Chapitre 7 : Masques et Révélations

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La grande fête de l'île !

La grande place centrale de l’île s’animait sous les décorations colorées qui flottaient au gré du vent marin. Les habitants se pressaient, sourire aux lèvres, pour participer à cette fête annuelle, un moment rare de légèreté dans leur quotidien souvent rigide. Les stands de nourriture, les jeux, et la musique donnaient à l’événement un air presque magique. C’était un jour où tous les soucis semblaient suspendus, une illusion collective de paix et de bonheur.

Mais pour La Flamme et les anciens, cette fête était bien plus qu’un simple moment de joie. C’était une scène de théâtre où chacun jouait un rôle, cachant ses véritables intentions derrière des sourires et des paroles soigneusement choisies.

Émilie arpentait la place avec les membres de La Flamme, chacun jouant le jeu des apparences. Les rires résonnaient autour d’eux, mais leurs esprits restaient concentrés sur leur mission : continuer à rassembler des alliés tout en restant invisibles aux yeux des anciens. Rodrigue et Odilon plaisantaient avec des habitants, Sophie aidait à un stand de nourriture, et Lucie observait discrètement les faits et gestes de Bruno, prête à intercepter toute menace potentielle.

Sophie jetait de temps en temps des regards appuyés à Émilie, cherchant le moment parfait pour lui parler. Leurs yeux se croisaient brièvement, un échange silencieux chargé de sentiments non exprimés.

Au détour d’un stand, elle attrapa le bras d’Émilie, l’entraînant à l’écart dans une petite ruelle calme à l’abri des regards curieux. Le cœur battant à tout rompre, elle prit une grande inspiration.

  • « Émilie… j’ai quelque chose à te dire, » commença Sophie, sa voix tremblante d’émotion. « Depuis que je t’ai rencontrée, depuis que nous nous battons ensemble pour La Flamme, je… je n’arrête pas de penser à toi. Tu m’inspires, tu me donnes du courage, et je crois que… non, je sais que je suis amoureuse de toi. »

Émilie resta figée un instant, surprise par la confession. Sophie se tenait devant elle, vulnérable et sincère, attendant une réponse. Une vague de chaleur envahit Émilie, un mélange de tendresse et de reconnaissance envers celle qui était devenue plus qu’une amie.

  • « Sophie… » murmura Émilie, un sourire timide se dessinant sur ses lèvres. « Je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve, mais je sais que je veux être avec toi. »

Les deux jeunes filles échangèrent un regard complice, et sans un mot de plus, elles scellèrent leur promesse avec un baiser tendre et discret, loin des tumultes de la fête. Pour la première fois depuis longtemps, Émilie se sentit légère, portée par un nouvel espoir.

Pendant ce temps, Lydie observait Odilon de loin, cherchant à rassembler tout son courage. Elle avait toujours été timide, mais aujourd’hui, en voyant Sophie et Émilie, elle sentit que c’était maintenant ou jamais. Elle s’approcha d’Odilon qui était assis seul près d’un vieux chêne, le regard pensif.

  • « Odilon, je… je voulais te parler, » balbutia Lydie, les joues rosies par l’embarras. « Depuis qu’on a commencé cette aventure ensemble, je me sens proche de toi, et j’ai des sentiments que je ne peux plus cacher. Je suis amoureuse de toi, Odilon. »

Odilon la regarda, surpris et touché par sa déclaration, mais une ombre passa sur son visage.

  • « Lydie… tu es quelqu’un de formidable, vraiment. Mais… je ne suis pas prêt pour ça. Pas maintenant. Je ne veux pas te blesser, mais je dois être honnête. »

Lydie essaya de sourire, mais ses yeux se remplirent de larmes. Elle hocha la tête, comprenant qu’il ne partageait pas ses sentiments. Elle se recula lentement, le cœur lourd mais fière d’avoir enfin parlé.

Plus loin, Isidore arpentait la fête d’un pas décidé, son esprit obsédé par les révélations qu’il avait découvertes sur La Flamme. Il avait surpris des conversations, vu des échanges suspects, et tout semblait converger vers une seule conclusion : sa sœur était impliquée jusqu’au cou dans cette société secrète.

Il trouva un coin isolé où il s’assit pour relire les notes qu’il avait prises. Chaque mot, chaque détail confirmait ses soupçons, et il savait qu’il ne pouvait plus ignorer la vérité. Sa sœur était en danger, et pire encore, elle mettait en danger tout le monde avec ses idéaux insensés.

Sophie étant retourné à son stand, Émilie s'occupa d'une autre affaire qui lui tenait à coeur : trouver son frère pour s'expliquer avec lui. Elle surveillait déjà discrètement les mouvements de son frère depuis un moment et finit par le retrouver. Elle s’approcha de lui, sentant une distance inquiétante entre eux.

  • « Isidore, qu’est-ce que tu fais ? » demanda-t-elle en essayant de masquer l’anxiété dans sa voix.

Isidore sursauta, tentant de cacher précipitamment ses notes, mais il était trop tard. Émilie avait déjà vu suffisamment pour comprendre qu’il savait.

  • « Tu… tu trahis La Flamme... et tu trahis ta propre soeur. »

Isidore se leva brusquement, les traits tendus par l’angoisse et la colère.

  • « C’est toi qui trahis notre famille et notre communauté avec tes actes ! Tu joues avec le feu, Émilie. Les anciens ne laisseront jamais passer ça, et tu vas tout perdre. »

Les mots durs de son frère frappèrent Émilie en plein cœur. Leur complicité d’autrefois semblait désormais si lointaine, déformée par des idéaux opposés.

  • « Tu ne comprends pas, Isidore. Ce n’est pas une trahison, c’est une lutte pour notre avenir. »

Mais Isidore, inflexible, secoua la tête et s’éloigna, décidé à agir avant que les choses n’empirent. Émilie le regarda partir, le cœur lourd de chagrin et de peur. Elle qui avait si biencommencer cette fête, ne put s'empécher de laisser s'échapper une larme. Elle avait perdu son frère et ne le retrouvera sûrement jamais, têtu comme il est.

La musique au loin la tira de ses pensées. En effet, la fête continuait et elle ne devait pas rester là à pleurnicher alors que tout le monde s'amusait. Elle retourna donc avec Sophie et ses autres compagnons pour profiter de ces moments de joies qu'ils pouvaient partagé ensemble. Elle savait qu'ils ne seraient pas long.

Cette fête fût pleine d'activités et d'ambiance tout au long de l'après-midi. Tout ceux qui regardait cette fête avant avec un regardsérieux et proffessionel dans une guerre froide cachée de tous, s'abandonnaient finalement dans la cohue générale à profiter de ce moment de convivialité entre tout un peuple.

Alors que le soleil commençait à décliner, le moment tant attendu de la fête arriva : le discours annuel de Bruno. Comme chaque année, en tant que "chef" du village, Bruno faisait un discours pour ses compatriotes. Tous les habitants se rassemblèrent devant la grande estrade, impatients d’entendre les mots du doyen. Les membres de La Flamme se glissèrent dans la foule, prudents mais curieux de ce que Bruno avait à dire.

Bruno monta sur scène, son visage imposant et sévère reflétant l’autorité qu’il exerçait sur l’île. Il balaya l’assemblée du regard avant de prendre la parole d’un ton grave.

  • « Mes chers amis, » commença-t-il, « aujourd’hui, nous célébrons notre unité, notre force, et notre histoire. Mais je ne peux pas ignorer une menace qui se profile. Une menace insidieuse qui cherche à saper les fondations de notre société. »

Ses mots étaient soigneusement choisis, chaque phrase pesant lourdement sur la foule qui écoutait en silence.

  • « Certains parmi nous semblent avoir oublié les sacrifices de nos ancêtres, préférant l’illusion de la liberté à la sécurité que nous avons bâtie ensemble. Ils veulent briser l’ordre que nous avons établi, et je vous demande de rester vigilants. »

La tension monta d’un cran. Les habitants échangèrent des regards inquiets, certains se demandant à qui Bruno faisait allusion. Les sous-entendus du doyen étaient clairs pour ceux qui savaient, mais suffisamment flous pour ne pas éveiller la méfiance des autres.

  • « Nous ne tolérerons pas la rébellion. Ceux qui choisissent la voie de la dissidence seront confrontés à la force de notre unité. N’oublions jamais que c’est ensemble que nous sommes forts. »

Bruno termina son discours sous les applaudissements polis de la foule, mais la graine du doute était plantée. Les mots résonnaient dans les esprits, semant la confusion et la peur. Émilie, Sophie, et les autres de La Flamme savaient que le combat ne faisait que commencer, et qu'il s'annonçait bien plus rude que prévu.

La fête continua, mais l’insouciance avait disparu, remplacée par une tension palpable. Les sourires se figeaient, les regards se faisaient plus méfiants, et chacun repartait avec l’impression que quelque chose d’important venait de changer.

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