R comme Relation
Amis, proche, pote, connaissance, camarade, mari, femme, famille, l’histoire d’une entrevue ou d’un regard. J’ai toujours eu du mal à me faire des amis. Je me suis très vite retrouvé seul, à me confronter avec mon moi intérieur. Ceux agissant de l’extérieur m’ont toujours paru gênant, vicieux et corrompu par l’Ego sociétal. C’est-à-dire la représentation qu’on a de soi-même pervertie par la société. A force de vouloir communier avec la masse, on perd peu à peu notre identité propre. On s’oublie. On s’invente par une pensée commune entraînant une baisse notoire d’un esprit critique digne de nos Pères. L’esprit critique se meurt dans les méandres de la simplicité collégiale.
Par ma vision maussade du groupe, l’inverse s’est ainsi produit. Personne ne voulait me connaitre davantage. Qui de l’un ou de l’autre a commencé ?
Au fil des années j’ai compris et appris certaines notions indispensables dans ma condition d’Homme. J’ai saisi l’importance du Chronos où ma destinée allait être à mise à rude épreuve. L’individu est un être ambivalent dans son rapport à autrui : à la fois sociable et insociable. Construire son rapport à soi vis-à-vis des autres pour former un groupe. Il faut trouver cette ligne médiane entre s’associer et s’isoler. Condition sine qua non pour espérer connaitre l’Amitié. Bien sûr, la sécurité me tente et mère-solitude me ramène à l’endroit tant connu : moi. Un endroit libre à l’imaginaire débordant qui se profile aux abords d’une singularité authentique. Alors comme certains confrères et consœurs, s’attarder sur notre patience est un bon remède afin de saisir le Kairos.
La nature de l’homme est indissociable aux rapports qu’il entretient avec les autres et lui-même. Savoir trouver le juste milieu est difficile mais pas impossible. Schopenhauer le théorise à merveille avec la métaphore du porc-épic.
« Par une froide journée d’hiver, un troupeau de porcs-épics s’était mis en groupe serré pour se garantir mutuellement contre la gelée par leur propre chaleur. Mais tout aussitôt ils ressentirent les atteintes de leurs piquants, ce qui les fit s’éloigner les uns des autres. Quand le besoin de se chauffer les eut rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de façon qu’ils étaient ballottés de çà et de là entre les souffrances, jusqu’à ce qu’ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendit la situation supportable. Ainsi, le besoin de société, né du vide et de la monotonie de leur propre intérieur, pousse les hommes les uns vers les autres ; mais leurs nombreuses qualités repoussantes et leurs insupportables défauts les dispersent de nouveau. La distance moyenne qu’ils finissent par découvrir et à laquelle la vie en commun devient possible, c’est la politesse et les belles manières. »
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