Je ferme les yeux et inspire un grand coup. Cette odeur... qu'elle est agréable. L'odeur de la terre humide remonte. L'odeur du bois mouillé.

Le cartable sur le dos, je sors de la maison. Je m'arrête sur la terrasse. Le grand terrain qui me fait face est encore flou, le brouillard le cache. Je peux voir l'herbe encore mouillée. Il a plu cette nuit comme toutes celles d'avant, depuis un mois. Les chats s'aventurent hors du garage, et viennent vers moi. Ils laissent leurs empreintes sur le sol boueux. La fourrure blanche immaculée de l'un d'entre eux est devenu grise. Pourtant ses yeux sont toujours aussi bleus, de si beau yeux que je me perd dans l'océan qu'est son regard. Il détourne la tête et le contact est brisé. Papa sort derrière. Il me dit de me dépêcher, nous allons être en retard. Il me dépasse pour aller faire chauffer la voiture. Pendant que moi je respire toujours...ça sent bon. Je sens ma tête s'alourdir. Les oiseaux chantent, les arbres chantent, c'est le vent qui les secoue. En les regardant je suis émerveillé. C'est un éclat de couleur sur ce tableau gris du matin, du jaune, du rouge, du marron, de l'orange, du blanc, toutes les couleurs de l'automne sur ces arbres. Je doit me dépêcher, la maîtresse serait furieuse si j'arrivais en retard. Je m'avance pas à pas vers la voiture, mes mains sont gelées, je ne les sent plus. Le silence lourd ponctué par les bruits de la nature est agréable. Ma grand mère vient de sortir de la maison. J'ai oublié mes gants. J'y retourne en courant, attrape mes gants et les mets. Papa s'impatiente. Nous sommes en retard. Je me dépêche de monter dans la voiture. La chaleur m'acceuil à l'intérieur mais il n'y a plus d'odeur. Ca ne sent plus rien...

J'ouvre les yeux. Non...rien de tout cela. Juste la ville et ses bruits assourdissant. Plus de chant d'oiseau, plus d'herbe, plus de chats, juste cette odeur. Je retiens mes larmes. Je dois y aller ou je serais en retard à l'école...