Retrouvailles
L'après-midi est bien entamée lorsqu'Esther se reveille. Elle se souvient vaguement de la soirée de veille et n'est pas très fière de son appel matinal à David. Elle ne doute pas qu'il lui passera un savon dès qu'il décrochera. Magali lui a précisé qu'elle devait l'appeler dès qu'elle serait en état. Apparemment, il lui a fait une scène pendant qu'elle était en train de cuver son mélange d'alcool d'hier. Malgré le demi-litre d'eau et le gramme de Paracétamol avalé, elle se sent toujours vaseuse. Elle se promet de plus jamais boire autant... Ou alors de boire plus de soft entre les verres d'alcool. Après avoir mangé un morceau, le tourni semble passer. Elle décide donc d'appeler David. Autant en finir au plus vite. Elle a bien pensé à l'envoyer balader. Après tout, ils ne sont plus ensemble. Qu'est-ce que ça peut bien lui faire qu'elle sorte à pas d'heure quand elle n'a pas la garde de Bastien ?
- Esther ! Je suis content que tu appelles enfin !
Elle s'attendait à des remontrances, pas à un acceuil chaleureux.
- Magali m'a fait comprendre que je n'avais pas trop le choix.
- Ha. Et ça t'ennuies de me parler ?
- Non, non. Pas du tout. Mais je m'attendais à... Je ne sais pas. Autre chose.
- Je... Bon, je me lance. J'ai beaucoup réfléchis ces derniers temps... à ce que tu avais dit, à nous, à avant... Dit David.
- ...
- J'aurai voulu que les choses se passent autrement. Que ça ne se finisse pas comme ça... Je t'aime toujours et...
- Moi aussi, je t'aime toujours Lapin, dit Esther.
David sourit comme un gosse un matin de Noël. Ce n'est pas tant le "je t'aime", mais plutôt le petit surnom employé. Cela fait des années qu'elle ne l'avait appelé ainsi. Depuis la naissance de Bastien, elle l'appellait "Papa".
- J'aime quand tu m'appelles Lapin. Ça faisait longtemps.
- Oui, je crois qu'on s'est un perdu... Mais tu me manques.
- Hooo, toi aussi tu me manques. Tu... Tu veux passer à l'appart ? Bastien est chez mes parents pour la nuit.
Il ne veut pas passer l'éponge et oublier tout ce qu'il s'est passé. Mais là, tout de suite... Il a juste besoin d'être près d'elle, qu'elle le prenne dans ses bras, lui caresse les cheveux et lui dise que tout ira bien. Il veut sentir son odeur, la chaleur de sa peau, ses baisers. Il ne veut plus passer une soirée seul, à penser à elle.
- S'il te plaît. J'ai besoin de toi, dit il en sanglotant légèrement.
- Ne pleure pas, Lapin. Bien sûr que je vais venir. Laisse moi deux heures, histoire que je rentre à la maison me doucher, me changer et je suis là.
- Non, maintenant ! Dit il en pleurant carrément.
Il n'en avait rien à faire qu'elle sente la bière, la cigarette ou la transpiration. Il la voulait près de lui.
- D'accord. D'accord. J'arrive, dit elle en raccrochant.
Après avoir emprunté la voiture de Magali pour faire le trajet plus rapidement, elle se gare devant l'appartement de David. Elle n'a jamais vu que l'entrée de l'immeuble lorsqu'elle venait déposer ou récupérer Bastien un week-end sur deux. David habite au rez-de-chaussée, elle n'aura pas à prendre l'ascenseur. Un petit sourire narquois se dessine sur son visage en pensant à la soirée d'hier. Non, ce n'est pas le moment, se dit-elle en supprimant cette idée. Il y a peu de chance que le sexe soit au programme de ce soir, David va sûrement vouloir parler. Et pourquoi pas... Ça leur fera peut-être du bien de discuter. Via l'interphone, il lui dit que c'est ouvert et qu'il est occupé dans la cuisine. Dans le salon, elle voit qu'il a dressé la table pour deux avec du vin blanc et des bougies parfumées.
- Tu sais ouvrir la bouteille ? Je n'y arrive jamais, lui crie-t-il depuis la cuisine.
Esther serre deux verres et va le rejoindre aux fourneaux. Il y a des années qu'ils n'avaient plus cuisiné ensemble. Malgré son amour pour Bastien, elle se rend compte de toutes les petites choses qui ont changé avec son arrivée. Ils ont laissé leur couple voguer, sans tenir vraiment la barre, croyant naïvement qu'ils atteindraient tout de même le port. A la place, ils s'étaient pris un rocher et avaient commencés à prendre l'eau. Malheureusement, ils n'avaient pas su boucher les trous ou écoper ensemble. Pourtant, tout espoir n'est pas perdu. S'ils travaillent de nouveau main dans la main, ils pourront s'en sortir. Elle le sait. Il y a tellement d'amour entre eux. Elle s'interroge tout de même sur le changement d'humeur de David. Comment peut-il passer de la tristesse à "je te prépare un bon petit plat" ? Elle hausse les épaules en se disant qu'elle ne comprendra jamais les hommes.
- Voilà ton verre. Je peux faire quelque chose pour t'aider ? Dit-elle en arrivant dans la cuisine.
- Non, j'ai presque fini. J'espère que tu as faim...
- Oui... mais peut-être pas pour des pâtes, dit Esther en déposant un baiser dans le cou de David.
- Hooo... Et que voudrais-tu manger d'autres alors ? Dit David avec un petit regard espiègle.
- Toi, bien sûr, susure Esther en glissant ses mains sous son t-shirt. Huumm... Ta peau est si douce.
- Deux minutes... Attends que... Je dois couper les plaques, dit David en riant des chatouilles d'Esther.
- Allez, je te laisse finir ça et je vais prendre une douche vite fait alors, dit Esther en s'arrachant au corps de son futur amant.
David termine rapidement de préparer le repas, qui sera probablement mangé plus tard, et va retrouver Esther dans la salle de bain. Il n'a plus vu son corps depuis des mois, mais il n'en a pas oublié la moindre parcelle.
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