Chapitre 61 : La valse-hésitation
Avoir m’avoir entendu dire « nous », l’étincelle de ses yeux s’était rallumée, telle une belle flambée dans la cheminée, et sa bouche s’écrasa sur la mienne. Il me dévora les lèvres, de nouveau insatiable. J’étais ravie de ce retournement de situation, de le voir prendre mes conseils au pied de la lettre. Il avait visiblement repris du poil de la bête et décidé de profiter de la seule chose qui nous restait après le décès de ceux que nous aimions : la vie. Cette vie qui brûlait en lui et embrasait son corps à mon contact. Je devinai que son cœur avait fait son choix et comprenait que son corps électrisé s’apprêtait à le célébrer, en bonne et due forme. Et j’étais aux premières loges de cette célébration tant espérée.
Il me tenait toujours dans ses bras, serrée contre lui. Je fus transportée par son regain d’énergie, transcendée par le désir qu’il ranimait en moi. Ses lèvres se pressaient contre les miennes, imprimant leur voluptueuse empreinte.
Je ne sais combien de temps durèrent ces baisers langoureux mais ils parurent, à mon plus grand plaisir, se prolonger durant une éternité. Aucun de nous ne semblait vouloir en finir. Si je faiblissais un peu, il prenait le relai et redoublait d’ardeur. S’il faisait une pause salutaire, pour décrisper sa mâchoire, je glissai ma bouche vers ses joues, déposant une pluie de baisers sur sa barbe douce.
Ses mains n’étaient pas reste. Tandis que la droite caressait ma nuque et remontait dans mes cheveux, la gauche vadrouillait dans mon dos en direction de ma chute de reins. On aurait dit une danse mille fois répétée, tant la chorégraphie était parfaite. Mais, malgré nos baisers enflammés, qui en disaient long sur notre envie l’un de l’autre, ses mains ne s’aventurèrent pas davantage sur mon corps, comme je m’y attendais. Elles ne changeaient pas d’endroit, faisant du sur place, se contentant de tournoyer sur mes vêtements. Seule la pression qu’il exerçait évoluait, tantôt tendre et délicate, tantôt forte et exigeante.
Adam Bellaji était-il timide ? Je n’y croyais pas. Mais pourtant, quelque chose le retenait encore et je mis son hésitation sur le compte du respect qu’il avait pour moi.
Cela me convenait et me frustrait en même temps.
J’oscillais entre deux pôles. Le premier, contrôlé par la peur, me faisait douter de moi. Je ne savais pas faire ce que, lui, de son côté, connaissait par cœur. Mon expérience se réduisait à néant et j’avais cette crainte absurde de le décevoir. La seconde partie de moi était violemment dominée par l’envie de lui. Ce n’était pas nouveau mais, autrefois, cela se limitait à mes fantasmes. Or, nous deux, dans cette grotte, cela ne relevait plus de mes délires nocturnes. C’était un rêve devenu réalité. Et j’avais vraiment très envie d’aller jusqu’au bout.
Mais comme Adam me laissait les manettes, je n’avançais pas d’un iota. Je redoutais que mon inexpérience le fasse fuir et qu’il me plante là, à la moitié du chemin. Je craignais qu’il ressente mes atermoiements et devine que je n’étais pas complètement prête. Je voulais faire le grand saut avec lui, mais m’accrochai au plongeoir comme une désespérée. J’avais besoin qu’il m’aide, qu’il se montre directif, qu’il me guide. Mais je n’osais pas le lui demander clairement, par peur de paraître idiote.
La vérité, c’est qu’il m’impressionnait et m’intimidait tant que j’étais paralysée devant son charisme.
Heureusement, nos baisers sulfureux le déridèrent peu à peu, le faisant ployer sous l’envie. Si, pour le reste, je n’avais pas une once de savoir-faire, pour ce qui était de l’embrasser, je me sentais tout à fait dans ma zone de sécurité et, apparemment, je réussis, grâce à cela, à faire passer mon message subliminal. À force de solliciter ses lèvres comme une affamée et de coller mon corps brûlant contre le sien, comme si je voulais m’y dissoudre, Adam décida enfin de prendre les choses en main.
Et bien sûr, comme à son habitude, il ne fit pas les choses à moitié.
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