’opterais pour cette solution. Les mecs ne sont pas connus pour être des flèches quand même.
Sur ce, nous éclatâmes de rire et cela me fit un bien fou.
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