Chapitre 12

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Alexis

Il fait maintenant nuit noire, mais je ne sais pas exactement quelle heure il est. J'ai perdu tous mes repères depuis notre baiser sur la terrasse. Je ne dors pas, même sans le café auquel nous n'avons pas touché. Je suis étendu sur le dos, au milieu du grand lit de Layla. Elle, elle dort, à demi couchée sur moi. Sa tête repose sur mon torse, sa main sur ma hanche et l'une de ses jambes est glissée entre les miennes.

Une foule de pensées et d'émotions m'assaille et j'ai bien du mal à faire du tri dans tout cela. Je me sens à la fois perdu et serein, heureux et vidé, léger et groggy. Si notre première étreinte a été intense et rapide, nous avons ensuite refait l'amour beaucoup plus lentement, savourant de nous découvrir l'un l'autre. J'ai dégusté ses seins merveilleux, sa bouche délicieuse, sa peau, ses bras, sa gorge, son ventre. Et je me suis perdu en elle, cette fois sans peur et en ayant le sentiment de parcourir un chemin de rosée et de prairie, d'herbes folles et de ruisseau chantant.

Nous n'avions évidemment pas fermé les volets et comme le ciel est sans nuage, je peux voir briller quelques étoiles. Je n'arrive pas à me repérer, et je ne sais pas comment est orientée la chambre. Tout ce que j'ai remarqué, en arrivant, c'est la grande porte vitrée qui donne sur un salon-bibliothèque, de ce que Layla m'en a dit. Je ne distingue pas grand-chose du mobilier, toute juste puis-je estimer que c'est une pièce de belle taille, au plafond assez haut, avec des poutres.

Ma main gauche repose sur l'épaule de Layla, la droite sur sa cuisse. Ses parfums parviennent à mes narines, délicieux mélanges d'une touche de lavande, de rose et des fragrances de l'amour. Je n'ose pas bouger, je ne veux pas la réveiller, alors qu'elle dort si sereine, si confiante.

Et ce sont finalement son souffle régulier et les battements de son cœur qui finissent par m'endormir.

**

A mon réveil, Layla n'a pas bougé. Le jour entre dans la chambre. Il doit être tôt encore. Machinalement mes doigts glissent dans ses cheveux blonds. Elle frotte son nez contre mon torse, puis redresse son visage et ouvre les yeux. Je plonge une fois de plus dans ses iris bleu marine. On se sourit en même temps. Puis elle approche son visage du mien et m'embrasse. Je la laisse faire et d'autant plus que son corps glisse sur le mien, réveillant mon désir d'elle.

Et cette fois, c'est elle qui me parcourt, m'embrasse et m'étreint. Agenouillée sur moi, elle est comme une de ces belles amazones, fières et conquérantes, mais qui savaient aussi être des amantes redoutables. Et Layla sait très bien y faire pour nous emporter dans un nouveau voyage.

Elle est divinement belle, ainsi, m'offrant ses formes harmonieuses, ondulant pour mieux épouser mon corps. Ses cheveux tombent en cascade sur ses épaules, son dos. Une longue mèche cache l'un de ses seins et je l'effleure, la repoussant sur son épaule. Ma main s'attarde alors sur sa poitrine, alors que l'autre souligne la cambrure de ses reins. Son regard s'est vrillé au mien et je n'ai nulle envie de m'en détacher. Layla a les plus beaux yeux que j'ai jamais vus. Les plus beaux, les plus expressifs, les plus profonds. Parfois, on dirait qu'elle sourit juste avec son regard ou bien, comme à cet instant, qu'elle y cache un monde secret, des trésors, et qui sait ? peut-être des rêves.

Oui, elle est divine, à faire ainsi courir ses mains sur mon torse, à chercher notre union la plus intime possible, à me dévoiler sa gorge, ses seins merveilleux que je ne peux m'empêcher de venir chercher pour les embrasser, pour déguster chacune des pointes tendues. Son souffle s'accélère, le mien aussi. Nos cœurs s'affolent, sa plainte devient cri.

"Oh oui, belle Layla... Laisse éclater ton plaisir pour le mien plus grand encore".

Layla

Ce n'est qu'en pleine nuit, entre samedi et dimanche, que je ramène Alexis chez lui. Nous avons passé la journée du samedi ensemble et, principalement, dans mon lit. Après un copieux petit déjeuner, pris à une heure totalement indue, nous nous sommes lovés sous la douche. Je vais garder un très beau souvenir de ce moment, du regard voilé d'Alexis quand il a succombé au plaisir, des perles d'eau qui nacraient sa peau et du désir de lui que je ne parvenais pas à assouvir. J'en voulais encore et encore. Etreintes fougueuses ou tendres caresses, baisers mutins et sourires complices. Ce furent des heures folles, incroyables.

Et merveilleuses.

Nous nous disons "au revoir" dans la nuit fraîche, sur la terrasse de son gîte. Mon départ est prévu à 5h du matin, il est déjà 4h15. J'étais parvenue à prendre une petite heure la veille pour faire ma valise, mais la maison n'est pas rangée, je n'y ai pas fait le ménage. Tant pis, cela restera en l'état. En même temps, je ne l'ai pas beaucoup salie.

En revenant aux Auches, je fais tourner une lessive express, je lave la vaisselle de la veille. Pas le temps de l'essuyer, elle restera à sécher sur l'égouttoir. Je suis en train d'étendre le linge lorsque j'entends la voiture arriver. La ponctualité est une des grandes qualités de Serge. Quelques instants plus tard, il frappe à la porte, je lui ouvre, lui propose un café qu'il accepte volontiers. Cela me laisse le temps de vider le réfrigérateur et de placer toutes mes provisions dans un sac. J'en oublie de faire le tour du placard dans lequel je range les produits d'épicerie. Quand je m'en souviendrai, je me dirai que ce n'est pas bien grave puisque je reviens cet été. C'est plus ennuyeux de laisser ce genre de choses l'hiver.

A 5h20, nous quittons la maison. J'ai tout bouclé et nous prenons la route alors que le ciel devient de plus en plus clair au-dessus de la montagne. Aurai-je droit au premier rayon sur le volcan ? Pas sûre...

En arrivant à Antraigues, je jette un regard en direction du gîte d'Alexis. De la route, on ne peut le voir, mais mes pensées sont tournées vers lui. Est-il installé sur la terrasse ? Nous a-t-il entendus descendre la route ? Nous verra-t-il passer sur l'autre rive et longer le bas du village, avant de disparaître au premier virage ? Ou s'est-il recouché à peine rentré chez lui pour s'endormir comme une masse ?

**

Serge le sait bien. Quand je quitte Aizac, je n'aime pas parler. Je savoure autant que possible les premiers kilomètres, ceux qui m'éloignent irrémédiablement de mon chez moi. Et en ce petit matin doré, alors que la lumière gagne petit à petit dans la vallée de la Volane, qu'une très légère brume monte de la rivière, brume qui sera vite oubliée, j'ai encore plus de mal à partir que d'habitude.

Je laisse derrière moi non seulement ce que je considère comme ma maison, mon pays, mon village, mais aussi Alexis. Et si quitter les premiers est toujours douloureux, abandonner le dernier ne fait qu'accroître cette douleur.

Habituellement, je la cache dès que nous avons franchi le col de la Chavade, soit après une petite heure de route environ, et que je me plonge alors dans le travail, reprenant contact avec ma réalité professionnelle. Or cette fois, alors que nous quittons Lanarce, je ne ressens aucune envie d'ouvrir mon ordinateur portable ou mon téléphone. Je demeure songeuse, à regarder le petit matin sur le plateau, à chercher les différents sucs qui le parsèment, que ce soit en Haute-Loire ou en Ardèche. Nous y sommes encore, pour quelques kilomètres.

C'est seulement après avoir franchi le col du Rayol, que Serge sort de son propre silence :

- Est-ce que ça va, Mademoiselle ?

- Heu, oui, Serge, ça va. Pardon, je ne suis pas bavarde, ce matin.

- Je vois cela, fait-il avec un petit sourire.

- Cela fait bien longtemps que je n'étais venue au printemps, poursuis-je.

- Et cela donne envie de rester encore plus ?

- Oui. J'aimerais vraiment pouvoir rester plus longtemps.

- Je comprends, dit-il. Peut-être qu'un jour, vous le pourrez.

- Cela signifierait beaucoup de changements. Et des choix.

- Je suis certain que vous serez capable de les faire, me dit-il. Vous l'avez déjà prouvé.

Je hoche la tête, mais n'ajoute rien. Après un petit moment de silence, je lui dis :

- Je vous relaie jusqu'à Clermont quand vous voudrez, Serge. Je travaillerai après le péage seulement.

- Très bien, Mademoiselle.

Après une autre petite heure de route et avant d'arriver à Brioude, nous nous arrêtons dans un café, dans un de ces jolis villages traversés par la Nationale. Ils vivotent encore et à chaque fois que je passe par ici, je me pose la question : "Qu'avons-nous fait de nos campagnes ? De nos petits villages ?" Et je me demande comment redonner vie à tout cela, qu'est-ce qui pourrait inverser la tendance ?

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