semaine 10 - 11: Laurent le poète.

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Bonsoir, madame Ginette !

- Hooooo ! C’est pas vrai, un revenant ! Attends que je passe de l’autre côté pour te faire la bise. Comment vas -tu Laurent ? demanda madame Ginette visiblement très contente de revoir cet ancien habitué.

- Et bien ça va, madame Ginette, il n’y a pas à se plaindre. Et vous quoi de neuf ?

- Oh, ici c’est toujours pareil, tu sais. Le commerce dépérit lentement, les clients de l’époque ont pratiquement tous disparu. Maintenant ce n’est plus comme dans le temps.

Les yeux de madame Ginette s’étaient tout à coup mis à briller. La mémoire d’un lointain passé y faisait visiblement défiler tout un film de moments agréables. Elle regardait ce client comme s’il symbolisait ce qui avait fait qu’autrefois, elle avait aimé ce métier.

- Salut Laurent, on ne s’est pas connu beaucoup, mais je me souviens de toi, affirma Émile en lui tendant la main.

- Si si, je me souviens de toi. Tu étais souvent assis en salle accompagné de trois autres gars bien baraqués, des anciens militaires, je crois.

- Exact, ben sur les trois il n’en reste qu’un. Les deux autres ont passé l’arme à gauche… sans vouloir faire de mauvais jeu de mots.

- Ah bon ? Mais ils devaient être encore jeunes pourtant.

- Oui, il y en a un qui avait 42 ans, cancer du foie, et l’autre 49, infarctus. Pourtant c’étaient des sportifs en pleine forme. Comme quoi, autant picoler et profiter…

- Madame, Laurent… dit-il en tendant la main à Isabelle, la femme élégante qui accompagnait parfois Émile au Fleuri depuis peu.

- Isabelle, enchantée, répondit-elle de sa voix  à la tonalité aussi classieuse que son élégance naturelle.

- Qu’est-ce que je te sers ? demanda madame Ginette.

- Vas-y, c’est moi qui offre, renchérit Émile qui, apparemment, était content d’avoir un nouveau compagnon de conversation.

Émile était arrivé à huit heures en compagnie de son amie. Mais elle avait passé plus de trois quarts d’heure au téléphone du fond du café. Cela faisait à peine quelques minutes qu’elle était revenue discuter au comptoir. Pendant le temps où elle téléphonait, Émile s’était visiblement ennuyé. Il était le seul client : un mercredi soir, à cette heure-là, il n’y avait pas souvent grand monde. Du coup, il faisait un peu la gueule jusqu’à ce que Laurent n’arrive.

- Excuse-moi, mais je ne me souviens pas de ce que tu faisais dans la vie, demanda prudemment Émile qui sentait bien que Laurent mettait une certaine distance malgré le coup à boire offert.

- Cela ne m’étonne pas.

- Ah bon ? Et pourquoi ça ? s’étonna Émile en se rapprochant un peu plus de lui tout en tournant complètement le dos à Isabelle.

- Parce que la seule chose dont je me souviens c’est justement que nous en avions discuté à l’époque, et apparemment ce n’était pas tellement à ton goût.

- Ah bon ? Ben je ne m’en souviens plus. Mais alors, qu’est-ce que c’est comme boulot ?

- Vous vous rappelez, Madame Ginette, il était beau notre petit collectif, hein ?

- Haaaa si je m’en souviens ! J’y pense même souvent, je me suis toujours demandé ce qui s’était passé, pourquoi vous aviez disparu, tous. Je n’ai jamais su si c’est parce que vous vous étiez séparés ou si vous aviez trouvé un meilleur endroit qu’ici.

- Un meilleur endroit que le Fleuri ? Non, mais je rêve, c’est impossible ça, madame Ginette. Ici, c’était notre café de Flore. Un endroit unique, exceptionnel ! On s’y réunissait, certes, mais on y venait aussi pour s’en imprégner. C’est le Fleuri qui nous donnait l’inspiration, qui nous accompagnait, nous donnait son énergie. C’était le foyer de notre art, si artistes nous étions… Je n’en ai jamais eu la prétention, mais au moins j’ai toujours rêvé en être un.

- Ah, ça y est ! s’exclama Émile, je vous remets tous les quatre. Le cercle des poètes disparus qu’on vous appelait. À cause du film, à l’époque il avait eu pas mal de succès. Ça y est, ça me revient, je sais ce qui ne me plaisait pas. Parce que moi, les poètes, j’ai rien contre, non. Par contre, ils venaient de nous pondre le RMI, les gauchos du gouvernement. Et j’avais en face de moi une bande de profiteurs du RMI dont la seule activité était d’écrire des poèmes et aller boire des coups au café avec le pognon de nos impôts. Excuse-moi, mais on comprend que je puisse avoir les abeilles, non ?

- Non, répondit sèchement Laurent.

- Oui, bon, c’est fini tout ça. On s’en fout. Finalement, avec le recul, c’était le bon temps. Même si vous ne serviez à rien, au moins le pognon de nos impôts finissait dans les poches des Français. Maintenant, les aides sociales, on les donne à n’importe qui, hein ?

- Nous, nous ne servions à rien à l’époque, mais vous, vous serviez à quelque chose avec tes potes militaires.

- Et oui, nous, nous étions utiles. Et nous le sommes toujours d’ailleurs. La preuve je paye mes impôts tous les mois…

- Oui, les impôts, le pognon, tout ça. Il en faut… Mais ce n’est pas vraiment à cela que je pensais…

- Ah bon ? Ben oui, il en faut comme tu dis. Évidemment quand on ne le gagne pas à la sueur de son front, on a moins tendance à le respecter, le pognon. On vit avec, mais on peut se permettre de le mépriser. Mais alors selon toi, j’étais utile à quoi, hein ?

- Et bien en fait, tu faisais partie de ce qui nous attirait ici. De ce qui nous nourrissait en permanence, moi et mes amis. Au sens figuré bien sûr. Si nous venions ici, c’était pour vous, mais aussi pour madame Ginette, pour Robert la salière, pour le couple, tu sais ceux qui s’engueulaient tout le temps… Ah, je ne me souviens plus de leurs noms. Nous venions pour les trois vieux qui cherchaient toujours un quatrième à la belote. Nous venions pour les ouvriers du syndicat des employés des jardins de la mairie qui se réunissaient le mardi soir et refaisaient le monde à coup de révolution prolétarienne. Je venais pour monsieur Paul l’instituteur à la retraite, et cétéra, et cétéra... Bref, je venais ici, car tout cela, quand on en faisait la somme, c’était un concentré de culture. Un extrait de la réalité française, l’essence de la société. Le Fleuri, c’était le monde en miniature. Mais un monde accessible, un monde à cœur ouvert.

- Mouais. Et vous aviez besoin de ça pour quoi ? Vous en faisiez quoi de tout ce beau monde de l’époque ?

- Nous en faisions des mots sur des pages blanches, des phrases, des textes, des poèmes, des romans. Nous nous en inspirions pour écrire.

- Ooooh, c’est intéressant tout ça, s’immisça Isabelle en contournant Émile qui lui tournait le dos.

- Nous avions formé ce groupe autour d’une même idée, poursuivit Laurent avec un sourire pour inviter Isabelle à entrer dans la conversation. Imiter nos illustres prédécesseurs, se mettre dans les mêmes conditions d’écriture. Nous avions fait l’hypothèse et le pari que la source de leur génie se trouvait en grande partie dans les lieux comme le Fleuri. Les cafés. Combien d’écrivains du dix-neuvième et du début vingtième ont vécu les trois quarts de leur temps dans les cafés. Combien de musiciens, de peintres, de comédiens aussi ? Nous pensions profondément que le café était le point de départ de l’écriture et de l’art en général, car il était le centre du monde culturel. Nous étions convaincus que tous les mouvements artistiques avaient un ancrage profond dans le peuple et sa culture. Nous étions des écrivains du peuple et par le peuple. Et pour le peuple ! Nous devions voguer dans la société, être au contact des masses populaires, et le Fleuri c’était notre navire, à flot en permanence !

- Bon, coupa Madame Ginette, mais avec tout ça, cela ne nous dit pas ce que vous êtes devenus, tous.

- Nous étions une dizaine d’hurluberlus. Mais ceux qui tenaient vraiment le groupe, les piliers, les modèles, nous étions quatre. Les quatre inséparables. Depuis le lycée, puis la fac, nous n’avions jamais été séparés. Nous étions complémentaires, notre énergie, notre magnétisme fut à l’origine de l’existence du collectif…

- Mais qu’appelez-vous le collectif ? interrompit Isabelle qui peu à peu s’était placée entre les deux hommes, plus par intérêt pour la conversation que pour être de nouveau en compagnie d’Émile.

- Mmmm, ça sent bon le truc communiste, ça. Tu vas voir, ils descendent des années soixante, tout bêtement. Avec leurs élucubrations sur le partage, la vie en communauté, l’harmonie avec la nature. Après, j’ai rien contre, mais bon, de là à croire que ça sert à quelque chose tout ce blabla, hein ?

Émile voulait reprendre la main, surtout devant Isabelle. Il avait là une occasion unique de lui montrer qu’il pouvait rivaliser avec un intellectuel. Il n’avait qu’une envie, c’était lui en mettre plein la vue, la surprendre par la supériorité de son érudition.

- Le collectif, c’est juste un groupe d’écrivains réunis autour d’un même projet. Et le projet, c’était d’écrire en prenant la culture populaire comme source d’inspiration. Mais tous ne venaient pas y chercher la même chose, c’est ce qui faisait la richesse du collectif. La diversité.

- Ben voyons ! C’est bien ce que je disais, il ne manquait plus que ça, la diversité ! La liste des clichés continue ! Il ne manque plus que « l’intégration les minorités » pour finir par une touche de développement durable ! Non, mais franchement, il va falloir trouver des opinions un peu plus originales quand même ; parce que pour des artistes, des créateurs, ça la fout mal !

Isabelle sourit légèrement à cette remarque et se retourna vers Laurent en attente de sa réponse. Émile comprit qu’il était sur la bonne voie, Isabelle comptait les points, il avait l’avantage.

- On peut être créatif sans être original. Combien d’artistes sont méconnus justement à cause de cela. Ils ne sont pas originaux, mais sont tellement rêveurs, tellement épris d’esthétique que le chemin qui mène à la création artistique les rapproche bien plus près du soleil que d’autres qui ne pensent qu’à sortir du lot. Et c’est cela être un artiste, rêver, voler au-dessus du monde ou à travers le monde, mais vivre un autre monde. Un ailleurs de beauté, remplis de mots qui sonnent en permanence les cloches de la liberté dans votre tête si vous êtes écrivains, plein de couleurs tellement belles et de formes magiques que le monde paraît un vague noir et blanc dans la brume pour le peintre.

- Ah ben voilà! Là, je pense qu’on a fait le tour des clichés gauchos : la liberté ! Ben oui elle est belle la liberté dans un joli monde de bisounours. Plein de couleurs et tout et tout. Sauf que parfois l’artiste, il a aussi envie de bouffer. Et là ce n’est pas la même qu’il vous raconte. Il va s’apitoyer sur son sort, pleurer d’être incompris, dire combien c’est dur la vie d’artiste. Là, le monde n’est plus tout beau ! Et puis voilà t’y pas qu’ils vous crachent sur les collègues, ceux qui sont célèbres surtout, ça fait quand même du bien. La jalousie et l’envie deviennent ses deux meilleures amies. Mais du coup il est beaucoup moins beau notre artiste, on voit son vrai jour dans ces moments-là, quand il arrête de pérorer pour être aimé et admiré !

Le visage qui s’éclaire, Isabelle parut découvrir quelque chose d’important dans la réponse d’Émile. Comme trouver un objet qu’on cherche alors qu’on l’a sous les yeux.

- Il est vrai qu’il est difficile de se faire une idée de la vie d’artiste quand on la voit de l’extérieur. Vous ne pensez pas qu’Émile a tout de même un peu raison si on fait abstraction de son extrémisme ? s’amusa Isabelle.

- Quelle importance ? Ce qui compte n’est-il pas de savoir ce que vous avez envie de croire, ce qui vous plairait le plus comme vérité ? Celle qui vous ferait le plus de bien ? Voyez-vous, être artiste, pauvre ou riche, connu ou anonyme, la seule chose qui nous fait vivre c’est ce que nous sommes pour les autres. Nous pouvons leur donner du plaisir ou au moins des émotions à travers nos productions, mais nous pouvons aussi nous sentir indispensables par notre simple existence. On se dit simplement que notre existence est un pis-aller, une sorte de preuve vivante et rassurante qui montre au monde qu’il peut rêver, que l’humain peut rêver, mais que c’est parfois difficile. Et ceux qui croient cela sont rassurés. Ils sentent qu’être humain a de la valeur, qu’un artiste sommeille en eux, ça leur plait. Que s’il ne le laisse pas s’exprimer, c’est un choix. Les gens préfèrent leur petit confort et laissent les artistes rêver et créer à leur place. À lui d’en baver la souffrance liée à la création. Ainsi, ils ont fait le bon choix !

- C’est magnifique. Vous, êtes magnifiques, quel sacrifice, quel altruisme. À peine contredits qu’à la moindre étincelle de gloire ou de reconnaissance, les prix montent. Tout à coup ce qui compte c’est faire un max de tunes. Non, trop paradoxal pour moi, je jette l’éponge ! Allez, un peu de sincérité quoi !

Isabelle se mit à rire en dodelinant de la tête l’air de dire : impayable ce Émile ! Puis elle se reprit et se tourna lentement vers Laurent tout en répondant à Émile.

- Moi je pense qu’il est sincère, il est juste très différent de nous, c’est tout, affirma Isabelle.

Son attitude avait changé. Sa voix aussi. Elle était plus douce, moins sérieuse et autoritaire, à peine plus chaude. Son élégance se rapprochait maintenant d’un certain charme.

- Ça oui, pour être différent, il n’y a pas de problème !...Lâcha Émile sans conviction.

- Et oui, c’est là que tout se rejoint, Émile. L’insupportable différence, celle-là même qui te rend aveugle à l’autre, finit toujours par te rattraper. Les artistes, les Arabes, les niakoués, trop différents. Même une simple idée différente des tiennes dresse un mur infranchissable entre toi et le moindre type légèrement « gauchiste », comme tu dis.

- En attendant, nous avons une conversation depuis un bon moment, je te trouve mal placé pour dire ça ! accompagna-t-il d’un geste nerveux.

Émile sentait que la conversation lui échappait chaque fois davantage, et qu’Isabelle n’était pas trop de son côté non plus. Il risquait, s’il continuait, d’obtenir le contraire de ce qu’il voulait au départ. Une reconnaissance de cette femme magnifique.

- Oui, nous parlons, mais plus tu identifies de choses étant de gauche chez moi, plus le mur se dresse.

- Moi, je suis quelqu’un qui respecte tout le monde. On a souvent une fausse impression. Ce n’est pas parce qu’on est contre des idées, un mouvement, un parti, qu’on est contre les gens qui sont dedans. Par contre on peut essayer de les convaincre et donner sa propre opinion. C’est toujours comme cela, s’ils n’ont pas d’arguments, ils vous traitent de fachos et d’intolérants aux autres idées. Mais en fait, c’est juste pour ne pas avoir tort sur le fond. Ils ne sont pas forts alors veulent au moins paraitre victimes des méchants !

Oh le pauvre Laurent, c’est la victime du Méchant Émile ! Taquina Isabelle, les yeux rieurs. Laurent lui sourit gentiment.

- J’ai pourtant eu l’impression de t’en donner des nombreux, des arguments, depuis le départ !

- Oui, mais à chaque fois, ils se sont révélés faibles et pas très bons, médiocres je dirais. Alors peu à peu, il t’a fallu trouver autre chose que des arguments, et le grand artiste est tombé dans l’attaque personnelle ! Mais bon ce n’est pas grave, j’en ai vu d’autres. Le tout c’est que finalement j’aurais toujours en moi les valeurs morales, le respect de celui qui travaille dur, qui bosse pour la société, qui ne profite pas des avantages, mais qui participe à leur distribution. C’est comme ça, rien ni personne ne pourra me montrer en quoi j’ai faux…

- Mais tu n’as pas faux. Tu es même plus proche d’un artiste que tu ne crois. Finalement tu vis pour un rêve toi aussi. Une société meilleure, disons à ton goût. Et comme nous, tu vis sans contradiction avec tes idées. Ces croyances, ces espoirs, cette façon de vivre, le rêve d’un monde imaginaire, c’est aussi ce que je venais observer ici avec mes potes. Car c’est vraiment quelque chose d’incroyable. Comment des gens exploités, volés en permanence par le système, méprisés par les politiques qui ne jouent qu’à les convaincre le jour des élections avec des messages malhonnêtes, comment font-ils pour continuer à y croire malgré tout ? Nous nous en nourrissions pour écrire des romans que nous pensions correspondre aux aspirations de ce peuple que tu incarnes.

Émile resta interloqué. Son regard parcourait la pièce, les objets et les clients dans tous les sens. Il cherchait quoi répondre et pensait à la fois. Il pensait quelque part que Laurent avait compris pas mal de choses.

- Et alors, que sont-ils devenus tous ces observateurs de ma clientèle ? s’enquit de nouveau la patronne.

- Très peu ont poursuivi la voie artistique. La plupart ont trouvé du boulot et ont fondé une famille, ils ne trainent plus dans les bars. Les deux piliers du groupe, Jean et moi, sommes toujours dans l’écriture. On vivote. On est passés à autre chose, on a laissé l’idée de cette écriture populaire descriptive. Du coup on ne va plus tellement dans les cafés ou les cantines, de toute façon ils ont presque tous disparu. Cela ne m’empêche pas de continuer à vivre mes rêves, à tenter de voir le monde d’une autre façon qu’il ne se montre. De voir des étoiles mêmes dans un ciel couvert, et d’avoir chaud même en plein hiver.

- Ha ouai, ça, ce sont les effets du cannabis… Bon, les autres ne s’en sont pas trop mal sortis si je comprends bien, ils ont fini par entendre raison. Tu vois, Isabelle, ils font beaucoup de discours, mais à la fin, ils rentrent dans le rang. C’est juste des postures qu’ils prennent dans leur jeunesse, des crises d’ados un peu trop longues, quoi.

- Mouais, je ne sais pas trop si c’est vraiment l’analyse qu’il faut en faire. Et vous écrivez quoi maintenant ? demanda-t-elle en prenant le bras de Laurent par un geste univoque. Ce doit être vraiment passionnant.

Émile blêmit, son visage devint d’un coup rigidifié dans la plus froide expression.

- Passionnant je ne sais pas, je l’espère pour mes lecteurs. J’essaie surtout d’être sincère… j’espère qu’un jour vous me lirez, comme ça vous pourrez me dire ce que vous en pensez si on se recroise.

- Ce sera avec plaisir. Mais vous partez déjà ? s’inquiéta Isabelle prenant une charmante expression faussement triste et vraiment déçue.

- Il est vaincu et il part, il est venu il a vu et il fut vaincu… Rigola Émile à l’humour acide et amer à la fois…

- S’il y a un vaincu, il y a un vainqueur. Qu’as-tu gagné, Émile?

- Mmmmm

- Bon je dois y aller coupa Laurent, Isabelle vous m’accompagnez ?

Isabelle sentit qu’elle n’avait qu’un instant pour répondre, elle n’eut pas vraiment le temps d’hésiter et accepta d’un petit mouvement de tête.

- Allez, je ne sais pas ce que tu as gagné, mais je sais ce que tu as perdu.

- Au revoir, Émile, je t’appelle, dit Isabelle en sortant frétillant au bras de Laurent, le visage illuminé d’un grand sourire, déjà dans les étoiles.

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