et orbi
A Rome les nuits sont chaudes et les gens sont collants. Mais votre allure et votre pas décidé vous protègent pour une fois de tout abordage non sollicité.
Sur le trajet vers Caracalla vous vous demandez pourquoi vous n'avez pas fait ça avant. Ce soir, cette nuit, vous répondez pour la première fois depuis longtemps à l'appel des ruines. Refoulé, canalysé depuis tant d'années, et libéré de la manière la plus inattendue, en vous confiant.
Maintenant vous courrez presque. Au bout d'une avenue vous apercevez enfin l'édifice étouffé de lumière au milieu de la nuit romaine.
Vous connaissez le passage, en quelques contorsions et un peu d'escalade vous entrez dans la palestra. Enfin vous y êtes.
Face aux deux plus hauts piliers du caldarium vous levez les yeux. Tout vous revient, le vieux manoir de l'étang et les sessions d'urbex.
Tout vous a conduit ici mais vous faisiez fausse route. La lumière blanche des projecteurs vous vrille les pupilles jusqu'à la nausée. Elle exacerbe tous les aménagements pour touristes, les balafres, les chaînes et les panneaux.
Caracalla est perdu mais il y en a d'autres, ailleurs. Que personne n'a trouvé, que personne n'entrave de cordelettes ni n'aveugle de lumière.
D'autres édifices gigantesques et inexplicables, que vous reconstruirez comme votre vieux château, où vous serez formidablement seule, comme la nuit dans la vieille usine.
Des forteresses de solitude qui vous donneront peut-être, enfin, l'apaisement et l'éternité nécessaires à votre deuil.
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