~Prologue~
- Mesdames, messieurs, nous sommes actuellement à une heure de l'atterrissage. Nous vous invitons donc à regagner vos sièges et à attacher vos ceintures. Assurez vous que vos bagages à mains soient situés sous le siège devant vous ou dans les coffres à bagages. Actuellement à Tokyo il est dix-sept heures avec un temps nuageux et une température de quinze degrés. Sur l'ensemble de nos...
A semi-comateuse, Ayame entre-ouvrit les yeux. La nuque raide par une position non adéquate pour un trajet en avion, elle s'étira et baïlla à s'en décrocher la mâchoire. Attrapant sur la tablette en face d'elle la boîte à lunettes qui s'y trouvait, elle l'ouvrit et, d'un geste automatique, la jeune fille en sortit une paire qu'elle posa spontanément sur son nez. Sa vue rétablie, elle jeta un oeil à travers le hublot. Ils survolaient l'archipel depuis peu, la terre étant proche d'eux et la côte encore visible. Son coeur fit un bond et elle se redressa. Ils étaient de retour.
Une main se posa sur son épaule la faisant sursauter et elle tourna la tête. Sa mère, Marie Martin, la regardait en souriant, se moquant probablement de la tête qu'elle faisait au réveil, et se mit à enlever les écouteurs des oreilles de sa fille.
- Nous arrivons dans une heure...
Ayame acquiesça et reprit ses écouteurs des mains de sa mère pour les ranger dans sa poche. Elle la regarda se pencher sur le côté pour aider son père, Léo Martin, qui rangeait lui aussi, leurs sacs dans les compartiments au-dessus de leurs sièges. Habitués des longs voyages jusqu'au Japon, Ayame et sa famille avaient des gestes sûrs dans la marche à suivre et ils furent même imités par quelques passagers, provoquant un sourire moqueur sur les lèvres des deux adultes.
Ils finirent finalement par se rasseoir correctement et Ayame reporta son regard sur le hublot. Ils ne tarderaient pas arriver à l'aéroport. Les yeux toujours rivés à travers la vitre, elle repensa à ses derniers voyages dans le pays du soleil levant qui dataient de plusieurs années déjà. Elle soupira et se blottit contre son oreiller. Elle était bien évidemment enthousiaste de repartir au Japon, mais savoir qu'elle venait de quitter la France sans date de retour lui donnait un coup au moral.
Elle attendit, comme le reste des passagers, la fin du voyage et contracta la mâchoire quand les trains d'atterrissage se posèrent avec soubresaut sur la piste. C'était la partie qu'elle aimait le moins dans les trajets en avion. Ils patientèrent encore un bon quart d'heure le temps que l'appareil ne se stoppe définitivement avant de pouvoir, sous la surveillance des hôtesses, enfin sortir. Ayame se leva de son siège, attrapa son sac à dos et son oreiller et suivit ses parents. Ils finirent par arriver dans l'aéroport après avoir suivit un chemin fléché, et ils se séparèrent. Marie se dirigea vers la superrette la plus proche en saluant les vendeurs et Ayame et Léo partirent chercher les bagages. Ils patientèrent seulement quelques minutes avant que leurs valises ne fassent irruptions sur le tapis roulant en même temps que Marie qui revint les mains chargées de sac en papier.
Ils sortirent de l'aéroport, attendant leur taxi qui devrait les emmener à destination avec encore quatre heures de route, et patientèrent assis sur leurs valises, en dévorant la nourriture traditionnelle contenu dans leur bento qu'avait acheté Marie.
Ce fut enfin présisément vers vingt et une heures et quarante-sept minutes qu'Ayame sortit du véhicule en courant pour se précipiter sur le portillon qui délimitait la propriété. Elle revoyait dans son esprit les jeux d'enfant dans le jardin extérieur qu'elle effectuait avec ses amis de l'époque et ralentit en posant le pied sur la marche menant à la porte d'entrée. Rien n'avait changé depuis leur dernière visite, du jardin entretenu avec le rosier magnifique de sa mère, à la porte mauve délavé qui rappelait la couleur étrange de ses yeux. Elle sourit et, clé en main, entra lentement.
C'était le début d'une nouvelle histoire de sa vie.
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