Chapitre 21 – la jeunesse de Marc
### Marc ###
Comme on n’avait pas envie de faire la cuisine ce soir, Corina me proposait d’aller manger au restaurant. Ainsi on gardait l’approvisionnement pour les deux jours suivants au moins ; au besoin on achètera demain matin des légumes frais et des saucisses pour compléter nos réserves.
À Linaria, Panos m’avait recommandé un restaurant où on servait des langoustes spaghettis fameuses, nous prîmes en entrée une salade grecque pour deux et une bouteille de vin Makedonikos blanc.
Le repas fut succulent et Corina me suggéra de prendre des Baklavas (dessert au miel) pour finir. On aurait encore bien traîné les yeux dans les yeux au restaurant avec une deuxième bouteille de vin, mais je proposais de la boire à bord. Avant de partir, j’en avais mis une dans le frigo, elle serait donc bien fraîche.
Arrivés à bord, Corina déboucha la bouteille et vint se blottir dans mes bras.
– Tu m’as promis de me raconter ta jeunesse et ton adolescence, car finalement je connais peu de toi. Je connais de ton histoire que l’accident de tes parents et ton mariage avec Annie. Mais qui étais-tu Marc quand tu étais petit garçon et adolescent ?
– Oh Corina ma vie était bien ordonnée, mes parents voyageaient énormément et donc ils me placèrent comme interne dans une école privée suisse près de Lausanne. J’étais un enfant studieux, j’obtenais de bons résultats et mes parents venaient régulièrement me rendre visite. J’adorais maman qui me disait fréquemment que plus tard je voyagerais avec eux pour reprendre les affaires. Mes parents ont toujours été fiers de moi et m’aimaient tendrement même si leur présence me manquait. Toutes mes études étaient motivées par le but de leur succéder. J’appris le français, l’anglais, l’allemand et l’italien. J’adorais l’histoire et l’économie. Durant mes études supérieures j’ajoutais encore l’espagnol sur les conseils de mon père. Les filles me courraient après et je les trouvais pratiques pour exercer mes connaissances des langues.
– Et tu parles encore toutes ces langues ?
– Oui Corina, beaucoup de filles flirtaient avec moi, car la plupart venaient en Suisse pour suivre ces cours extrêmement chers uniquement pour y trouver un mari et j’étais une cible de choix. Au collège/lycée j’aimais leur chasse au mari et me prêtais souvent à leurs approches encore innocentes. Après nos 18 ans, certaines n’hésitaient pas à me proposer des caresses intimes mutuelles sans aller jusqu'au rapport, à l’époque le « petting » (pelotage) était à la mode et elles en abusaient. Mais durant l’université pour obtenir mon MBA, j’étais toujours logé comme interne et je courtisais une copine italienne qui m’a dépucelé. Avec elle, j’ai appris l’italien amoureux ! Elle était d’un tempérament volcanique et s’appelait Regina mais je l’appelais Etna comme le volcan. Elle était interne comme moi mais il n’y avait aucun contrôle entre les chambres des filles et des garçons. Fréquemment elle venait dans ma chambre pour obtenir de la jouissance et c’est elle qui m’apprit l’usage du condom. Elle ne m’aimait pas mais trouvait que je baisais bien. Elle m’a dit lors de nos premiers rapports que ses parents l’avaient promise à un riche armateur italien et elle profitait de son indépendance en attendant. Elle avait couru après de nombreux garçons au début, mais assez vite elle m’accorda l’exclusivité de sa relation. Ses parents ignoraient notre relation intime et me considéraient comme un camarade de classe. Peut-être étaient-ils tolérants vis-à-vis de moi sachant qu’elle était promise et qu’elle accepta ce contrat. Ils avaient un joli voilier et son père m’apprit les rudiments de la navigation à voile. Plus tard nous naviguions souvent sans ses parents et on dormait ensemble à bord sans que ses parents le sachent.
– Tu la vois encore ?
– Oui, je l’ai revue à l’enterrement de mes parents, elle venait de se marier avec son armateur et était couverte de bijoux. Elle m’a murmuré à l’oreille ses condoléances et une proposition directe de coucher avec elle car son mari « ne savait pas baiser comme moi ». Mais je déclinais son offre car j’étais bouleversé par le décès brutal de mes parents. Et depuis lors, je reçois encore des cartes postales à mon anniversaire et à la nouvelle année ! Je n’ai jamais songé à la recontacter.
– Elle était belle ?
– Une fille assez ordinaire physiquement mais comme je l’ai dit avec un tempérament de feu. Nos nuits étaient épuisantes surtout en période d’examens où elle évacuait son stress en me faisant l’amour. Mais j’ai toujours réussi mes examens le lendemain !
– Tu sais ce qu’elle est devenue ?
– Oui, par les journaux people où on la voit alternativement au bras de son richissime mais ventripotent mari ou des jeunes gigolos profiteurs. D’après ces magazines, elle mène une vie assez dissolue, faisant l’objet de nombreux scandales dont les Italiens sont friands. De nombreuses fois on la voit sur la plage ou sur des bateaux luxueux en monokini dans les bras de beaux mâles célèbres ou pas. Après mes études et avant son mariage, j’ai fait l’objet de quelques reportages photos en sa compagnie mais mes parents m’ont gentiment demandé de sortir de son environnement, j’étais totalement d’accord avec eux. Je ne tenais pas à cette publicité et mes parents non plus. J’ai souvent cru que son mariage ne tiendrait pas longtemps, mais jusqu’à présent elle est toujours mariée à son armateur. Elle ne m’a jamais dit lorsqu’on se côtoyait quels étaient les fondements de ce contrat. L’argent certainement, les deux familles sont réputées très fortunées, l’amour certainement pas, elle était fille unique ; peut-être sa famille voulait un gestionnaire avisé de sa fortune après la disparition de ses parents qui sont malades ? Mes sentiments pour elle sont éteints depuis très longtemps. C’était un épisode très amusant mais rétrospectivement je n’en suis pas très fier.
– Et puis tu as rencontré Annie…
– Oui, mais cet épisode-là, je l’ai rangé dans la case « oubli » !
– Viens mon capitaine, la journée a été épuisante, dormons !
***
Ma montre réveil ne devait pas sonner ce matin car les cris des mouettes et l’arrivée du premier ferry m’avaient déjà fait émerger. Corina dormait encore, je pouvais l’admirer à mon aise sans la perturber. Elle était nue dans sa position habituelle d’étoile de mer, sa peau de rousse avait quand même pris une teinte légèrement bronzée, comme elle s’était souvent exposée topless ses seins étaient admirables mais juste la marque du slip de maillot indiquait qu’elle n’avait pas souvent fait du bronzage intégral.
Je mis ma bouche sur sa cuisse pour l’embrasser et je sentis sa main appuyer sur ma tête.
– Bonjour mon capitaine ! C’est pour me réveiller ou pour jouer ?
– Les deux, moussaillon ! Tu es belle !
– Mais toi aussi capitaine tu es beau comme un dieu grec !
– Alors on va déjeuner, faire quelques courses d’approvisionnement et on dégage !
### Corina ###
Dans l’heure qui suivit on avait bu notre café avec des croissants, achetés des légumes frais et des saucisses et largué les amarres ; direction le golfe de Petalion.
Très exceptionnellement le vent avait forci pendant la nuit et Marc installait la grand-voile pendant que je déroulais le génois. Le Zéphyr heureux pris de la vitesse en gîtant pour notre plus grand plaisir !
Du coup, pas question de bronzer ou de se câliner ; on était en configuration de régate et Marc me souriait plein de bonheur. Je retrouvais le chef de bord qui m’avait tant impressionné lors des sorties avec un des voiliers du club. Mais maintenant c’était son bateau et j’étais son unique équipière !
Une fois le voilier bien ajusté au vent, on filait une vitesse de 15 nœuds et je vins avec la crème solaire enduire les épaules de mon homme. J’aurais bien aimé le masser en dessous de la ceinture mais cette fois le sport était à la voile et pas au sexe !
Ce n’était pas le Meltem (vent d’été du nord en mer d’Égée) car on n’était qu’au mois de mai, cependant il en avait la force et Marc espérait qu’il allait tenir jusqu’à midi. Effectivement ce n’est qu’à l’approche du cap Ouest de l’île de l’Eubée que le vent mollit et que Marc descendit la grand-voile. On put encore continuer pendant quelques heures à la force du vent jusque dans le détroit de Doro où le vent devint quasi nul et avec regret on dut passer au moteur.
Du coup la navigation demandait moins d’attention et Marc me demandait de servir l’apéro et de préparer quelques sandwiches car on n’avait pas encore pris le repas de midi.
L’idée de Marc était de contourner le phare de Mandili par le Sud et puis de virer plein Ouest vers l’île de Megalo Petali. Au sud de cette île, il y avait une large baie dite de Vasiliko où on avait déjà été avec le club. On espérait y passer la nuit.
En s’approchant on vit qu’il y avait déjà un voilier ancré dans la baie et je suggérais à Marc de se mettre à distance mais Marc reconnut le voilier du club « Ocean Lord » (Odyssey 509 15m39 long) et décidait d’abord d’aller les saluer.
À notre grande surprise c’était Panos qui officiait comme chef de bord et du coup, il n’était plus question de s’isoler mais au contraire de s’amarrer à son bord. Dès qu’on était bord à bord je sautais dans les bras de Panos, qui fut heureux de nous voir en pleine forme.
Dès que l’amarrage était sécurisé, Marc vint aussi embrasser Panos et nous nous racontions notre périple depuis son départ de Skiathos en omettant l’épisode de Sofia mais avec force détails l’aventure avec les deux lesbiennes.
Panos me trouvait resplendissante et me demandait en aparté si j’étais heureuse ; je lui fis un grand sourire et acquiesçais sans retenue.
– Je suis heureux pour toi me dit-il, Marc est vraiment un gars chouette. Vous formez un bel équipage, je te promets qu’on naviguera encore ensemble mais pour cette croisière je n’ai pas pu me libérer. Ce petit tour de ce week-end était une promesse faite à Guy depuis longtemps. Il voulait naviguer avec moi. Le problème était que le club n’avait que « l’Ocean Lord » de disponible, vu la taille et la manœuvrabilité de ce bateau j’ai pris Antoine qui est un équipier fiable. Les filles m’ont été imposées par le club ; elles s’étaient inscrites depuis longtemps pour une sortie en mer de quelques jours et soit il n’y avait plus de place sur les autres bateaux soit (je penche pour cette hypothèse) aucun chef de bord ne les voulait toutes les trois ensemble, car elles créent facilement la zizanie à bord avec leurs coucheries !
L’équipage de « l’Ocean Lord » n’était pas très nombreux : ils étaient sept et ils avaient donc de la place en suffisance vu qu’il y avait douze couchages.
Panos était bien entouré, il y avait Guy et Antoine, deux Français résident à Athènes et quatre filles dont Sonia, Ingrid et Ève et une certaine Rose que je ne connaissais pas.
Je riais intérieurement car connaissant la tendance homo de Panos et l’inclinaison de Guy, il ne restait aux filles qu’un seul mâle hétéro à bord ! Cela devait être joli sachant que les 3 copines étaient de chauds lapins. C’étaient des filles peu compétentes en navigation mais par ouï-dire très expertes au lit !
Panos en était conscient et glissa dans mon oreille qu’Antoine avait du mal à gérer les trois filles ensemble.
– Corina fait gaffe, protège ton Marc chéri ce soir, car au moins deux filles sont totalement insatisfaites. Vendredi soir à l’embarquement d’Athènes, il y avait déjà des crêpages de chignons quand elles ont découvert que Guy dormait avec moi ! Et hier toute la journée Antoine a dû protéger son intégrité. Je serai heureux demain de ramener tout le monde en entier à Athènes.
– Pauvre Panos, nous, on rentre aussi demain mais tu gardes ton merveilleux équipage, pas de transfert à notre bord ! Marc et moi on est bien drillé ensemble et Sonia et Ingrid sont des naufrageuses ! Je veillerai toute la nuit s’il le faut pour les empêcher de coucher avec Marc. Il m’a déjà dit qu’il ne voulait plus ces filles à la manœuvre !
– Oui, je comprends Marc, elles ne comprennent rien à la voile mais elles payent leur cotisation au club… me dit-il en soupirant.
– On mange ensemble ce soir ? on mettra nos provisions ensemble !
– Oui mais ce sont « mes » filles qui font la cuisine ; sinon elles se croiront des princesses VIP à bord ; idem pour la vaisselle !
Je souriais, Panos en bon chef de bord avait quand même de l’autorité quand il le fallait !
Nous prîmes donc l’apéro dans le grand cockpit de l’Ocean, j’appréciais l’espace qu’offrait ce navire qui avait quand même 5 mètres de plus en longueur que le Zéphyr ! J’étais en conversation avec Panos sur les projets en cours dans le club et notre idée de refaire une croisière dans la réserve et une vers le mont Athos.
Du coin de l’œil je vis que le trio Sonja, Ingrid et Ève étaient en pleins travaux d’approche de Marc qui n’était pas né de la dernière pluie. Il essayait d’esquiver leur attaque en recherchant la conversation avec Guy et Antoine en français. Du coup les 3 filles étaient sur la touche car elles étaient allemandes et ne parlaient que l’anglais en dehors de leur idiome national.
Néanmoins Ingrid plus agressive essayait de s’asseoir sur les genoux de Marc, j’étais prête à bondir lorsque Panos me fit signe de ne pas intervenir :
– Ne t’inquiète pas Corina, regarde bien ce que Marc va faire ; je le sais car il a déjà fait le coup avec une autre équipière un jour où tu n’étais pas à bord.
Effectivement Marc dans un grand geste de tendresse prit Ingrid par les épaules et glissa l’autre bras en dessous de ses genoux, se leva et la balançait dans la flotte à la grande joie des garçons !
Je n’en croyais pas mes yeux, de plus il ne fit pas un seul geste pour l’aider à remonter à bord, ce furent Rose (qui riait) et Sonja (fâchée) qui l’aidèrent à remonter à l’échelle. Dans sa chute elle avait perdu le haut de son maillot et donc montra sa belle poitrine en remontant à bord. Ce fut Ève qui repêcha la pièce manquante avec la gaffe.
Je suspectais qu’Ingrid avait relâché les attaches de son haut en voulant s’asseoir sur Marc. Mais elle était furieuse de voir son plan déjoué et attrapa la pièce manquante d’un geste rageur et descendit dans la cabine en jurant en allemand.
Marc avait saisi les jurons et riait de plus belle.
La table fut dressée dans le cockpit par les garçons et les filles montèrent la nourriture et les boissons. Ingrid s’était calmée mais avait compris la leçon et évitait le voisinage de Marc qui continuait la conversation avec Antoine. Je pus donc me glisser à côté de lui sans problème en lui donnant un bisou sur la joue. J’espérai que le signal serait suffisamment clair pour les autres que Marc était « chasse gardée ».
Ce n’est qu’après le coucher du soleil que Marc et moi regagnâmes de Zéphyr pour aller dormir. Comme Marc voulait la paix, il ferma la porte extérieure et moi je le pris dans mes bras dans la cabine ayant pris soin de fermer les rideaux des écoutilles et fenêtres.
NDA : voilà cette croisière tire à sa fin, le prochain épisode sera le retour à Athènes. La saga de Corina et Marc est loin d’être terminée. Que va-t-il se passer ensuite ? Vous aurez peut-être des nouvelles la semaine prochaine !
Solo_x
Annotations