Chapitre 25 - Partie 2

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  –Lunixa ?

  Reconnaissant la voix grave de Kalor, je rouvris les yeux et mes doigts se crispèrent aussitôt sur la sangle de ma sacoche. Il se trouvait en compagnie de son frère et des membres masculins de la délégation, dont Arès.

  –Que se passe-t-il ? reprit-il.

  Je déglutis avec difficulté.

  –J'avais un service à te demander, je ne savais pas que vous étiez en train de vous entraîner... C'était d'ailleurs un beau combat.

  Avec appréhension, je me tournai vers mon ancien fiancé. Tous mes muscles se bandèrent lorsque mon regard croisa ses yeux dorés et il me fallut plusieurs secondes pour retrouver l'usage de la parole.

  –Vous avez su représenter notre pays avec honneur... Marquis, déclarai-je d'une toute petite voix hésitante. Je... vous en félicite.

  Arès s'inclina.

  –Votre reconnaissance m’honore, Princesse.

  Mon visage se vida de toute couleur et mes doigts se resserrèrent encore plus sur mon sac. Kalor fronça les sourcils. Après avoir passé un message silencieux à Thor, il me rejoignit tandis que ce dernier invitait la délégation à le suivre.

  –Quelque chose ne va pas, Lunixa ?

  En voyant Arès disparaître à l'angle du couloir, l'air qui s'était bloqué dans mes poumons lorsqu'il m'avait appelé « Princesse » m'échappa d'un coup.

  –Non, tout va bien. Ne t'inquiète pas.

  –Tu es sûre ? Tu es bien pâle.

  Kalor posa une main sur ma joue alors que j'opinais.

  –Oui, je te le promets.

  Tout va bien maintenant qu'il s'est éloigné.

  Kalor m'observa un instant avant de reprendre la parole.

  –Que voulais-tu me demander ?

  –Peux-tu m'emmener chez Magdalena ? J'aimerais bien la voir.

  –Maintenant ? s'étonna-t-il.

  –Si possible. Cela posera aucun souci vis-à-vis de la délégation, m'empressai-je d'ajouter. Mes compatriotes vont bientôt partir pour le théâtre.

  –N'es-tu pas censée te joindre à eux ?

  Je secouai la tête.

  –J'avais programmé cette sortie afin que nous ayons du temps pour travailler durant leur séjour.

  –Je vois. Dans ce cas, il n’y a pas de problème. Nous irons dès que j'aurais pris ma douche.

  Mes lèvres se soulevèrent.

  –Merci.

  Il me sourit en retour, puis se mit en marche. Ne voulant rester seule en attendant qu'il ait fini de se préparer, je le suivis.

  Une fois dans ses appartements, Kalor disparut dans la salle de bain tandis que je m'asseyais sur son lit. Au bout de quelques secondes sans rien faire, je ressortis la petite. À part durant notre séjour chez Freyja ou durant mon enlèvement, jamais je ne m'en étais séparée. Cette fois-ci j'allais pourtant le faire de plein gré. Mon cœur se serrait à cette perspective, mais je savais que c'était pour le mieux. Et puis, ce ne serait que pour une question de quelques jours ; cela n'avait rien d'insurmontable. Cette certitude en tête, je rangeai la relique dans mon sac et pris la lettre à la place.

  J'étais encore en train d'admirer la photo de mes enfants, un sourire empreint de tristesse et de joie au visage, lorsque la porte de la salle de bain s’ouvrit. Je me dépêchai de la glisser dans l'enveloppe mais je n'avais pas encore remis cette dernière dans ma sacoche quand Kalor revint dans sa chambre.

  –Qu'est-ce ? demanda-t-il.

  Mon pouce caressa le saut de la famille Zacharias.

  –Une lettre de ma mère, murmurai-je.

  Kalor n'ajouta pas un mot et s'approcha. Je me forçai à décrocher mes yeux de la missive pour lui accorder mon attention. En chemin vers son visage, mon regard s'attarda un instant sur sa marque royale, visible sous sa chemise encore ouverte, et je ne pus m'empêcher de penser à la mienne. Ma vie aurait été bien plus simple sans cette tache de naissance.

  –Veux-tu en parler ? me proposa-t-il en s'installant à mes côtés.

  –Non, je vais bien, répondis-je. (Son regard traduisit son scepticisme.) Je te le promets : même si j'ai pleuré, cela m'a fait du bien d'avoir de leurs nouvelles. Je m'en veux seulement de ne lui avoir écrit avant de recevoir sa lettre. Cette absence de nouvelles de ma part l'inquiète beaucoup.

  –Tu ne lui en a jamais envoyées ?

  –Non, je n'osais pas. J'avais pensé que couper les ponts, ne plus penser à ceux que j'avais perdu rendrait les choses plus faciles.

  Giulia m'avait aussi confié la tâche de convaincre le Roi Odin que je n'étais pas la bonne personne pour mettre en place l'alliance entre nos pays tandis qu'elle faisait de même avec mon père. J'avais eu l'impression de ne pas être à la hauteur lorsque j'avais échoué, que j'avais trahi sa confiance. Puis je ne savais pas comment lui parler de ma nouvelle situation, du fait que je sois redevenue une Princesse.

  –Mais j'ai commencé par me rendre compte que j'avais tort quand j'ai commencé à te parler de mon frère et de ma sœur, repris-je. Et cette lettre l'a de nouveau confirmé. Apprendre qu'ils se sont mis à la musique m'a rendu tellement heureuse.

  Les yeux de Kalor s'adoucirent et il embrassa ma tempe.

  –Et moi, je suis heureux de te l'entendre dire, murmura-t-il, ses lèvres encore contre ma peau.

  Des lèvres incroyablement chaudes, bien plus que d'habitude.

  Perturbée, je rangeai la lettre, puis posai une main sur son torse avant de la porter à son front. Il haussa un sourcil amusé.

  –Puis-je savoir ce que tu fais ?

  –Es-tu malade ?

  –Malade ? répéta-t-il, surpris. Non, pourquoi.

  –Tu es brûlant. Encore plus que d'habitude.

  –Ah... C'est normal. J'ai décidé d'arrêter de repousser mon pouvoir, alors j'essaye de le lui montrer en lui donnant un peu plus de liberté.

  Cette nouvelle me réchauffa le cœur : enfin, il ne rejetait plus cette part de lui-même. Cependant...

  –Et si quelqu'un d'autre que moi te touche ?

  Une poignée de main suffisait à se rendre compte qu’il était brûlant.

  –Je commence seulement, m’expliqua-t-il, alors dans un premier temps, je ne le ferais qu'en ta présence. Le temps de m'habituer à cette sensation. Sinon, par la suite, j'abaisserais ma température avant qu'il n'y ait contact ou je dirais que j'ai un peu de fièvre.

  –Beaucoup de fièvre, le contredis-je.

  Cette précision le fit grimacer. Il baissa les yeux quelques-instant et sous ma paume, je sentis la température sa peau diminuer.

  –Est-ce mieux ainsi ? s'assura-t-il.

  Je confirmai d'un hochement de tête et il m'embrassa pour me remercier. Son baiser se voulait chaste, rapide, mais sans m'en rendre compte, lorsque je le lui rendis, je glissai mes doigts dans ses cheveux encore humides. Les lèvres de Kalor se firent aussitôt plus pressantes. Sa peau me sembla à nouveau beaucoup trop chaude et cette chaleur attisa la passion en moi. Après tout ce qui m'était arrivé au cours des derniers jours, j'avais bien cru ne plus jamais pouvoir le toucher ainsi. D'elle-même, ma bouche s'entrouvrit, puis sa langue entraîna la mienne dans un ballet langoureux.

  Quand il y mit un terme pour nous permettre de reprendre notre souffle, je réalisai soudain que j'étais allongée sur le lit et lui, au-dessus de moi. Dame Nature, quand nous étions-nous retrouvés dans cette position ?

  –Nous... Nous ferions mieux d'arrêter là, déclara Kalor, la respiration encore haletante.

  Le sang me monta aux joues en comprenant ce qu'il sous-entendait. Il resta encore un instant au-dessus de moi avant de s’écarter alors que je restais allongée. Mon cœur battait beaucoup trop vite. Il me fallut un moment pour calmer sa course folle et oser faire face à Kalor après cet échange enflammé. Le temps que j'y parvienne, il avait fini de s'habiller.

  –Prête ? me demanda-t-il.

  J'acquiesçai, puis acceptai la main qu'il me tendit.

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