Même l'Acier s'est Révolté

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"Tchac. Une épée rouillée se plante dans le sol. La terrible main qui tenait son terne pommeau n'est plus de ce monde. La guerre fait rage dans ces pauvres contrées. La violence envahit le cœur de ses habitants. Qui est le responsable ? Qui doit-on accuser de cette désolation ? L'épée, parce qu'elle a fauché de jeunes gens avec sa lame sanguinaire ? Ou bien l'homme, car sa main a guidé la cruelle lame dans le cœur de valeureux innocents ? Des pensées sans buts, des questions sans réponses. Alors tournons la question d'une autre façon. Puisque nous sommes incapables de désigner le responsable de cet acte, car les deux suspects sont coupables, trouvons celui qui a commis le pire forfait. Qui a été le plus humain ? Vous répondrez tous « l'homme » bien entendu, car il était vivant, libre de ses actes et il a délibérément tué tant d'êtres purs par le fer de son épée rouillée. Mais qui avait les réactions les plus humaines ? L'Homme restait de marbre face à la tuerie qu'il avait engendré, il ne pensait pas, il enfonçait son glaive dans tout ce qui pouvait encore bouger telle une bête furieuse. L'Homme, perché sur son cheval, apportait la mort sans bouger d'un cil, l'Homme ne portait pas de nom, l'Homme ne pensait pas. Il agissait par fureur de vivre, il était une bête sauvage qui tuait pour vivre. On ne peut considérer l'Homme comme un Homme s'il respecte la loi de la jungle. Tuer ou être tué, voilà tout le résumé de sa vie. Pire encore, lorsque l'homme fut transpercé par une flèche censée être mortelle, gloire à celui qui l'a envoyé, il ne bougea pas. Il continua à avancer pour emporter le plus de vies possible. Il continua, malgré que l'épée rouillée soit tombée de sa main sanguinaire, à annihiler les personnes se trouvant devant lui, en les piétinant, les étranglant, les égorgeant. On aurait dit un chorégraphe cadavérique qui exécutait sa danse macabre. Seule une personne a osé occire pour de bon cet homme qui n'en n'étais pas un. L'épée, oui l'épée, son nom, Stahl, car oui elle avait un nom, luisait en lettres dorées sur son pâle pommeau. L'épée s'est relevée, la rage de vivre, elle s'est relevée. Elle a regardé son ennemi de son fer flamboyant. Elle s'est avancée vers lui et a enfoncé sa lame dans le torse du démon qui se prenait pour un homme. Forcément, les adversaires paniquèrent. Pour la première fois, ils voyaient quelque chose avec plus de caractéristiques humaines qu'eux même. La lame s'est avancée vers ses ennemis. L'acier s'est enfin révolté. L'épée a tremblé en enfonçant son corps froid dans le cœur des combattants. L'épée a grincé de douleur lorsqu'on l'a frappé. L'épée avait des sentiments que son ancien maître ne possédait pas. Après le combat, après la misère, après la guerre elle resta seule sur le champ de bataille. Elle a observé les corbeaux se repaissant goulûment des yeux des cadavres. L'horrible vérité et la raison qui pousse ces faux hommes à faire une guerre presque irréelle lui a sauté aux yeux. La pluie est tombée sur elle. Des gouttes étincelantes, semblables à des larmes, ont coulé sur les gravures de sa lame. Alors... Tchac. L'épée rouillée s'est plantée dans le sol. Ce qui est venu de la terre revient à la terre. Et pour la première fois, l'épée, ou devrais-je dire Stahl, a saigné."

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