Eileen lisait toujours. Elle voyait avec anxiété le nombre de pages diminuer, la fin se rapprocher inexorablement. Et rien n’indiquait un dénouement heureux pour Aiden et le royaume d’Oblivion. Elle assistait, impuissante, aux évènements. Elle redoutait le moment où elle lirait la chute du dernier pétale. Elle espérait qu’Owen et Abigail trouvent une solution tout en redoutant leur sort.

 Le peuple se pressait désormais aux portes du château. Owen et Aiden se tenaient côte à côte, devant une Abigail déterminée et prête à s’interposer à tout moment. Ils se trouvaient tous les trois devant la rose enchantée, fanée, d’une beauté terrifiante pourtant. Le temps parut se suspendre un instant. Puis, les choses se précipitèrent soudain.

 Eileen ressentait le fracas des portes enfoncées, le désespoir des protagonistes face à l’impossible. Mais surtout, elle sentait son propre cœur se serrer, ses yeux lui piquer, la frustration et la peine l’emplir tout entière tandis que les mots lui dépeignaient les ultimes notes de l’histoire. Le dernier pétale entama sa chute à l’instant même où Aiden fut envoyé au sol par un de ses sujets. Le prince ne luttait même plus, par répugnance de s’attaquer à son propre peuple, par espoir que tout s’acheva avant que la malédiction ne fît son office.

 Le prince maudit, blessé, ferma les yeux sur le chasseur qui l’avait vaincu avant que celui-ci ne porte son dernier coup.

 Les doigts blanchis d’être si crispés sur le livre, Eileen regardait avec horreur les dernières phrases tirer leur révérence sur le papier.

- Non, non, non. NON !