Chapitre 27
Alexis
Depuis ma première entrevue avec le maire, je n'ai pas chômé. Après la visite du cabinet médical flambant neuf ou presque - disons plutôt inutilisé, je rencontre plusieurs élus, l'infirmière, le pharmacien, l'ancien médecin qui est prêt à s'entretenir avec moi sur le cas de quelques patients. Puis avec François, nous insistons auprès de l'ARS pour avoir un rendez-vous. Courant novembre, nous propose-t-on. Nous en restons hallucinés. Il me dit : "Je vais faire intervenir la députée. Le temps qu'ils décident de débloquer le dossier, à ce rythme, tu ne seras pas installé avant l'été prochain."
Ah oui, le maire aussi me tutoie.
Je prends également contact avec l'Ordre des médecins pour les démarches d'enregistrement. Je m'attends à plus de difficulté de ce côté, car je les sais très frileux et conservateurs. Ils ont freiné des quatre fers durant des années pour limiter la formation des médecins et voilà où nous en sommes : les déserts médicaux pullulent, l'hôpital public est au bord de l'asphyxie. Et la population trinque. Mais là, l'Ordre est sérieusement sur la sellette et un cas difficile en moins, c'est bon pour leur image. Je peste en moi-même contre ces médecins devenus de parfaits comptables.
Pour finir, je passe plusieurs heures à la mairie, à utiliser l'ordinateur de la secrétaire durant un après-midi alors que les services sont fermés au public, pour remplir mon dossier et faire enregistrer mes états de service. En espérant être reconnu comme praticien indépendant et pouvoir exercer en tant que généraliste.
Ensuite, je commence à me renseigner pour le matériel. Je n'avais jamais fait cela avant. Il me faut aller par deux fois à Montélimar et je parviens à vaincre ma nouvelle "maladie", l'agoraphobie. Là, je me rends dans un magasin spécialisé en matériel médical. J'y rencontre une employée charmante et de bon conseil. Avec elle, je dresse la liste de ce dont j'aurai besoin et elle me fait rapidement parvenir un devis détaillé. Bon, ce n'est pas une petite somme, mais le maire pense pouvoir obtenir une subvention qui pourrait couvrir une partie des frais. J'utiliserai l'argent que j'ai de côté pour le reste.
Tout mon temps n'est pas occupé par ces démarches et je peux quand même m'offrir la partie de pétanque quasi quotidienne et quelques belles randonnées. L'été se termine, la bascule des saisons s'annonce. Tout doucement, nous allons plonger dans l'automne. Layla m'avait indiqué le chemin à suivre pour faire la route des crêtes, mais je ne veux pas la faire sans elle, même si elle a été bien tentatrice en me disant que par une belle journée d'automne, c'était magnifique. En revanche, je fais plusieurs randonnées autour de Bise, de Génestelle et d'Antraigues, enchaînant les vallées et les sommets.
C'est ainsi que, par un après-midi de septembre, je me décide à appeler Bruno et Adèle pour leur donner des nouvelles. On est dimanche, j'espère ne pas les bousculer. C'est Bruno que je tente de joindre en premier, mais je tombe sur le répondeur. Adèle, elle, décroche dès la deuxième sonnerie.
- Alexis ?
- Salut, Adèle, vous allez bien ? Je ne vous dérange pas ?
- Non, pas du tout ! On est en balade au parc de Vincennes. Il fait très beau et c'est agréable. Et toi ?
- Je vais bien. Je ne suis pas en balade, mais j'ai fait une belle randonnée hier. Presque mille mètres de dénivelé.
- Combien ?
- Mille.
- Ah la vache ! Et c'était beau ?
- Superbe. Les couleurs d'automne commencent à apparaître, il fait doux, c'est très agréable. Et vous ? La rentrée ?
- Sur les chapeaux de roue, mais c'est bon, on a pris le rythme. Tu veux parler un peu avec Bruno ?
- Volontiers.
- La bise, Alexis. Continue à prendre soin de toi.
- Merci, Adèle. Embrasse Jules pour moi.
- Là, il est en train de pédaler sur son petit vélo. Il s'éclate !
Je souris. J'imagine bien le tableau de la petite famille heureuse qu'ils forment tous les trois. Quelques instants plus tard, c'est la voix de Bruno que j'entends :
- Alors, vieux ? Que deviens-tu ? Un peu plus et je te croyais enterré au fin fond des Gorges !
- Je ne suis pas du tout dans le coin des Gorges, Bruno.
- Ouais, tu me l'as dit. Bon, l'année prochaine, c'est sûr, on vient te voir. Tu y seras encore ?
- J'appelais justement pour vous annoncer la nouvelle.
- Tu restes là-bas ?
- Oui. Antraigues n'a plus de médecin généraliste depuis presque un an, ça fait deux ans que le maire remue ciel et terre pour trouver quelqu'un et personne ne s'est présenté. Je me plais ici. Je m'y sens bien. Les gens m'ont adopté et je crois que j'ai adopté les gens également. Alors voilà. J'ai lancé les premières démarches avec le maire. Là, on essaye de faire avancer le rendez-vous prévu avec l'ARS du coin, mais pour l'heure, la seule date qu'on ait, c'est mi-novembre.
- Putain, la vache ! Ce ne sont pas des rapides ! Cela se voit que t'es dans le sud...
- Tu sais, je ne serais pas étonné que ce soit pareil ailleurs.
- Tu as sans doute raison, soupire-t-il. Enfin, c'est une belle nouvelle. Tu verras, c'est chouette aussi d'être généraliste. Tu ne comptes pas tes heures, mais c'est moins crevant que l'hôpital. Et tu auras le temps de te consacrer à tes patients. Cela, c'est vraiment appréciable. C'est pour ça qu'on fait ce métier.
- Oui, dis-je simplement. Donc voilà. Ce n'est pas encore acté, on est dans les démarches, on attend la réponse de l'ARS, mais j'ai rempli le dossier de l'Ordre et avec le maire et les élus, on avance sur l'installation elle-même. Il y a une petite maison médicale, avec quatre cabinets dont un seul est occupé, celui de l'infirmière. J'ai donc le choix entre trois.
- Quatre ? Il voyait grand, le maire.
- Ils ont monté le projet avec les communes alentours. Ils espéraient faire venir un dentiste et un kiné... D'ailleurs, si jamais Adèle connaît quelqu'un qui veut venir bosser en milieu rural, dis-lui de faire passer l'info.
- Ok, je lui en parle. En tout cas, vieux, t'es enthousiaste ! Quand je pense qu'il a fallu qu'on te botte le cul pour y aller, en Ardèche, maintenant, tu ne veux plus la quitter ! T'as une copine, là-bas ? Faudra nous la présenter !
- Hé, Bruno, du calme. Mets pas la charrue avant les bœufs. Je m'occupe du boulot d'abord.
- Ouais, c'est ça... Cache ton jeu, Alexis ! J'te connais comme si t'étais mon frère. A mon avis, il y a une belette dans le coin qui te fait de l'œil.
Je n'ai pas le temps de répondre, sauvé par Jules qui est parti trop loin et que sa mère peine à rattraper. Bruno en lâche le téléphone, c'est Adèle qui le reprend pour me saluer :
- Bruno te fait la bise, Alexis ! Jules est un vrai champion ! J'ai beau lui dire d'aller moins vite, il ne m'a pas écoutée !
- Ah ça...
- Tu racontais quoi, à Bruno ?
- Il te donnera les détails, faut d'abord que vous récupériez votre loustic, mais en deux mots, j'ai une opportunité de m'installer comme généraliste à Antraigues, voilà. Au mieux, en début d'année prochaine, si les dossiers avancent bien auprès des administrations soi-disant compétentes. Sinon, j'espère au plus tard avant l'été.
- Wahou ! Ca, c'est de la nouvelle ! Bon, je vais cuisiner Bruno quand il aura récupéré Jules !
- Il a toutes les infos, souris-je. Je vous fais la bise ! Terminez bien votre balade, moi je vais rejoindre mes champions de la pétanque !
Nous raccrochons et je demeure un instant à contempler la vue. Oui, Bruno a bien raison : il a vraiment fallu me pousser pour venir ici. Mais désormais, je n'ai aucune raison d'en partir. Enfin, si, une seule : pour aller voir Layla à Paris.
**
Les douces températures de cette fin septembre me permettent encore de dîner sur la terrasse. Je me doute que cela ne va pas durer, alors j'en profite autant que possible. Le matin, déjà, je prends le petit déjeuner dans la maison. J'ai renouvelé mon bail auprès de Monsieur Duras, sans l'informer encore qu'il est possible qu'à la fin de l'année, je loue directement pour une année complète.
En pensant à cela, il va falloir que je remonte à Créteil un de ces jours, pour m'occuper de mon appartement. Mon père m'avait incité à l'acheter, dès que j'avais commencé à travailler. J'ai encore un crédit important sur le dos, mais il est bien situé, dans un quartier agréable de la ville, pas du tout dans la partie "craignos" de Créteil. Les prix ont grimpé, peut-être un peu moins vite qu'à Saint-Maur, Joinville ou Vincennes, mais je devrais pouvoir faire une petite plus-value. Pas des cent et des mille, mais de quoi voir venir sans trop toucher à l'héritage de papa. Histoire de ne pas être bousculé et d'envisager peut-être, dans quelques temps, quelque chose ici. Mais pas question de mener plusieurs projets à la fois. Et le gîte est très bien placé : je peux même aller à pied au cabinet médical, même si je prendrai certainement la voiture, pour pouvoir me rendre plus facilement auprès d'un patient. Je n'ai pas encore réfléchi à la façon dont s'organiseraient mes journées. Il y a d'autres priorités à voir avant.
Après le dîner, j'appelle Layla. C'est, avec le samedi, sa journée de détente. Sa voix, heureuse, me comble de joie dès les premiers mots :
- Alexis ! Ca va ?
- Oui, bien. Et toi ?
- Ca va. J'ai passé une bonne journée. Qu'as-tu fait de ton côté ?
- Un petit tour au marché de Vals ce matin, retour au gîte. Sieste. Puis j'ai appelé mes amis, Bruno et Adèle, pour prendre des nouvelles et leur annoncer mon intention de m'installer ici.
- Et alors ?
- Surpris, mais contents. Enfin, ils étaient en balade avec leur petit garçon, on n'a pas pu parler très longtemps, mais voilà, ils sont au courant. Ensuite, j'ai rejoint les champions. Ils vont bien.
- J'en suis contente.
- Ils m'ont demandé de tes nouvelles. Je leur ai dit que ça allait. Et j'ai vu Mariette aussi, elle te passe le bonjour.
Je l'entends qui sourit.
- Quel est ton programme pour demain ?
- Je n'ai pas décidé encore. J'ai bien marché hier, toute la journée. Je pense randonner à nouveau, mais pas aussi longtemps. Peut-être la balade dont tu m'avais parlé à Saint-Andéol-de-Vals.
- Elle est chouette. Si tu n'as pas le courage, tu fais juste la première boucle. Mais si tu fais la deuxième en plus, je te conseille de revenir par le même chemin qu'à l'aller, pour le retour à Saint-Andéol : tu resteras ainsi sur le sentier de randonnée, alors que si tu fais la boucle au complet, elle te fait prendre la route sur une bonne distance. La vue est jolie, car tu peux voir une bonne partie de la plaine d'Aubenas, mais c'est moins agréable de marcher longtemps sur le bitume.
- Ok. Je verrai.
- Tu ne comptes pas faire la route des crêtes ?
- Je préférerais la faire avec toi.
Elle demeure silencieuse quelques secondes, puis dit :
- Tu me manques, Alexis.
- Toi aussi, réussis-je à répondre alors que mon cœur se serre.
- Cette semaine, je vais aborder mon projet de relocalisation avec Laurent. Jusqu'à présent, on avait d'autres dossiers à gérer, je ne voulais pas lancer plusieurs choses à la fois. J'espère pouvoir revenir passer quelques jours à Antraigues cet automne, pour accompagner la personne à laquelle on confiera l'étude de faisabilité. Mais je ne sais pas quand encore. Et je serai occupée dans la journée avec lui ou elle, pour lui montrer les lieux, discuter, etc...
- Oui, bien sûr. Tu sais... Il va falloir que je monte à Créteil moi aussi. Il faut que je m'occupe de mes affaires. Enfin, pour l'instant, je préfère ne pas mettre mon appartement en vente, ne sachant pas ce que ça va donner ici. On ne sait jamais.
- Oui, il vaut mieux que tu sois prudent. Tant que tu n'as pas les autorisations nécessaires pour t'installer, c'est préférable de le garder.
- Néanmoins, il va falloir que j'aille chercher des affaires. Je suis parti avec juste des fringues pour la belle saison. Je survis encore, mais bon. Mes shorts et pantalons de toile ne conviendront bientôt plus.
- Ce serait le comble que tu tombes malade ! rit-elle.
- Ouais. Un burn out pour un médecin, ça suffit. Un rhume, ça m'achèverait, ris-je en retour. Donc voilà, je vais certainement venir bientôt sur Paris. Mais là, comme on espère faire avancer le rendez-vous avec l'ARS, François et moi, j'attends d'avoir une date sûre avant de monter à la capitale.
- D'accord. Tu viendras me voir ?
- Seulement si tu m'invites.
- Idiot ! Je te fermerai sûrement la porte.
- Je vais venir avec un sésame.
- Ah oui ? Lequel ?
- Une pogne toute fraîche, un pot de confiture de myrtille et...
- Stop ! Porte ouverte. Pas besoin d'ajouter le fromage et le saucisson.
- Je les laisserai sur le paillasson, alors ?
- Pour que le chien de la voisine s'en régale ? T'es fou ! En revanche, il manque un élément important à ton sésame.
- Lequel ?
- Toi.
- Je serai bel et bien là. Et je suis content de ne pas rester sur le palier.
Layla
- Tu voulais me voir, Layla ?
- Oui, Laurent. J'ai à te parler d'une idée importante à mes yeux.
- Ok, je t'écoute, dit-il en prenant place dans le fauteuil face à moi.
J'attends quelques secondes, croise les mains sur mon bureau.
- Indirectement, nous allons reparler du Brésil.
Il ouvre grand les yeux :
- Je croyais...
Je l'arrête d'un geste :
- Indirectement. Je n'ai pas changé d'avis à ce sujet, mon "non" était ferme et définitif. En revanche, nous avions prévu un investissement, de l'argent a été mis de côté. Et j'ai réfléchi à ce que nous pourrions en faire. Certes, nous allons accélérer l'élaboration des produits de la gamme biologique, et aussi favoriser leur commercialisation. Mais tout l'argent provisionné pour le Brésil ne sera pas utilisé dans ce projet, loin de là. J'envisage donc autre chose et il va falloir trouver une personne intéressée pour mener une étude.
- Il y a quelques candidats potentiels... commence-t-il. Mais d'abord, dis-m'en plus concernant ce projet.
- Tu as autant conscience que moi que l'âge d'or que nous connaissons actuellement et ce, malgré les difficultés, la concurrence, les charges, la réglementation... bref, que cet âge d'or va prendre fin. D'ici trente ans maximum, les réserves en énergies fossiles vont fondre, devenir plus rares. Il faut anticiper dès maintenant, pour se préparer au mieux. Nous ne sommes pas une industrie "vitale", mais l'hygiène reste un secteur porteur. Les gens auront toujours besoin de se laver et pas seulement en fabriquant leur propre savonnette dans un coin de leur cuisine !
Il hoche la tête, attend de voir où je veux en venir.
- Dans cette perspective, je pense qu'il va être nécessaire de concentrer notre activité et de relocaliser notre production.
- Nous produisons déjà en France, Layla ! Tu veux disséminer des usines pour être au plus près des clients ?
- Non, pas du tout. Du moins, pas dans un premier temps. Peut-être qu'il faudra réduire nos marchés, peut-être qu'il faudra effectivement envisager des unités de production partout sur le territoire. Mais d'abord, je voudrais relocaliser en France la production des emballages. Du moins, voir si c'est possible.
- Ton père avait fait le contraire...
- Papa avait fait des choix drastiques, mais j'en conviens, nécessaires aussi. Il aurait fallu réinvestir et moderniser nos usines de production d'emballages. Il a choisi la délocalisation pour le coût moindre de production, la réglementation moins stricte. Mais demain, quand il faudra faire convoyer des matières premières, puis ramener ici les emballages, pour faire repartir les produits a minima en Europe, cela va nous coûter très cher. Si jamais on en venait à vivre une situation de rationnement où les dernières réserves de pétrole seraient orientées vers les pôles vitaux de l'économie, nous pourrions dire adieu à nos usines thaïlandaise et turque.
- Je suis d'accord avec ce raisonnement.
- Sans compter que d'ici là, les prix de l'énergie vont monter. Alors certes, cela peut coûter plus cher de fabriquer les emballages en France, mais je pense que très vite, nous serions gagnants.
- Et où voudrais-tu réaliser cette production ?
- Là où se trouvent déjà des usines. En Ardèche.
Il me fixe un moment, demeure silencieux. Puis baisse les yeux, croise les mains et se plonge en pleine réflexion. Je ne dis rien, le laisse organiser ses pensées. Puis il se redresse et dit :
- Il faudra tout reprendre là-bas. Mettre aux normes, racheter des machines, embaucher, former.
- De même si on le fait à un autre endroit. A la différence près que nous pourrions faire fabriquer une partie de la gamme biologique à Ucel. Directement à partir de l'eau des sources, en réduisant au maximum le transport d'une partie de la matière première.
- Parce qu'en plus, tu veux relancer la production là-bas ? Pas seulement les emballages ?
- Ca peut être une perspective. Il faut tout étudier. Tu as quelqu'un qui pourrait se pencher sur l'affaire ?
- Je vais y réfléchir et je t'en reparle d'ici demain. Mais oui, je pense déjà potentiellement à deux ou trois personnes.
- Parfait.
Il se lève, je fais de même pour le raccompagner. Alors qu'il pose la main sur la poignée de la porte, il se retourne vers moi et me dit :
- Layla, je suis d'accord avec tous tes arguments. Il est clair qu'il faut anticiper et que nous ne sommes plus dans la situation dans laquelle s'est trouvé ton père, quand il a choisi de fermer les usines ardéchoises. Je connais aussi ton attachement à ta région natale et je suis certain que, dans un coin de ta tête, depuis que tu as succédé à ton père, tu gardes l'espoir de relancer au moins une des usines. Mais dis-moi, y a-t-il une autre raison ? Plus personnelle ?
Je le fixe droit dans les yeux. La raison personnelle s'appelle Alexis.
- Oui.
Il me sourit. Sa main abandonne la poignée et vient se poser sur mon épaule :
- J'en suis heureux pour toi. Tu m'en diras plus quand le moment sera venu.
J'acquiesce simplement et dis :
- Merci de réfléchir à cette idée, Laurent. Et si tu la trouves viable, de m'aider à la défendre.
- Pas de soucis. Bonne fin d'après-midi.
- Pour toi aussi.
Et il quitte le bureau.
Une fois la porte fermée, je fais quelques pas, m'arrête devant les fenêtres et fixe sans les voir les autres tours impersonnelles du quartier. Pour une fois, le ciel parisien n'est pas voilé et un doux soleil d'automne brille, apportant une lumière plus chaleureuse. Je ferme les yeux, me revois dans le bureau de mon grand-père, à Ucel. J'imagine l'activité dans la cour, comme dans celle de l'usine de Labégude.
Et je me vois, debout sur la terrasse le soir, alors que le soleil rasant vient caresser la montagne.
Les bras d'Alexis autour de moi.
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