Maud
Maud, souviens-toi du chat de la voisine qui te disait tout le temps :
« Non, non, les intempéries ne sont pas le fait du hasard. »
T’en souviens-tu ? Pourquoi, alors, l’avoir frappé si violemment au point de le tuer ?... Maud, Maud, avais-tu un cœur ?
Les soirs, quand je te comptais les étoiles, tu voulais les éteindre de ta fronde. Tu ne les aimais pas les étoiles. Pourquoi, Maud ?
Maud, souviens-toi de la chauve-souris qui avait pris racine dans le grenier. Tu la prenais dans ta main, tu la caressais et tu lui disais :
« Chauve-souris, petite chauve-souris, comme j’aimerais te ressembler. »
Et la chauve-souris t’écoutait. Puis un jour tu t’es lassée de lui parler, et tu lui as fait subir un sort affreux.
Maud, avais-tu un cœur en ce temps-là ?
Aujourd’hui tu n’es plus la même. Quelqu’un t’a mis un cœur à la place de la pierre et s’amuse à le faire saigner. Tu pleures, Maud. Tu pleures beaucoup. Tu m’appelles mais je ne viens pas. Pourquoi je ne viens pas ? Je l’ignore. Je passe mes journées à me recueillir sur la tombe du chat, sur la tombe des étoiles, sur la tombe de la chauve-souris, et tu m’appelles désespérément mais je ne viens pas, Maud. Je ne viens plus.
« Les intempéries ne sont pas le fait du hasard. »
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