« Vous savez, les enfants… il n’y a pas que les castes dans la vie.

A présent, vous en connaissez les principales ; vous savez de laquelle vous ferez partie une fois transpassés. D’ailleurs, au passage, regardez bien vos petits camarades, une fois un joli sceau gravé sur leurs fronts vous ne les verrez probablement plus. Sinon à distance. Un genre de distance un peu bizarre – les enfants – comme si un mur invisible allait vous séparer quand bien même vous seriez face à face.

Enfin bref – qu’est-ce que je disais moi ? Ah oui ! – il n’y a pas que les castes dans la vie. Je vous l’apprends aujourd’hui : il y a aussi les sous-castes !

Ne prenez pas des airs faussement outrés, les adultes, là-derrière – vous le savez, comme moi – il y a des petites noblesses de caste et des indigences de caste.

Les Ter aiment se dire descendants de certains dieux – les plus chouettes évidement, pas Vide ou Ironie – les Attract, par exemple : font les fiers, font les beaux – on le comprendra – ; les Terriens, souvent considérés comme le haut du panier, traitent souvent les autres comme des sous-Ter – Ah ah, vous comprenez le jeu de mot ? Quoi ? Non ? Ah… Vous n’êtes qu’une bande d’ignares !

Et ce n’est pas que pour leur caste ! Car dans les autres, il y aussi des divisions, et tout aussi fermées sur elles-mêmes.

Prenez les Vox, par exemple, entre enseignants et artistes, il y a une forme de condescendance mutuelle qui n’est plus à démontrer.

Chez les Artes, il n’est pas bâtisseur qui ne regarde de haut les artisans des sols, les susplanteurs. Les forgerons et leurs perinsidents sont aussi très fermés et secrets. N’allez pas supposer que tous les Artes soient au courant de ce qui se joue dans les allées tordues de la Forge, tout ce petit monde se tient serré avec ses propres secrets.

Quant aux Inter, ils ont : les pontiers, qui tiennent la circulation de la Cité entre leurs mains ; les mèdes, aux connaissances uniques et jamais partagées ; et enfin leurs élites : les Orgènes. Qui ont leur mot à dire sur chaque mariage et chaque nouvelle naissance. Ils ont la mission de dégager l’humanité du fléau d’Ironie en unifiant nos apparences – il y a de quoi se la jouer, non ?

Quant aux Aers, hormis leurs deux grandes catégories : les oisifs – disons – et les militaires, il me semble parfois que chaque famille est, en elle-même, une sorte de sous-caste à part entière… »