Grand-mère
Il avait entendu le bruit de la chute. En ouvrant la porte, il l'avait vue la tête en bas dans l'escalier, du sang dans les oreilles. En allant aux toilettes du demi-étage, elle était tombée. Vu son imprégnation…
Il appela les secours, puis fit le mort, ne répondant pas aux coups de sonnette et aux appels.
Il resta seul dans la bauge de sa grand-mère, dans la saleté et la puanteur. C’était son refuge. Il était heureux, tranquille. Quand son père l'avait chassé lors d'une crise, il s'était réfugié ici, chez elle, dans ce quartier pourri. C'était presque le paradis. Elle ne tapait pas, elle.
Un mois plus tard, la porte fut forcée, alors qu'il était sorti. Des hommes sortaient le barda nauséabond. Le propriétaire récupérait le taudis. Il n'était rien, il n'avait plus rien.
Il s’abrita sous un pont, car il pleuvait. Il avait froid, il avait faim, il avait soif, il ne ressentait rien.
Des ivrognes, aussi puants que sa grand-mère, voulurent le faire boire, puis abuser de lui. Il changea de pont. Il finit par s'étendre, épuisé. Le froid l’emporta. Sa vie venait à peine de commencer.
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