Chapitre 77 : Le piège
Mon cœur rata un battement. J’avais manqué à Adam Bellaji, le mec le plus séduisant de la Terre ? Celui qui avait toutes les femmes à ses pieds et que ses potes jalousaient face à un tel succès ? C’en était trop pour mon petit cœur qui s’affolait dans ma poitrine de manière désordonnée.
Je ne savais plus quoi dire. Un silence pesant s’installa dans l’habitacle réchauffé. Après cette dernière déclaration, j’avais envie de lui dire que moi aussi il m’avait manqué, mais il le savait déjà. Sinon, pourquoi l’aurais-je suivie jusqu’ici pour l’écouter me gourmander ? Je ne pouvais pas lui résister, mais cet aveu de faiblesse me faisait honte. J’étais une jeune fille forte, indépendante, bûcheuse, sérieuse et ambitieuse. Mais lorsqu’il s’agissait de lui, je devenais une carpette qui se liquéfiait à son contact. Sa voix et son regard me faisaient perdre tous mes moyens.
Je me détestai pour cela.
— Où est-ce que tu as prévu de dormir après la soirée ? m’interrogea-t-il.
La soirée ! Putain, je l’avais presque oubliée celle-là !
— Heu... Je suis venue avec ma mère alors elle est censée me ramener.
— Est-ce que tu veux venir chez moi ?
Il me regarda pour la première fois depuis le début de cette conversation. Ses yeux étaient suppliants. J’en fût toute retournée. Et horrifiée en même temps. Cette proposition ne lui ressemblait pas. Certes, j’avais déjà dormi chez lui mais cela avait été à cause de mon agression. Et notre nuit passée dans la grotte avait été mon cadeau d’anniversaire pour mes seize ans.
Cette fois, il n’y avait plus d’excuses ou de raisons valables à cette suggestion si... alléchante. Mais pour ce faire, il fallait que je mente à ma mère et je ne pouvais m’y résoudre.
— Je ne peux pas Adam... ma mère ne comprendrait pas que je découche sans raison. Mathilde est ici ce soir et il n’a jamais été question que je passe la nuit chez elle.
— Je peux te poser une question, Anna ?
— Bien sûr.
— Qui était ce mec avec qui tu m’as affirmé avoir perdu ta virginité ?
En revanche, en passant du coq à l’âne maintenant, je retrouvais bien l’imprévisible Adam, celui qui ne cessait de me dérouter. Aïe aïe aïe, j’étais prise au piège.
Je savais que ce mensonge allait finir par se retourner contre moi. Et j’avais senti dans la grotte qu’il doutait que je l’avais déjà fait. En me caressant pour me faire jouir, à aucun moment il ne m’avait doigtée. Cela m’avait mis la puce à l’oreille. Je devais continuer à lui faire croire que je n’étais plus vierge. Je ne pouvais plus revenir sur mes paroles, sous peine de perdre toute crédibilité.
— Un mec, c’est tout.
— Tu voudrais me faire gober que tu as fait l’amour pour la première fois avec un mec de passage, juste histoire de. J’ai du mal à y croire. Ce n’est pas ton genre. Surtout que tu aurais eu quel âge à l’époque, quinze ans ?
Si je lui disais la vérité désormais, je passais pour une menteuse, et je perdrai à coups sûrs la confiance que j’avais si durement gagnée. Or c’était une des choses les plus précieuses que je possédais de lui. Je devais jouer le jeu et me montrer aussi convaincante que possible.
— Cela ne s’est produit qu’une fois, parce que j’étais... bourrée.
Il avait l’air dépité.
— Il a profité de toi, Anna, c’est grave ce que tu me racontes-là.
— Je n’étais pas soûle au point de ne plus me rappeler ce que je faisais. Juste plus désinhibée. Il était beau et gentil, ça s’est bien passé, ne t’inquiète pas. Comme cela ne m’a pas plu, je n’ai pas recommencé. Fin de l’histoire.
— Pourquoi l’avoir fait ?
Je sentis ma gorge se serrer et me remit à pleurer. Il entoura ma main plus fortement, glissant ses doigts bronzés entre mes phalanges. Je sanglotai :
— Parce que tu ne voulais pas être le premier.
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