Chapitre 82 : L’état des lieux

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Il vint m’ouvrir la portière et m’aida à en descendre. Nous ne nous étions pas encore embrassés depuis nos retrouvailles. J’avais l’impression qu’avec Adam, tout allait plus lentement. À son contact, la vie semblait s’étirer, déroulant sa temporalité avec une lenteur extrême. Il n’avait pas l’air empressé. Il agissait un peu au ralenti, s’imprégnant de chaque instant pour en savourer davantage la réalité. J’adorais cette façon de faire, cette sérénité qui émanait de lui. Il était sécurisant et réconfortant. Rien de grave ne pourrait jamais m’arriver dans la vie avec lui à mes côtés, j’en étais persuadée.

Il attrapa ma main et me conduisit en bas de son immeuble, déverrouilla la porte d'entrée avec sa clé magnétique et me l’ouvrit pour que je puisse me réfugier la première dans la chaleur de la cage d’escaliers. Puis glissa son bras autour de ma taille et me guida jusqu’au second étage, là où il logeait. Sur le palier, il chuchota :

— Je n’ai presque pas mis les pieds ici depuis mon retour, tu excuseras l’état des lieux.

Je hochai la tête, prête à découvrir un capharnaüm sans nom, mélange de sacs de voyage qu’il n’aurait pas encore défaits et de ses derniers repas pris sur le pouce depuis son arrivée. Mes yeux s’écarquillèrent quand il alluma la lumière du plafonnier.

Un champ de pétales de roses avait remplacé le carrelage que j’avais connu autrefois. Je me baissai pour en ramasser un et constatai qu’ils étaient fraîchement cueillis. Cela ne devait pas faire très longtemps qu’il les y avait mis. Je souriais de toutes mes dents sans m’en rendre compte, complètement bluffée par ce décor de rêve. Une fois de plus, Adam réussissait à m’épater, malgré son air de ne pas y toucher. La magie de la grotte me revint en mémoire. Il souhaitait, une fois encore, taper fort et rendre inoubliable le moment. Je trouvai cela si touchant... Toutes ces attentions envers moi avaient été délicates. Comment ne pas follement l’aimer, lui et son romantisme exacerbé qu’il cachait derrière son visage de glace ?

— Adam... soufflais-je, la respiration courte.

— J’espère que tu aimes les fleurs...

— Je... je... je ne sais pas. On ne m’en a jamais offert.

— Alors, ce sera une première...

Une de plus...

— Est-ce que tu veux boire quelque chose ? Pour te réchauffer ? Chocolat chaud ? Tisane ?

Ma tête tourna de droite à gauche, dans un lent mouvement de refus. Je le remerciai quand même de sa proposition avant de reporter mes yeux sur le tapis de fleurs à mes pieds.

— Tu es fatiguée ?

— Non.

Le corps est une machine sensationnelle. Je m’étais levée tard ce jour-là, ce qui était assez rare pour moi. L’horloge avait indiqué midi lorsque j’avais émergé de ma chambre. On aurait dit que je m'étais préparée à ce qui m'attendait cette nuit. Cette dernière avait beau être bien avancée désormais, je me sentais aussi en forme que si je venais de me lever. Adam avait l’air bien réveillé lui aussi. Son beau visage bronzé resplendissant d’une belle énergie. Ses yeux pétillaient. Tout son corps vibrait de bonheur, cela se voyait à distance, de là où j’étais encore, n’osant pas m’approcher davantage.

C’est lui qui s’avança vers moi.

— Tu veux rester dans l’entrée ?

— Non...

— Tu veux venir dans le salon ?

— Oui...

Voyant que j’étais paralysée par la peur, il me délesta de mon manteau. Après l’avoir accroché à la patère, il se saisit de ma main et m’entraîna dans l’appartement. Je reconnus les lieux comme si je les avais quitté la veille. Le parterre de fleurs se poursuivait jusque dans le salon... il y en avait partout. Je n’osais imaginer le nombre de roses qu’il avait dû dépiauter pour obtenir ce résultat. J’éclatai de rire.

— Tu en as mis partout ? Dans toutes les pièces ?

— Seulement celles que j’espérais te voir fouler...

Je déglutis difficilement, sentant ma gorge sèche à l’idée que oui, il en avait peut-être mis là où mon esprit ne cessait d’aller. J’y avais dormi, avec lui, qui plus est. La pièce qui m’obsédait avait-elle subi le même sort que l’entrée et le salon ? Quelles étaient ses intentions ? Que désirait-il vraiment ?

— Est-ce qu’il y en a dans la chambre ?

— Tu veux le découvrir par toi-même ?

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