Chapitre 103
Layla
La semaine passe assez vite, se déroulant comme je l'avais pressenti. Je promène mes "beaux-parents" selon le programme prévu, sauf le mercredi où ils préfèrent rester à Antraigues, pour visiter le musée et se promener dans les ruelles. J'en profite pour demeurer à la maison et pour souffler un peu : demain et vendredi, je dois me rendre à Ucel et Labégude, pour le suivi des chantiers. Maïwenn et Alban étant sur place, ils m'adressent régulièrement un compte-rendu. Etant seule ce jour-là et avant qu'Alexis ne vienne me rejoindre pour déjeuner - mes "beaux-parents" ayant opté pour un repas à "La Montagne", je m'installe durant une petite heure devant mon ordinateur pour lire mon courrier, contacter Laurent et la direction à Libourne, et quelques autres menues tâches.
L'après-midi, je m'installe sur la terrasse avec un livre, puis je prépare le repas. Alexis m'a dit de ne pas me compliquer la vie et j'ai vite compris qu'il ne servait à rien de se lancer dans de la grande gastronomie : grillades et salades contentent tout le monde.
La soirée se passe agréablement, même si je sens qu'Alexis est un peu à la peine pour trouver des sujets de conversation. Hans et Marie-Claire ne s'attardent d'ailleurs pas et nous demeurons encore un petit moment, tous les deux, à profiter d'une douce soirée.
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Le lendemain, changement de rythme et de monde pour moi : je replonge dans la vie de mon entreprise et plus particulièrement dans le suivi du chantier. A Ucel, les choses ont bien avancé. Les travaux sont terminés dans l'atelier et dans l'entrepôt. Les peintres s'activent aux finitions dans les futurs bureaux. Seuls les plombiers et électriciens sont encore sur place pour achever leur travail dans le réfectoire et la salle de repos, avant que les peintres n'occupent à leur tour ces deux espaces.
Avec Louis Grévin, Maïwenn, Alban et les artisans, nous faisons le tour des lieux. En deux semaines, ils ont bien avancé et nous allons pouvoir tenir nos délais : comme nous l'avions envisagé - avec cependant deux semaines de marge -, les machines vont pouvoir être installées dans l'atelier à partir du 13 mai. Entre cette phase et celle des tests, la chaîne devrait pouvoir être opérationnelle dès la fin juin, même si elle ne sera mise en route officiellement qu'au mois de septembre.
L'après-midi, même topo pour le suivi du chantier cette fois à Labégude. Les travaux y sont moins avancés : d'une part, ils ont commencé avec un léger décalage et ensuite, ils sont de plus grande envergure. Si les maçons en ont terminé depuis un bon mois dans les ateliers, ils viennent tout juste d'achever leur intervention dans l'entrepôt et n'ont pas encore commencé dans les bureaux, ni dans le réfectoire et autres salles administratives et sociales. Mais la phase de démolition est achevée. Il fallait en effet retirer certains éléments pour permettre une restauration de qualité.
De ce que nous pouvons estimer à ce stade, tant les uns que les autres, c'est que le chantier pourra être achevé comme prévu fin juin ou début juillet. Ce qui permettra l'installation et la phase de test des machines cet été. L'activité pourra donc démarrer là aussi en septembre ou octobre, même si nous nous gardons pour le moment une marge entre le début et la fin du mois, l'idéal étant cependant de faire repartir les deux usines quasiment aux mêmes dates pour que l'emballage des produits de luxe puisse suivre leur fabrication.
Le vendredi se déroule une réunion avec les élus, mais surtout une rencontre avec les responsables de Pôle Emploi et des deux établissements pour handicapés. Jean-Philippe, le responsable du service RH, et son adjointe sont présents et nous pouvons faire le point sur la première phase de recrutement, ainsi que sur l'organisation du plan de formation.
Je ressens une petite pointe d'émotion en lisant les noms de quelques personnes, les premières inscrites pour le plan de formation. Parmi elles se trouvent un ancien camarade d'école, du temps où j'étais élève à Aizac, la fille d'une des coiffeuses de Vals, ainsi que quelques autres noms qui ne me sont pas inconnus.
Alexis
- Merci de ton accueil, Layla. Merci pour cette semaine à vous deux.
Maman nous salue dans le petit matin, avant de prendre la route pour Lyon, alors que nous-mêmes nous nous apprêtons à partir pour Montussan pour y passer le long week-end du 1er mai. Avec les deux jours que je viens de prendre, cela me fait une petite semaine de congés, bienvenue pour couper un peu avant l'été.
La semaine avec ma mère et Hans s'achève. Elle s'est bien passée, mais j'avoue sans honte que je suis bien content d'en voir le bout. Nos centres d'intérêt sont toujours aussi éloignés et même si leur séjour leur a plu, je ne crois pas qu'ils aient eu le coup de cœur pour l'Ardèche. Ils se sont prêtés poliment au jeu des visites, sans manifester un intérêt plus que superficiel.
Nous avons cependant passé une agréable dernière soirée avec eux. Pour nous remercier de l'accueil, ils nous avaient invités dans un des bons restaurants de Vals.
- Merci, Layla et Alexis, dit Hans à son tour. Bon courage pour le chantier, ajoute-t-il.
- Merci, dit Layla avec un grand sourire. Faites bonne route et bon vol !
Je serre la main de Hans, embrasse ma mère avant qu'ils ne montent en voiture. Un dernier geste de la main et les voilà qui s'éloignent. Je suis la voiture du regard, jusqu'au premier virage. Les doigts de Layla viennent enlacer les miens, je me tourne vers elle. Elle me sourit doucement, puis vient se nicher dans mes bras. Je l'enlace avec tendresse avant de l'embrasser.
- Bien, dis-je. A nous de partir, maintenant. On fait un dernier petit tour de la maison ?
Une demi-heure plus tard, après les vérifications d'usage, nous quittons les Auches à notre tour.
Le séjour à Montussan se passe bien. Le repas familial pour marquer les anniversaires se déroule le dimanche midi, puis nous profitons de ces deux jours de congés pour faire de jolies balades, notamment le long de la vallée de la Dordogne. Je repars le mercredi pour Antraigues alors que Layla demeure à Montussan, avec en tête l'objectif de se rendre à l'usine de Libourne et d'y tenir les réunions mensuelles habituelles.
Le 7 mai, Serge la reconduit à Aizac pour y passer un nouveau week-end prolongé. Elle est ainsi sur place le 13 mai pour l'arrivée des machines et ne repart pour Paris que le 15. C'est une nouvelle étape importante qui se dessine pour le redémarrage de l'entreprise. Après l'étude, après le chantier, on entre dans le concret de la réindustrialisation : l'équipement.
Au cours de ce mois de mai - et je devrais même dire au cours de ce printemps -, Layla est beaucoup en Ardèche. Entre quelques jours de vacances, les ponts, le suivi du chantier... Elle ne passe en tout et pour tout qu'une dizaine de jours à Paris. J'ai quasiment le sentiment de la voir tout le temps. Et cela nous rend heureux.
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