Mais quel regard...
Après m'être habillée, je referme mon appartement et file travailler de ce pas !
En arrivant dans le salon, je commence à ranger et à préparer nos zones de travail. Je suis en train de m'affairer à la tâche quand j'entends la porte d'entrée s'ouvrir, je sais déjà qui c'est et je me prépare à l'affronter !
James arrive vers moi pour me dire bonjour, et se stop net devant moi, me fixant intensément. Ça va barder !
- Retire-moi ces lunettes... me dit-il d'un ton ferme.
- Écoute, j'ai la gueule de bois ce matin, c'est pour ça les lunettes, ne t'inquiète pas ça va passer.
- Hope Hawkins, tu vas me retirer ces lunettes immédiatement ! me dit-il d'un ton encore plus effrayant, c'est qu'il pourrait parfois faire peur cet ours des cavernes.
Je les retire donc avec mauvaise volonté et attend ma sentence.
- Si tu crois que mettre des lunettes de soleil sur tes yeux de panda va réussir à me cacher le fait que tu te sois fait péter la gueule hier soir !
Et ben tu te trompes lourdement.
Tu ne peux pas t'en empêcher... Franchement, je pensais que tu étais plus intelligente que ça. Que tu avais un cerveau pas comme tous ces mec contre qui tu te bats, tu veux te prouver quoi ? Que tu es la plus forte ? Que tu peux te battre ? Je peux te dire que faire ces démonstrations de force ne t'apporteront rien du tout à part des emmerdes, des blessures et voir même pire encore ! Je sais que tu n'obéis à personne, que tu ne fais que ce qu'il te plaît. Mais tu as un grand cœur et tu es une des filles les plus intelligentes que je connaisse. J'ai compris que tu combattais aussi pour l'argent, et qu'avec tu fais des cadeaux aux gosses défavorisés du coin, mais ne mets pas ta vie en danger à cause de ça, s'il te plaît.
Ça faisait longtemps que je n'avais pas entendu autant de mots sortir de bouche. Il est sincère dans ses paroles et très inquiet pour moi, je le sais et surtout, je le sens. Il n'est pas mon père, mais agit avec moi comme si j'étais de sa famille. Il me protège à sa façon, et cela me fait culpabiliser de l'avoir inquiété.
J'avance vers lui, et écarte mes bras pour lui signifier que je veux un câlin.
- Ne pense pas t'en sortir comme cela en essayant de m'amadouer jeune fille ! me dit-il en me prenant tout de même dans ses bras.
- Je suis désolé de t'avoir inquiété James, vraiment, je vais essayer d'y aller moins souvent ! Promis !
- Je voudrais surtout que tu arrêtes définitivement d'y aller p'tite.
- C'est pour les gosses que j'y vais, ils ont besoin de moi, je me dois de leur apporter ce que moi je n'ai pas eu à leur âge, mais que j'ai eu grâce à toi plus tard. Une présence, un soutien. Et pour cela, il me faut du fric.
Il me regarde de ses yeux sombres et acquiesce de la tête, résigné.
Maintenant qu'il a vu mes beaux yeux, je peux retirer ces putains de lunettes. Car bon que les autres voient mes yeux de pandas me laisse totalement indifférente ! Ce ne sera pas la première fois, de plus avec mes lunettes de soleil, je vais avoir du mal à travailler.
Mon premier client arrive à l'heure et me regarde avec un air réprobateur, c'est un habitué de salon, il me connaît donc très bien. Mais je ne supporte de sermons que de James alors il ne dit rien, se tait et s'installe pour que je commence à le " torturer "comme il le dit si bien.
La mâtinée passe assez vite, je fais ma pause et dessine quelques projets que l'on m'a demandé pour la semaine prochaine tout en m'occupant de l'accueil, car James a eu besoin de quitter le salon et m'a demandé de le relayer. J'avais remis mes lunettes de soleil, car avec le manque de sommeil et les efforts visuels de la matinée, une migraine pointait son nez.
Quand soudain j'entends la porte d´entrée s'ouvrir. Je me redresse donc pour accueillir le client, qui en fait était une bande de clients, pas sur d'ailleurs qu'ils le soient vraiment...
- Bonjour, je peux vous renseigner ? lançais-je donc avec mon faux sourire commerciale. L'homme du milieu, assez jeune me regarde fixement avec un petit sourire en coin, il a une très jolie fossette. Il est très beau ! Une aura de danger l'entoure, la petite voix en moi qui met habituellement en garde quand je rencontre ce genre d'individus se fait étrangement silencieuse cette fois-ci. Il répond me stoppant dans ma contemplation.
- Bonjour mademoiselle, j'aimerais prendre rendez vous pour un tatouage, est ce que ce serait possible ?
- Oui bien sûr, pour quand souhaiteriez vous le faire ?
- Si possible le plus vite possible. Nous sommes un peu pressés.
- Ok, j'ai une disponibilité pour après-demain, ce sera avec moi par contre, le patron n'a pas de créneaux libres avant la fin semaine prochaine.
Il me regarde attentivement à travers mes lunettes comme s'il pouvait lire directement en moi, quelle sensation étrange.
- Ça me va, je dirais même que c'est plus que parfait, mais je veux voir quelques-unes de vos pièces tatouer avant, je ne me fais pas massacrer par des débutants !
- Je ne suis pas une débutante, sur ce pan de mur vous y trouverais certaine de mes plus grosses pièces. Je le fixe intensément derrière mes lunettes pendant qu'il se dirige vers le mur. De dos, il est aussi à tomber..
- Ouais, ça ira ! Par contre ma bande m'accompagnera et c'est non négociable. M'annonce-t-il d'un ton qui pour lui ne laissais guère de choix possible, mais il ne me connaissait pas pour qui se prenait-il pour m'imposer cela dans mon lieu de travail. Chez moi, le client est roi, mais à partir d'une certaine limite, de plus demandée comme cela, c'est clair que je ne ferais aucun effort.
- Je ne pense pas non, vous êtes combien ? Une dizaine ? C'est strictement hors de question, je n'accepterais pas plus de 2 accompagnants, c'est à prendre ou à laisser. Lui répondis-je avec un sourire commercial, mais qui ne cachait en rien le caractère non-négociable des propos que je venais de dicter.
Il me fixe puis soulève ses lunettes, dans ses cheveux mi-long noir corbeau. C'est là première fois que je vois un regard si pénétrant, si intense. Il a les yeux d'un bleu glacier, presque plus clair encore que mon œil vairon, il me regarde et acquiesce du menton.
- Très bien, j'accepte Beauté,
Il sort son porte-monnaie et verse l'acompte convenu. Je lui demande ce qu'il souhaite et me répond qu'il veut un loup réaliste sur le pectoral gauche, mais que le reste est à ma convenance.
- D'accord, je vous prépare le dessin pour le jour J.
- J'ai hâte qu'on se revoit ma belle ! Au fait petite question, vous connaissez la personne qui habite au-dessus de ce salon ?
Oula je ne la sens pas trop cette question, je préfère faire comme si je la connaissais effectivement !
- Oui mais elle est très peu à son domicile, elle traîne souvent à droite et à gauche dans le quartier.
Il me regarde avec un sourire en coin, puis acquiesce.
- D'accord merci du renseignement ! À bientôt Beauté !
Son timbre de voix rauque, quand il me sort cette phrase il me ferait presque humidifier ma petite culotte... Arf ma vieille ça fait trop longtemps que tu n'as pas vu le loup, c'est moi qui te le dis. Je les regarde alors s'éloigner lui et sa bande, ne pouvant m'empêcher de penser à lui et à son regard balayant mon âme.
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