X est atteint d’Alzheimer. La plupart du temps, ses souvenirs d'avant sont noyés dans un épais et brumeux nuage, mais il y a des moments de lucidité, celui là en est un.

Raconte les souvenirs remontant, et la sensation de détresse (éventuelle) que peut ressentir X.

Libre choix d’un homme ou d’une femme pour ce défi.

***

Abigail me regardait avec un sourire quelque peu fade, comme éphémère, une lueur étrange dans les yeux. Quelques rides profondes avaient creusé son visage, pourtant si beau dans mes souvenirs, marquant le coin de ses yeux, ses lèvres, son front. Quelques cheveux gris aussi paraissaient dans sa chevelure d’un doux blond, chose dont je ne gardais pas non plus le souvenir. Pourtant me semblait-il l’avoir entendu m’annoncer hier l’obtention de son diplôme…

Un rayon de soleil traversa l’épaisseur émeraude des branchages du chêne sous lequel j’étais installée. Levant les yeux en sa direction, je fermai un instant les paupières et offris mon visage à cette chaleur bienvenue puis, rouvrant les yeux, j’admirais l’éclat de la lumière dans les rameaux, transperçant les feuilles de tout son éclat.

« Maman ? »

Baissant les yeux, je laissai mon regard vagabonder alentour, survolant un banc où une jeune femme, accompagnée de deux enfants, venaient semblait-il rendre visite à son père, d’un âge plus qu’avancé. Un froissement tinta à mon oreille, me faisant tourner la tête en sa direction. Une femme s’éloignait d’un pas lent, presque douloureux, comme si quelque peine martyrisait son corps. Le soleil, brillant en ce jour, miroitait dans sa chevelure d’un blond tendre parsemé ici et là de mèches grises.

Je la regardai s’éloigner avec curiosité, intriguée par la démarche qui était la sienne. Vaguement me parut-elle familière, sans que je parvins à me rappeler où j’avais pu la voir. Peut-être l’avais-je simplement croisée un jour, alors qu’elle-même venait rendre visite à un membre de sa famille, telle que cette autre jeune femme et ses enfants. Elle se retourna un instant juste avant de quitter le jardin et planta ses yeux dans les miens, son regard tombant, larmoyant. Elle avait l’air triste.

Pourtant, c’était une belle journée d’été.