Chapitre 57 - « all hands on deck! »* -  SY Eileen.**

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### Lora ###

Nous étions encore dans l’appartement lorsque mon téléphone vibra. Je pensai que c’était un message de Marc nous souhaitant une bonne journée mais ce n’était pas du tout cela !

« accident bus scolaire ! beaucoup de blessés »

J’allumai la télévision et vis le flash spécial. Je pris aussitôt contact avec l’hôpital sur le numéro spécial d’urgence. La coordinatrice que j’eus immédiatement en ligne me confirma que des blessés étaient annoncés. Je lui confirmai que nous serions là dans une dizaine de minutes

Dans la voiture, nous entendîmes plus de détails : Le car scolaire était tombé dans un ravin près de Pateras avec une quarantaine de jeunes victimes à bord. Les détails connus à ce moment parlaient de beaucoup de blessés dont cinq incarcérés dans l’épave dans un état grave. Je calculai que nous aurions le temps d‘arriver et de participer à l’organisation de réception des blessés vu que l’accident s’était produit à environ une heure de route d’Athènes.

Sur place mon équipe reçut deux salles d’op que nous préparâmes sans délai : Olympe dans une, moi dans l’autre. J’avais dans le passé participé à des exercices du type « grande catastrophe » et je connaissais la procédure.

Lorsque les premiers blessés arrivèrent le centre de triage les répartit vers les soins légers gardant les unités chirurgicales pour les cas graves annoncés. En dehors de nos deux unités, l’hôpital fut à même de créer trois autres unités, ce qui nous permit de traiter les cinq blessés graves annoncés !

Lorsque les cas graves arrivèrent, mon équipe reçut une compression de thorax très grave et Olympe une fracture du bassin avec des blessures internes. Je n’eus aucune précision concernant les autres blessés. Olympe me rassura de pouvoir gérer son blessé, moi je me souvins de l’intervention de Rina et des conseils de mon professeur qui avait opéré ma patiente. Le respirateur offert par Marc fut immédiatement apporté, il avait été stocké dans la réserve et put soulager très rapidement la patiente. L’opération dura plusieurs heures, elle était difficile, mais mon anesthésiste put me tranquilliser que la patiente survivrait selon toute probabilité ! Je demandai à une des infirmières de se renseigner auprès de l’équipe d’Olympe. Elle revint au bout de quelques minutes avec le message qu’Olympe avait maîtrisé les hémorragies internes multiples et replacé le bassin dans sa position originale.

En fin d’après-midi, nos deux patients étaient en salle de réveil et nous pûmes nous restaurer avec équipes. J’étais très fière de la réussite des opérations mais il fallait garder les enfants en monitoring intensif ! Olympe et moi, établîmes un planning de surveillance, ce qui nous permit de rester présentes mais avec des périodes de repos alternées.

La médecin chef m’appela pour faire le point, j’appris durant cette réunion que des trois autres patients un seul seulement put être sauvé. Durant la réunion de débriefing, je reçus les remerciements pour les deux interventions. Plus tard, la direction admit l’efficacité de l’équipe de la Fondation qui avait fait du bon travail et me demanda de transmettre à Marc et Corina les remerciements sincères. Cette journée de catastrophe avait permis de prouver la justesse de notre point de vue. Je rappelai aussi que la réussite était due en partie à l’équipement médical que Marc avait fourni pour l’opération de Rina et aux conseils et l’intervention du professeur suisse. Le soir Marc nous rejoignit dans l’appartement de Corina. Marc me félicita et me demanda de transmettre ses remerciements à Olympe qui surveillait nos patients.

### Marc ###

La semaine de notre retour fut donc très active, Corina était souvent à l’hôpital pour coordonner l’assistance aux parents des victimes, et le reste du temps elle faisait les traductions pour Kristos. La Fondation avança des fonds pour les parents de toutes les victimes de l’accident. Nous reçûmes des cartes et des mails de remerciements de tous les parents. Cela me fit chaud au cœur en pensant à mes parents, c’était vraiment un bonheur d’aider les parents ! Lora et Olympe prodiguaient les soins postopératoires aux blessés et moi, j’étudiais les contrats russes dans la version anglaise fournis par Corina. Je passais mes nuits en alternance dans les lits des trois femmes sans faire d’excès, le plus souvent c’étaient de nuits sages où seul le contact de nos corps suffisait pour nous détendre.

Au milieu de la semaine suivante, l’hôpital retrouva son calme et les deux chirurgiennes retrouvèrent un rythme d’opérations non urgentes. Corina était un peu surchargée car je lui demandai de revoir certains paragraphes du contrat russe que je voulais modifier.

Puis je reçus un appel SMS de mes associés me demandant de rappeler d’urgence concernant la politique de Public Relations de la Fondation. Je rappelai et ma secrétaire me passa son père.

– Marc, nous avons reçu un mail à la Fondation de la firme Bénéteau nous proposant de louer ou acheter un de leurs bateaux de démonstration disponible immédiatement pour favoriser le Public Relation de la Fondation. Au départ je pensais que ce mail était un spam envoyé à des milliers d’exemplaires, mais en regardant de plus près je vis que le message t’était adressé en faisant référence à une régate à laquelle tu avais participé à Miami il y a quelques années. Te connaissant grand amateur de sport nautique, je me dis que ce serait peut-être une bonne idée de joindre l’utile à l’agréable et d’acquérir un grand voilier pour inviter les généreux donateurs comme remerciement ou pour les appâter à une donation plus importante.

– Mais John, j’ai déjà le Zéphyr, bon qui certes n’est pas très grand mais qui me convient parfaitement !

– Marc, je te parle d’un bateau pour la Fondation, je ne connais pas grand-chose à la voile mais cela serait un bel investissement nettement moins tape à l’œil que le bateau de Mélissa et plus écologique par les temps qui courent !

– Bon d’accord John, transmet ce message sur ma boîte, je te promets de regarder !

Nous (Corina, Lora et Olympe) étions dans l’appartement de la Marina qui venait d’être agrandi car je louai maintenant l’ensemble de l’étage. Et le trio s’assembla autour de l’écran de mon laptop lorsque je leur annonçai l’offre de Bénéteau.

Ce fut une avalanche de cris d’admiration lorsque la première image en 3D apparut sur l’écran. Le constructeur proposait à la vente un Bénéteau First Yacht 53 magnifique, à la coque bleue. C’était un bateau de démonstration, disponible immédiatement et totalement équipé pour la navigation en haute mer. Il était amarré en Espagne à la marina de base du constructeur. Long d’un peu plus de 17 mètres, une largeur de plus de 5 mètres à hauteur du cockpit, il était très élégant et était vraiment construit pour des croisières en haute mer sans être destiné à la régate ! Le message annonçait également un prix de départ à sept chiffres mais négociable.

Devant mon manque d’enthousiasme, les trois filles me firent des yeux doux et des caresses. J’eus droit à des câlins et des sourires charmeurs, tout cela pour me convaincre. Chacune ayant des arguments pour me convaincre, ne fût-ce que pour prendre contact pour aller le voir !

– Marc, fit Olympe, tu as deux équipières confirmées et Lora, pourra s’initier à la voile puisqu’elle adore naviguer. De plus, ton associé à totalement raison : quel merveilleux outil de relations publiques.

– Et puis, ajouta Corina, il est spacieux, on ne se disputera plus qui va coucher où et avec qui ! me dit-elle en passant sa main sur mon bas-ventre. Et point important, tu as de la place dans la marina puisque tu loues une place double !

– Bon, dis-je, je vais prendre contact avec le vendeur ! Mais rien n’est conclu ajoutai-je en calmant les cris de joie de mes copines. Vu le décalage horaire avec l’Espagne je les appelle immédiatement.

Le numéro était la ligne directe et lorsque je m’annonçai, le vendeur me remercia de mon appel.

– Monsieur, me dit-il, je vous confirme que le voilier est entièrement équipé, prêt à prendre la mer. Si vous regardez attentivement les photos transmises et que vous les comparez aux images du bateau standard sur notre site, vous constaterez que c’est une exécution hors norme digne d’être vendu à un Émir !

– Je ne suis pas un Émir mais je vous comprends, dis-je, mais la Fondation est une œuvre de bienfaisance et il faudra négocier le prix !

– Mais nous pouvons vous proposer un plan financier si vous avez des problèmes de liquidités.

– Cela n’est pas nécessaire, quand pouvons-nous visiter le voilier ?

– Donnez la date qui vous convient et on vous fera une démonstration.

– Parfait, je vous laisserai un message !

Les filles avaient suivi la conversation et crièrent leur joie.

– Est-ce que samedi vous êtes libres ?

– Oui sans problème ! fut la réponse unanime.

– Alors, je téléphone à Emily et Bessie pour réserver l’avion !

J’eus Emily au téléphone qui me confirma la disponibilité de l’avion. Je téléphonai aussi à Panos car je voulus son avis d’expert.

J’envoyais un message à Bénéteau confirmant notre arrivée dans la matinée de samedi le vol était de 3h30 en précisant que nous serions 7 personnes. (Moi, Corna, Olympe, Lora, Emily, Bessie et Panos)

***

Le samedi matin très tôt nous étions tous devant l’avion. Après les embrassades avec Panos que je n’avais plus rencontré depuis quelque temps et la présentation des deux chirurgiennes, nous décollâmes dans une ambiance joyeuse. L’hôtesse nous servit des boissons et un petit-déjeuner. Au cours du vol, Emily laissa les commandes à Bessie et vint bavarder avec moi pour connaître la raison de notre déplacement car je lui avais juste précisé de prendre leurs maillots et une tenue relax.

À l’atterrissage deux grandes limousines nous attendaient pour nous conduire à la marina où nous fûmes accueillis par le staff de vente de Bénéteau.

Le bateau était vraiment magnifique ! Il était convenu qu’un skipper nous emmènerait au large pour quelques heures avec une collation servie par une hôtesse très charmante qui crut longtemps que Panos était l’acquéreur potentiel ses œillades étaient sans équivoque !

Je gardai Corina et Olympe à mes côtés pour examiner en détail les cabines, le mobilier et l’équipement intérieur pendant que Panos resta avec le skipper et pris la barre sous sa surveillance. Lora se trouva une place au soleil sur le pont sous le regard du skipper qui fut parfois un peu distrait par l’anatomie de la doctoresse.

Il n’y avait aucune comparaison avec le Zéphyr ! Plus long, plus large équipé des derniers gadgets, commande des voiles, GPS, radar et un moteur puissant, 3 cabines et trois salles d’eau et tout à l’avant la cabine du skipper (tout était conforme aux spécifications et à la brochure !).

Le vent était très modéré, mais la réponse du navire était spontanée et très saine. Les virements de bords étaient fluides. Un regard dans les yeux de Panos me suffisait pour comprendre son plaisir !

Les filles étaient en admiration de l’élégance de l’intérieur, il me sembla qu’elles s’étaient déjà attribué les cabines ou en tout cas appréciaient le moelleux des couchettes !

Le skipper nous ramena à la base et le directeur commercial nous accueillit à l’amarrage pour demander nos impressions. Il comprit sans aucun doute que nous étions tous enchantés mais je ne voulus pas lui faciliter la tâche. Je demandai à Panos s’il ne préféra pas le « voilier américain qu’on avait essayé la semaine dernière » sans préciser ni le type ni le chantier. Je voulus juste me donner une (petite ?) marge de négociation du prix.

Je ne pensai pas qu’ils baisseraient beaucoup le prix, mais le marché était morose, j’obtins quand même une réduction de prix mais je voulus quand même quelque chose de plus. J’obtins en finale une version plus puissante du moteur de l’annexe, qui était habilement rangé sous le pont à l’arrière et pouvait être sorti de son emplacement en quelques minutes.

Mon téléphone vibra alors que je me rendis vers les bureaux et vis le message du Président du conseil me donnant le feu vert ! Je lui avais envoyé l’offre la veille après lui en avoir parlé au téléphone. Quoique je n’aie pas besoin de son accord pour cet achat, je tenais quand même à l’informer par courtoisie avant de signer la commande !

Comme un enfant recevant un nouveau jouet, je voulus connaître le délai de mis à disposition et obtins que le bateau serait convoyé au Pirée dans le courant de la semaine suivante. Le vendeur nous promit de faire le nécessaire pour l’immatriculation américaine puisque la Fondation n’avait pas encore de siège en Europe. Il me demanda aussi si j’avais pensé à un nom, je lui donnai le nom d’« Eileen » (prénom de ma maman) et je choisis le lettrage à utiliser sur la coque.

Je n’avais plus qu’à signer la commande et lui promis le payement pour lundi, la banque lui était familière. Je lui communiquai l’adresse de livraison et il fut surpris que j’aie déjà un emplacement attribué dans la marina !

Le retour à Athènes se fit dans une ambiance joyeuse, nous étions tous occupés à lire la documentation volumineuse et très détaillée du voilier, découvrant encore des éléments que la visite et l’essai ne nous avaient pas sautés aux yeux.

Cette fois ce fut Bessie qui vint parler avec moi, elle me demanda droit dans les yeux si elle aurait l’occasion de me câliner bientôt car elle m’avoua qu’elle s’était prise de bec avec Emily pour des raisons futiles et voulut que j’intervienne pour arrondir les angles.

Je lui proposai qu’elle vienne dormir dans quelques jours à mon appartement lorsque tout le monde aurait repris le travail et que je serai au calme. Elle me fit un gros bisou sur la joue en disant « je t’aime, Marc ».

--

NDA : étrange déclaration de Bessie !

N’oubliez pas de cliquer sur « j’aime ».

Pour ceux et celles que cela intéresse, voici le site montrant le voilier :

https://www.bateaux.com/article/31124/beneteau-first-yacht-53-un-first-au-positionnement-haut-de-gamme

*« tout le monde sur le pont ! »

**SY Eileen : SY est l’abréviation homologuée internationale pour « Sailing Yacht ».

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