La géante bleue
de Lèaure Idlebod
Il y avait le monde, et une géante bleue. Entre ses mains elle prit la terre, entre ses mains elle la broya, elle l'écrasa, la pétrit, en cendre elle la réduisit.
Et les humains tombaient sans fin, en pluie fine, dans l'espace infini où elle était assise.
Doucement, du bout des doigts, elle les attrapa au vol, les ramassa, et les posa dans son immense bouche, sur ses dents, sous sa langue, dans son haleine sèche, dans les vents brûlants et amers de son souffle. Et les humains s'y installèrent.
J'étais une humains et je vivais là. Nous nous étions construit des habitations dans les dents de la géante, creusant la roche blanche et pure de l'émail. Ses dents s'étendaient comme une longue chaîne de montagne derrière moi ; elles marquaient le bout de notre monde, l'extrême limite avant la chute dans l'infini vide.
J'étais descendu chasser. Dans la matière rosée et spongieuse de ses gencive, je marchais. Mes pieds s'enfonçaient dans le sol avec un bruit doux et humide. D'autres humains avaient construit leur maison ici, sous les dents, dans la matière meuble du fond de sa bouche ; le dernier Grand Souffle les avaient emportés, tous autant qu'ils étaient, et je me promenais désormais entre ruines et ossements, dans le bruit spongieux de mes pieds nus sur le sol.
J'arrivais dans le centre ville. La statue sur la place centrale du village était toujours là : une immense bouteille d'alcool brisée. A côté d'elle, un voyageur, dernier survivant, dansait en rond. C'était un peintre. Sa toile avait été déchirée sur son crâne et ses bras étaient demeurés enserrés entre les reste de son oeuvre sans qu'il puisse s'en défaire. Non lui de lui, un des animaux de compagnie de ce village, un survivant, marchait ; c'était un grand dromadaire, avec une tête à chaque extrémité de son corps, qui avançait en biais d'un pas lent et dansant.
Je pressais le pas vers les plaines roses. Dans mon dos, le souffle du vent se faisait plus fort. La respiration de la géante, les prémices du prochain Grand Souffle, qui tuerait, détruirait, broierait, brûlerait tout ce qui serait sur son passage. Quand elle expirerait l'air qu'elle était en train d'inspirer, les refuges seraient rares, et les destructions nombreuses.
J'allais devoir me dépêcher. Je raffermis ma main sur ma lance d'émail et me hissait sur la langue ; je partais en chasse.
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La géante bleue | Chapitre | 4 messages | 9 ans |
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