Un mystérieux collier
Peu après, Rabirius gagna le laboratoire où étaient entreposés les indices et autres objets récupérés lors d’enquêtes. Il y fut accueilli par un homme en blouse blanche auquel il montra son autorisation d’investigation.
— Puis-je avoir accès aux objets recueillis pour l’affaire Domitius Varro, demanda-t-il.
Obtempérant, le laborantin l’invita à le suivre dans une salle dans laquelle étaient alignées de hautes rangées de tiroirs. Il en ouvrit un et sortit plusieurs sachets en plastique qu’il disposa sur une table. L’homme à la blouse blanche en ouvrit un et montra à Rabirius un poignard aux couleurs dorées.
— Voici l’arme qu’a utilisé la dénommée Kleopatra pour commettre son crime, présenta-t-il, une réplique de poignard égyptien datant de la XXIXe dynastie comme en utilisaient les soldats de l’armée du pharaon...
— Merci, je ne demandais pas tant de précision, répondit Rabrius, savez-vous où Kleopatra a pu se procurer une telle arme ?
— Oh, quand on étudie les différentes manières dont sont commis les homicides, on s’intéresse autant aux armes actuelles qu’aux anciennes, car c’est une habitude qu’ont pris les hommes de s’entretuer depuis que les dieux les ont...
— Merci, abrégez !
Coupé dans son emphase, le laborantin reprit :
— Cette réplique était accrochée au mur au-dessus du lit où Domitius Varro couchait avec son esclave. Une réplique finement travaillée achetée par Servia Valeria Caria, la femme de Domitius Varro, qui le lui avait offert à l’occasion d’une de ses fêtes. Kleopatra s’est emparé du poignard pendant leurs ébats, et l’a enfoncé dans le coeur de son maître. Elle s’est acharnée à frapper à plusieurs reprises le même endroit comme si la rage l’avait gagnée jusqu’à ce que le Bacchus des médias meurt.
— Pour vous, il ne fait donc aucun doute que c’est Kleopatra qui aurait tué son maître avec ce poignard ?
— Les empreintes de doigts ne mentent jamais, inquisitor ! Il n’y a que celles de cette esclave d’origine égyptienne que l’on a retrouvé sur le manche de l’arme du crime.
— Bien merci, répondit Rabirius déçu.
Il réfléchit un instant.
— Auriez-vous dans votre collection d’indices le collier que Kleopatra portait sur elle lors de son arrestation ?
Sans plus attendre, le laborantin rangea le poignard dans son sachet en plastique, en ouvrit un autre et en sortit un collier pectoral composé de lignes horizontales de couleurs vives et dorées. Il le tendit à Rabirius qui le prit et l’observa sous différents angles.
— Avez-vous remarqué des choses étranges sur ce bijou?
— Pas le moins du monde. Il a été mis autour du cou de Kleopatra par son maître, les empreintes de doigts et la légère trace autour de la gorge de l’esclave le confirment. Elle a prétendu que directement après l'avoir eu autour du cou, elle ne s'est plus rappelée de rien jusqu’à ce qu’elle se rende compte peu après qu’elle avait le poignard en main.
— Justement, je me demandais s’il était possible que ce collier ait eu un quelconque effet sur elle et son esprit comme les implants cérébraux que possèdent tous les esclaves.
— La seule chose dont sont capables ces implants, c’est de lancer une décharge neuronale afin de les endormir ou d'infliger des maux de têtes en cas de désobéissance.
— Dans ce cas, on peut supposer que quelqu’un aurait pu endormir Kleopatra et en profiter pour assassiner Domitius Varro. Après cela, l’assassin a pu tout mettre en place afin que ce soit son esclave qui soit accusée, vu que son statut et ses origines faisaient d’elle la coupable idéale.
— Pour imaginer cela, vous faites bien preuve de beaucoup d’imagination, inquisitor. Or il y a plusieurs choses qui peuvent invalider votre théorie. Primo, les seuls à détenir la télécommande pour lancer une décharge dans le cerveau de Kleopatra ne sont autres que son maître ou sa femme. Or, Domitius Varro l’avait à côté de lui lors du meurtre. Secundo, n’oubliez pas qu’avec vos puces de naissance, il est possible de savoir qui est entré dans la chambre à l’aide d’une carte virtuelle. Et à l’heure du crime, personne n’était entré dans la pièce secrète du Bacchus des médias !
— Vous en êtes sûr ? J’aimerai tout de même avoir accès à cette carte et vérifier par moi-même.
— Je crains que vous perdiez votre temps mais je vais vous donner le moyen d’y accéder. Si vous avez terminé ici, vous pouvez ranger ce collier, je vous prie.
— Vous permettez juste un petit instant, il y a quelque chose qui m’intrigue sur ce bijou.
Il déposa le collier sur la table la plus proche et le retourna. A l’arrière étaient inscrites deux ligne de hiéroglyphes, tous dans une couleur rouge très sombre. Rabirius prit ensuite son volumen électronique et captura une image des hiéroglyphes désormais enregistrés dans son appareil.
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