Chapitre 2 Le nouveau patron
Mes nuits étaient devenues compliquées depuis que Calvin ne partageait plus mon lit. Je me suis retournée une dizaine de fois, je n’y arrivais pas. Je n’avais pas répondu à son message et pourtant j’en crevais d’envie… Mais non, la trahison… Une jolie histoire pour découvrir qu’il avait une femme et un enfant, ça fait mal… Je n’envisageais pas grand-chose avec lui, c’est vrai, mais j’aurais préféré une rupture « propre ».
Demander ça à un homme équivaut à demander la lune…
Je me levais tout doucement, il était cinq heures trente du matin, j’avais à peine trois heures de sommeil dans la figure. J’avais du mal, je me dirigeais doucement, mais sûrement vers l’amour de ma vie… La cafetière… Je la laisse couler le temps que je prenne une douche, histoire d’émerger un peu…
Je n’avais pas encore les idées fraîches, mais la dose de caféine que j’allais m’envoyer allait y remédier. Je portais doucement la tasse à mes lèvres tout en jetant un regard à ma cuisine, à mon salon… Je me baladais en regardant tout autour de moi. Oui, j’avais réussi ma vie… J’avais tout ce que je désirais, un immense appartement, meublé avec goût… La seule chose que je n’ai jamais réussi à avoir, c’est un homme normal, je faisais la collection des queutard et infidèle en tout genre. Elana m’avait suggéré à plusieurs reprises de m’inscrire sur les sites de rencontre. Ça ne m’intéressait pas et en plus, je n’étais pas photogénique. Je n’avais pas envie de blablater avec un connard pendant plusieurs semaines pour savoir, que ce qu’il me disait, il le copiait-collait à six autres nanas.
Je filais rapidement dans mon dressing, je rencontrais mon nouveau patron aujourd’hui… Et d’après les dires d’Elana, c’était Satan en personne ! J’enfilais une chemise blanche et un pantalon salopette, je lissais mes cheveux courts et blonds, je forçais un peu sur le maquillage, mes nuits étaient courtes et je n’avais plus vingt ans… Lorsque je ne récupère pas, mon visage me le rappelle… Il était sept heures, en temps normal, je choisissais mes horaires et ça n’avait jamais posé problème. Nouveau patron, nouvelle règle… Je bus une dernière gorgée de café avant de prendre mon sac et de sortir de chez moi. Tandis que je fermais la porte de mon appartement, je le reconnus à l’odeur… Il était derrière moi, je tremblais, je ne voulais pas me retourner. Je vis ses mains glisser sur ma taille, son visage plongea dans ma nuque, je l’entendais me humer :
- Ton odeur Romy… Je n’arrêtais pas d’y penser…
Je fermais les yeux pour essayer de me concentrer, sauf que de sentir son corps ferme dans mon dos ne m’aidait pas… Je tentais tant bien que mal de maîtriser la chaleur qui traverser mon corps… L’odeur d’alcool qui se dégageait de lui me fit revenir sur terre. Je retirais doucement ses mains de mon ventre tout en tentant de maîtriser mes tremblements :
- Calvin…
- Encore Romy…
- Arrête s’il te plait…
D’un coup de ses bras musclés, il me fit faire un tour sur moi-même. Je retrouvais son doux visage, malgré son côté dur, je voyais ses traits enfantins de l’homme qui en a bavé et qui a dû grandir trop vite. Il plongea son regard dans le mien :
- Je ne vais pas te dire que je suis désolé… Juste que tu me rends totalement dingue…
- Calvin… S’il te plait…
Il me fit son sourire de mauvais garçon :
- Ça me rappelle beaucoup de choses… quand tu murmures s’il te plait de cette façon…
Bien sûr qu’il allait jouer sur ça, nos nuits de passion… Je n’avais jamais eu d’amants avec qui la fusion sexuelle était si parfaite. Nos corps étaient faits pour s’emboîter, on était dans l’esprit de l’autre. J’avais envie de lui, je devais le reconnaître, mais les pansements sur mon petit cœur ne tenaient pas très bien :
- Embrasse-moi, Romy…
Je regardais ses jolies lèvres pleines, j’en crevais d’envie… Je passais ma main sur sa joue… Il sortit sa langue, je la pris entre mes lèvres et je la suçotais doucement. J’entendais les gémissements s'échapper de sa bouche. Il me colla contre ma porte, son corps épousant parfaitement le mien. Il attrapa mon menton, me forçant à ouvrir la bouche. Je l’embrassais passionnément des soupirs de plaisir s'échappant de sa bouche. C’est lorsque sa bouche abandonna mes lèvres pour aller dans ma nuque et que ses mains commencèrent à explorer mon corps que je sortis de ma torpeur. Je le repoussais :
- Arrête Calvin…
- Mmmmm…
- Putain !
Je le poussais plus brutalement, il ouvrit les yeux pour m’observer :
- Tu en as autant envie que moi…
- Je te l’ai dit bien avant qu’il ne se passe quoi que ce soit entre nous. Je ne veux pas de plans cul !
- On était plus que ça et tu le sais très bien…
- Ouais, soi-disant un couple… Pardon, que dis-je un trouple !
Calvin n’abandonnait pas mon regard, je sais que dans le fond, il ne voit pas le mal. Il attrapa mon poignet :
- Tu es à moi, Romy…
- Lâche-moi, tu me fais mal !
- Non, j’ai attendu trop longtemps une femme comme toi…
- Calvin…
Il serrait mon poignet de plus en plus fort, il n’était pas conscient qu’il me faisait mal. En plus d’être un cascadeur, Calvin était un expert dans les arts martiaux. Il avait tendance à oublier sa force et encore plus quand il avait bu…
- Lâche mon poignet, tu me fais mal !
- Quand je te les maintenais au-dessus de la tête, tu ne disais pas ça…
- Tu es un porc !
Je savais bien qu’il n’allait pas me faire de mal, or, il commençait à me mettre mal à l’aise. Je sentais que les larmes me montaient aux yeux, je ne suis pas une peureuse, mais j’avais l’impression d’être devenu, une sorte de pisseuse face à son bourreau :
- Monsieur, je pense que la dame ne souhaite pas que vous la touchiez.
Je relevais la tête, monsieur parapluie… Bah voyons, il ne manquait plus que ça ! Il descendait les marches jusqu’à nous, Calvin relâcha sa prise sur moi. Puis d’un regard mauvais, il parla à monsieur parapluie :
- Tu veux quoi ? Tu ne vois pas que ma meuf et moi, on a des choses à régler !
Monsieur parapluie lui fit un sourire narquois :
- Au vu de sa présentation et de la vôtre, je doute que ce soit votre « meuf ».
- Tu insinues quoi fils de pute ?
- Je n’insinue rien, mais vous n’avez pas la même prestance, je ne me permettrais pas de dire qu’elle n’a pas été votre « meuf », mais je pense que ce n’est plus le cas. Vous la gênez…
Calvin s’avança dangereusement vers mon sauveur :
- Tu veux mourir ?
- Je n’ai pas ça de prévu sur mon agenda.
- Je vais te soulever fils de pute !
- Je pense que vous n’êtes pas au courant, mais ma défunte mère n’était pas une dame qui vendait ses charmes sur les boulevards, elle travaillait en tant que banquière.
- Tu te fous de ma gueule ?
- Je ne me le permettrais pas, je tenais juste à rectifier vos dires, puisque cela fait deux fois que vous m’appelez de la sorte.
Je posais ma main sur l’avant-bras de Calvin :
- Il faut que tu arrêtes, nous deux, c’est fini !
- Non Romy, je ne lâche pas si facilement !
Une autre voix se fit entendre, Vincent arriva vers nous :
- Tu abuses ! Les embrouilles de couples, il y a moyen de les avoir en début d’après-midi ?
Je souriais malgré moi, Vincent dans toute sa splendeur, Calvin lui fit un sourire narquois :
- Le surfeur de mes deux, ça fait combien de temps que tu essayes de te la faire ? Quatre ans au bas mot, rien que dalle ! Tu te prends pour le mec propre sur lui et elle a choisi un mauvais garçon.
Je poussais Calvin et dévalais les marches à toute vitesse et vu la taille de mes talons aiguilles, croyez-moi c’est un exploit ! Je tenais la rampe :
- Ne viens plus ici Calvin, je suis sérieuse !
- Sinon quoi ?
Je lui jetais un regard sombre :
- Tu n’as pas envie de le savoir, crois-moi.
Je marchais vite, j’espérais juste que le chauffeur que j’avais commandé allait arriver vite. Je lui fis juste changer l’adresse de départ, je ne voulais pas me faire coincer par Calvin dans la rue. Je ne côtoyais personne dans le coin et je souhaitais rester aussi discrète que possible. Je remontais deux rues plus loin, mon application n’arrêtait pas de me changer de chauffeur, jusqu’à ce que je sente des gouttes me tombaient dessus :
- Mais putain ! Rien ne me sera épargné aujourd’hui !
Tandis que je me maudissais, une grosse berline noire se gara devant moi. Je montais en trombe, je ne regardais pas le chauffeur :
- Bonjour, c’est au nom de Romy.
Pas de réponse, je levais la tête pour voir monsieur parapluie au volant :
- Oh merde, je suis vraiment désolée ! Je pensais que c’était mon Uber.
Je tendais la main pour déverrouiller la portière, il posa sa main sur la mienne :
- Annuler votre course, donnez-moi juste votre destination, je vais vous déposer.
- Alors, je sais que je ne suis plus une pucelle de vingt ans, mais ma maman (paix à son âme) m’a toujours dit de ne pas monter dans la voiture d’un inconnu.
- Je suis totalement d’accord avec vous, je me nomme Dante Gallo.
- Vous êtes de Calabre ?
- Vous connaissez ?
- Le bout de la botte ah ah ah !
Dante me regarda quelques secondes :
- Je vous présente mes excuses… J’ai eu ma période fan de l’Italie, du coup je me renseignais au maximum.
- Vous n’y êtes jamais allé ?
- Malheureusement pas au bout de la botte… J’ai fait Rome, Venise…
- Les classiques…
- C’est ça…
Je prenais soudainement conscience que je discutais avec un homme que je ne connaissais pas dans sa voiture. J'ouvris brutalement la porte et m'extirpa de la voiture, la pluie se mit à redoubler d’intensité. Au loin, j’entendais Calvin, hurlant mon prénom, jusqu’à ce que son regard croise le mien. Monsieur parapluie avait ouvert la portière du côté passager et me regardait.
Peste ou choléra ? Je montais dans la voiture de monsieur parapluie, j’avais choisi la faucheuse…
Même si elle n’était pas au menu…
Annotations
Versions