Chapitre 94 : Le repos du guerrier
Il continua à bouger en moi, les yeux plongés dans les miens. Ses mouvements de bassin étaient doux, de délicieux et suaves allers-retours qui me faisaient frémir de la tête aux pieds. C’était complètement incroyable de le sentir ainsi, s’enfoncer dans mon intimité, nous permettant à présent de former une seule et même entité. Je planais. J’étais aux anges, le cœur léger comme un ballon de baudruche. Il respirait plus fort, me montrant pour la première fois le plaisir que lui aussi prenait à me pénétrer lentement. Je devinai que durant la première partie de nos ébats, il était resté tellement concentré sur la peur de me faire mal qu’il ne put réellement profiter de l’instant, ce qu’il faisait pleinement désormais.
Ses yeux noisette se fermaient à intervalles réguliers, comme s’il était emporté par des vagues successives de bien-être, au milieu d’un océan de joie. Je l’observai savourer notre connexion, notre nouveau lien, se laisser submerger par l’intense satisfaction d’être enfin unis. Il ouvrit les yeux et me fixa à son tour, heureux. Ses prunelles brillaient d’une lueur éclatante, de celle que l’on affiche lorsque la vie nous sourit et que rien ne vient perturber la félicité de l’instant.
Contre moi, son bassin se mouvait entre mes hanches et tandis qu’il allait en profondeur avec précaution, il caressait mon visage avec tendresse. Je tournai la tête de côté et embrassai la paume de sa main ouverte. Il glissa le pouce sur mes lèvres, dessinant les contours de ma bouche. Je l’entrouvris et attrapai l’extrémité de son doigt pour le sucer. Mon regard était planté dans le sien et je m’aperçus qu’il avait du mal à le soutenir. Il rougit.
J’aimais le déstabiliser. J’aimais le voir perdre un peu ses moyens. Le sexe donnait du pouvoir et j’appréciai les émotions que je pouvais déclencher en lui. Alors qu’il voyageait en moi avec volupté, je lui proposai d’augmenter la cadence. J’avais hâte de le voir plus fougueux, emporté par ses élans de désir incontrôlables, soumis à la loi de son corps brûlant.
— Patience, ma belle, je ne veux pas te faire mal.
Mes mains prirent le relais pour l’inciter à me pénétrer avec un peu plus d’ardeur. J’appuyais en vain sur ses fesses musclées pour l’encourager. Comme il était beaucoup plus lourd que moi, je ne faisais pas le poids face à lui et il sourit de mes espoirs déchus. Cependant, je sentais qu’il contrait mes assauts avec de plus en plus de fébrilité car, au fond de lui, il avait très envie d’y aller plus franchement. Je n’attendais que cela, qu’il soit plus sauvage, qu’il s’empare de mon corps avec davantage de vigueur pour que mon cerveau cesse de m’importuner. Car, ce dernier n’arrêtait pas de me souffler qu’Adam risquait de se lasser de mon inexpérience. J’avais peur et besoin d’être rassurée.
— Est-ce que tu trouves ça bon ? demandai-je en chuchotant après un nouveau et long baiser qu’il me donna.
— Délicieux, ma belle. J’adore avec être avec toi. J’adore être en toi.
— Vraiment ?
— Évidemment. Sois-en sûr.
— Mais...
Je n’ajoutai rien, interrompue par un coup de rein un peu plus fort que les autres. Il cédait à mes supplications. Son regard était malicieux. Il jouait avec moi, avec mon impatience, avec mes désirs, et j’en étais ravie. Je l’aimais aussi bien sérieux que désinvolte, taquin ou renfrogné.
Je l’aimais tout court.
Je l’aimais.
Un frisson parcourut mon épine dorsale lorsqu’il s’inséra avec plus d’allant. Depuis notre rapprochement physique, mon amour pour lui prenait tant de place dans mon cœur que j’avais besoin de m’en ouvrir à lui.
— Adam ?
— Oui ?
— Je... je...
Il fixait mes pupilles, que j’imaginais dilatées du plaisir qu’il m’offrait.
— Je....
Son sourire s’élargit. Son visage, si proche du mien, était rayonnant.
— Je...
— Je sais, intervint-il.
Savait-il vraiment ? Ressentait-il la même chose ?
— Tu sais ? repris-je, entre deux gémissements, essoufflée.
— Je sais.
Il m’embrassa langoureusement. Son bassin claquait à présent contre mes hanches, s’immisçant en moi avec plus d’intensité, sans que je n’en sois nullement gênée, comme il le craignait. Au contraire, c’était merveilleux. Je percevais sa force, sa puissance, sa virilité, qui contrastaient avec la douceur de ses baisers et de ses déclarations. Je perçus un léger changement dans son attitude. Il commençait à lâcher prise, s’enfonçant avec moins de précautions. Ses yeux se fermaient, comme si son esprit était ailleurs et cela me rappela mon état, quelques temps auparavant. Je me revis lorsqu’il me donna un orgasme exceptionnel. Petit à petit, son rythme s’accéléra encore. Sa respiration devint saccadée, puis entrecoupée, et après quelques mouvements supplémentaires, il gémit tout bas, contre mon oreille. Nous avions été tous les deux comblés, et de mille et une façons. Je ne voulais plus bouger, profitant de cette sensation unique de l’avoir tout à moi, autant que j’étais tout à lui.
Il se dégagea très légèrement, retira la capote, tendit le bras à l’extérieur du lit et la laissa tomber dans un « splotch » à peine perceptible sur le parquet. Il se replaça sur moi, un peu plus de côté, pour ne pas m’écraser. Nos membres étaient emmêlés, nos cœurs battaient la chamade l’un contre l’autre. Nous étions repus, remplis, nourris et abreuvés. Nous n’en pouvions plus.
Dix secondes plus tard, nous dormions, exténués par cette longue nuit qui nous avait tenu éveillé jusqu’au petit matin.
La plus longue et la plus belle nuit de ma vie.
Annotations
Versions