Acte III

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Scène 1

Le jour s'est levé.

Stéphanie et Etienne sont toujours endormis, les cadavres de Paolo et du mafieux toujours au sol.

On entend des pas lourds s'approcher de la porte principale.

Hervé Diron (off)

Qu'est ce que tu fais là ? J'ai dis que je voulais plus te voir !

Jules Martin (off)

Hervé ! C'est pas ce que tu crois ! Nous avions rendez-vous !

Hervé Diron (off)

C'est vrai c't'arnaque ?

Jules Martin (off)

En tout cas, c'est ce que Stéphanie m'avait dit...

Hervé Diron (off)

J'ai un doute, mais j'te laisse une chance. Mais si c'est pas noté dans mon agenda, j'arrache ta tête de con de ton corps de lâche ! Allez, entre.

Jules Martin (off)

Bah j'aimerai bien mais c'est fermé...

Hervé Diron (off)

Quoi ?

Il tente d'ouvrir la porte, et celle-ci s'ouvre très facilement.


Scène 2

Monsieur Diron regarde Monsieur Martin d'un air de jugement.

Hervé Diron

T'es un débile en fait ?

Jules Martin

J'entendais aucun bruit... Je me suis dis que les bureaux étaient fermés.

Hervé Diron

Qu'est ce que c'est que tout ça ?

Monsieur Diron et Martin découvrent l'état du bureau.

Monsieur Martin n'est pas très tranquille.

Hervé Diron

Regarde-moi ça ces porcs. Ça a pris mes bureaux pour un bordel... Et cette face d'huître qui est la depuis un jour, et qui comme ça, sans la moindre gêne, baise mon assistante !

Jules Martin

Si je peux me permettre Hervé, c'qui me choque le plus ce sont les deux cadavres gisant par terre dans ton bureau.

Hervé Diron

Bah moi ça me choque un peu plus que Stéphanie, mon assistante, qui est la seule femme que j'respecte un tant soit peu, ait couché avec un demi-stagiaire possédant le charisme d'un galet !

Jules Martin

Oui, sauf qu'Hervé, avoir des salariés qui couchent ensemble, c'est légal. Tandis qu'avoir deux cadavres...

Hervé Diron

Pas de conclusions hâtives ! Qu'est ce qu'on en sait qu'ils sont morts ? Tiens vérifie-lui, et moi je regarde si celui-la est bien mort.

Monsieur Martin s'approche du cadavre de Paolo, tandis que Monsieur Diron s'approche du mafieux.

Hervé Diron

Bon bah le mien est crevé, et comme il faut !

Jules Martin

Celui-la aussi...

Hervé Diron (se relevant)

Stéphanie a un contact qui ramasse les cadavres. Réveille-la.

Monsieur Martin s'approche doucement de Stéphanie, et la secoue légèrement.

Jules Martin

Madame... Eh oh...

Hervé Diron

Un peu de nerf mon vieux.

Jules la secoue un peu plus fort, mais toujours aucune réaction.

Il regarde Monsieur Diron, qui lui s'est installé à son bureau.

Hervé Diron

Quoi ? Tu vas me dire qu'elle est morte ?

Jules Martin

Elle se réveille pas...

Hervé Diron

Demi-fion ! Elle est aussi morte que ta porte fermée ! Elle a l'poitraille qui s'gonfle et s'dégonfle; ça s'appelle respirer. Elle est bien vivante, fous-lui une torgnole.

Jules Martin

Comment ?

Hervé Diron

Une gifle, un marron, une châtaigne, c'que tu veux ! Ça réveille à coup sûr c'genre de choses.

Il prend une respiration, puis assène une gifle à Stéphanie.

Cette dernière se réveille en sursaut, et lui en assène une aussi.

Elle retrouve un peu ses esprits, et voit Monsieur Diron.

Stéphanie (se relevant)

Oh ! Monsieur Diron je...

Hervé Diron

Je poserai pas de questions, mais j'en pense pas moins. Appelles ton guguss aux cadavres là, qu'il nous enlève les deux nouveaux.

Stéphanie

Tout de suite Monsieur.

Elle se dirige vers le téléphone fixe,

Stéphanie

Monsieur, il y a un problème dont j'ai oublié de vous parler.

Hervé Diron

Lequel ? Parceque j'en vois plusieurs.

Stéphanie

L'un des deux cadavres est... Le ramasseur de cadavres.

Hervé Diron

Et qu'est ce qu'il vient mourir ici c'lui-la ? Il s'est passé quoi au juste hier ?

Stéphanie

Je suis arrivé et tout était comme ça. C'est Etienne qui est resté ici cette nuit.

Hervé Diron

Mais oui ! Avec cette cuite d'hier soir j'ai même oublié qu'il a géré le rencard avec l'autre escroc d'avocate. Vous savez comment ça s'est fini ?

Stéphanie

Non.

Hervé Diron

Bah réveille-moi cette tâche, je veux savoir.

Stéphanie se dirige vers Etienne.

Hervé Diron

Martin ! Viens-donc !

Monsieur Martin se lève et se dirige vers le bureau de Monsieur Diron.

De son côté, Stéphanie assène une immense claque à Etienne, qui se réveille en sursaut.

Etienne

Bonjour.

Hervé Diron

Bon les grimpeurs aux rideaux, rangez-moi ce foutoir que vous m'avez mis.

Ils s’exécutent.

Hervé Diron (à Monsieur Martin)

Je sais qu'on était censé avoir rendez-vous. Mais au vue de c'bordel pas prévu, on va devoir retarder un peu, et tu vas faire quelque chose pour moi.

Jules Martin

Hervé, je peux pas trop m'absenter longtemps, je dois chercher mes enfants à l'école.

Hervé Diron

Plus vite tu la fermes, plus vite ça sera fini, alors ferme-la. Tu vas prendre ma camionnette qu'est garé devant l'immeuble, y foutre les deux macchabées, et tu vas m'en débarrasser.

Jules Martin

Quoi ? Mais c'est pas du tout ce que je suis censé faire ! Je suis chargée de prod' sur un de tes films, je suis censé m'occuper de la prod' d'un film que tu produis, mais en aucun cas il a été dit quelque part que je devais ramasser tes cadavres !

Hervé Diron

Et moi je suis directeur de production, tu crois que je suis censé trouver des moyens pour nettoyer une scène de crime ? C'est injuste pour tout le monde, la vie est trop triste, ouin-ouin-ouin. Suicides toi si tu veux, mais d'abord, cache les morts !

Il lui jette les clés de la camionnette.

Jules Martin

Hervé ! Je veux pas le faire !

Hervé Diron

Moi j'veux pas qu'tu le fasses pas, et j'suis l'patron, donc t'as pas le choix !

Jules Martin

C'est la dernière fois que je bosse pour toi Hervé !

Hervé Diron

Ecoute, si tu m'aides, on reverra à la hausse la production de ton film, d'accord ?

Monsieur Martin hésite.

Jules Martin

Vraiment ?

Hervé Diron

Je te le jure sur la tête de ma femme ! Oh putain ma femme !

Jules Martin

Quoi ta femme ?

Hervé Diron

T'es toujours là toi ? Ouste !

Jules sort par la porte principale.

Hervé Diron

Stéphanie !

Stéphanie s'approche de Monsieur Diron.

Hervé Diron

J'ai géré un truc que tu étais censé gérer, à toi de faire ça pour moi.

Stéphanie

Dîtes-moi Monsieur.

Hervé Diron

Je crois que j'ai trompé ma femme hier. J'en suis pas sur, hein, mais c'est bien possible. Va chez moi, et si c'que je pense est vrai, débarrasse-toi de toute preuve potentielle d'adultère. Si la fille est encore là, dégage-la.

Stéphanie

Et si votre femme est déjà rentrée et a vu toutes ces preuves ?

Hervé Diron

Impossible, elle rentre pas avant ce soir. Fais-vite quand même, on sait jamais.

Stéphanie

Bien Monsieur.

Stéphanie se dirige vers la porte principale, en regardant Paolo d'un air triste.

Elle ouvre la porte.

Stéphanie

Repose en paix Paolo.

Elle sort.


Scène 3

Jules Martin entre par la porte secondaire.

Il ne dit rien, mais regarde Monsieur Diron d'un air énervé.

Il se dirige vers le corps de Paolo et le sort par la porte secondaire.

Il sort.


Scène 4

Etienne vient tout juste de remettre en place la salle.

Etienne

Bon, bah voila Monsieur Diron, tout est en ordre. Je vais rentrer chez moi maintenant.

Hervé Diron

Tu déconnes ? Tu es censé commencer à neuf heures. J'arrive à onze heures et je te trouve étendu par terre, à dormir avec mon assistante. Je suis déjà assez gentil de pas t'avoir pendu, alors maintenant, tu bosses.

Etienne

Mais Monsieur ! J'ai passé la nuit ici !

Hervé Diron

Pas mon problème. Ah ! Si ! Viens t'asseoir à mon bureau, et raconte-moi c'qu'il en est de l'avocate.

Etienne prend un air dépité.

Il prend sa chaise et l'amène lentement vers le bureau de Monsieur Diron.

Hervé Diron

Bon, tu l'as baisé ?

Etienne

Pas tout à fait...

Hervé Diron

J'écoute.

Etienne

Et bien déjà... Elle est arrivée en retard.

Hervé Diron

Pour l'instant j'm'en fous.

Etienne

Je me dis que ça peut jouer devant le tribunal...

Hervé Diron

Comment ça tribunal ? L'affaire est pas annulée ?

Etienne

Elle n'est pas contre l'idée... Seulement, elle demande cent-mille euros.

Hervé frappe sur son bureau.

Hervé Diron

La truie !

Etienne

C'est vrai que c'est une somme...

Hervé Diron

Faut qu'j'me calme. Sers-moi du vin.

Etienne

Elle a aussi fini le vin...

Monsieur Diron frappe une nouvelle fois sur son bureau.

Hervé Diron

La chienne !

Etienne

Mais je peux vous faire un café...

Hervé Diron

Mon petit, je fais pas ça souvent, mais celle-la, il va falloir la menacer de mort pour qu'elle abandonne, voir la tuer !

Etienne

Monsieur, non ! S'il vous plait !

Scène 5

Jules Martin entre par la porte arrière, couvert de sang. Il a toujours le même regard sur Hervé Diron, et ramasse le cadavre du mafieux.

Il sort avec, sans rien dire.

Scène 6

Etienne

Ecoutez Monsieur Diron, je ne pense vraiment pas que cela soit une bonne idée ! De c'que j'ai entendu, cette femme fait partie de la mafia.

Hervé Diron

Et alors ? Je n'ai pas peur de ces espèces de racailles ! C'est qui ces mafieux ?

Etienne

Je ne sais pas... Mais ils sont venus pour tuer Paolo.

Hervé Diron

Qui est Paolo ?

Etienne

L'homme qui était mort ici.

Hervé Diron

Et en plus de ça, ils règlent leur compte dans mon bureau. Non, mais ils vont m'entendre ceux-la. A quoi ils ressemblaient ?

Etienne

A vrai dire, je ne les ai pas vraiment vus... J'étais caché dans cette armoire.

Hervé Diron

Mais qu'est ce que tu foutais là ?

Etienne

Je me cachais. Puis l'un d'eux m'a trouvé et...

Hervé Diron

Quoi ?

Etienne (au bord des larmes)

Je l'ai tué...

Hervé Diron

C'est pas vrai ?

Etienne

Si. Si vous voulez me licencier, je comprendrai...

Hervé Diron

Bravo Ethan ! Je suis fier de toi ! C'est bougrement intelligent ce que tu as fais là. Ils aiment pas trop, les mafieux, qu'on bute leur pote... Ils vont forcément revenir ici pour nous buter.

Etienne

Je vois pas en quoi c'est une bonne idée...

Hervé Diron

Parce que vu qu'on sait, on va se préparer ; et quand ils débarqueront, on leur dézingue la gueule.

Etienne

Et bien moi je... Il est midi, heure de ma pause, selon mon contrat. Je vais donc me chercher... Un sandwich... Au poulet, je pense... Vous voulez quelque chose ?

Hervé Diron

Oui ! Ton aide Ethan. On va s'équiper, et armer un peu ce bureau d'malheur. Enlève le bordel qu'il y a sur ton bureau.

Etienne

Mais je viens tout juste de ranger.

Monsieur Diron n'écoute pas, et va derrière le buffet. Il en sort une mitrailleuse.

Etienne

Qu'est ce que c'est que ça ?

Hervé Diron

La plus belle chose qui soit à mes yeux, Ethan. J'aime cet objet plus que ma pauvre mère.

Etienne

Je trouve cela un peu...

Hervé Diron

Débarrasse-moi ça.

Etienne enlève rapidement les objets de son bureau, et Monsieur Diron pose la mitrailleuse dessus.

Hervé Diron

Dès qu'ils arriveront, ils auront même pas le temps de s'dire qu'ils s'font fait baisés, qu'ils auront chaque organe troué par mon bébé.

Etienne ne sait quoi dire.

Hervé Diron

Tu veux qu'on la teste ?

Etienne

Non Monsieur, je ne pense pas que...

Hervé Diron

Tu vas voir c'qu'elle a dans le bide. A trois ; un.

Etienne

Monsieur vraiment...

Hervé Diron

Deux.

Etienne

Oh non.

Etienne sort en courant par la porte secondaire.

Hervé Diron

Trois.

La porte principale s'ouvre.

Scène 7

Nathalie entre.

Nathalie

On en est là alors...

Hervé Diron

Bordel, y'a plus de balles dans ce machin !

Monsieur Diron se dirige vers l'arrière du buffet, et fouille.

Hervé Diron

J'aurai dû m'en douter qu'il n'y en avait plus. (il crie) Etienne !

Nathalie

Hervé ! J'ai à te parler !

Hervé Diron

Etienne !

Scène 8

Entre Etienne.

Etienne

Monsieur, j'ai mûrement réfléchi, et je pense que je vais vous demander ma dém...

Hervé Diron

Va me chercher des balles de mitrailleuse !

Etienne

Comment ?

Hervé Diron

Y'en a plus ici. Tu vas m'en chercher à cette adresse.

Monsieur Diron s'approche d'Etienne, et lui donne un papier.

Hervé Diron

Maintenant, dégages.

Etienne sort par la porte arrière.

Monsieur Diron, lui, se dirige à son bureau.

Nathalie

Tu ne comptes pas me parler ?

Hervé Diron (faisant mine de ne l'apercevoir qu'à l'instant)

Oh, mon amour. Tu vas bien ?

Il s'approche d'elle et s'apprête à l'embrasser, mais celle-ci le repousse.

Nathalie

Pourquoi tu fais comme si tu ne m'avais pas vu ? Tu me visais avec ton arme !

Hervé Diron

Faux ! Je visais la porte. Et l'arme n'avait pas de munitions au final, donc j'vois pas d'quoi en faire tout un plat.

Nathalie

Hervé ! Il est temps pour toi et moi d'avoir une vraie conversation.

Hervé Diron

Qu'est ce que tu me veux ? T'as pas de taf à ta boîte ?

Nathalie

Si. Énormément même. Mais je veux régler une chose avant tout.

Hervé Diron

On vit ensemble, on peut bien en parler ce soir. J'trouve ça idiot de faire passer ça avant tes affaires.

Nathalie

Mes affaires, comme tu dis, peuvent attendre. De plus, j'ai des salariés qui travaillent pour ces affaires avec moi, ce qui me permet de m'absenter, sans prendre de retard. Parce que mes salariés, moi, je ne les envoie pas acheter des balles de mitrailleuse, ou aller cacher les preuves de mon dernier adultère.

Monsieur Diron lève la tête.

Nathalie

Je suis passé à la maison avant de venir ici. Quand je suis arrivée, il y avait ton assistante, la petite Stéphanie, qui virait à coup d'pieds au cul ton amour de la veille. Donc oui, je sais que tu m'as trompé, et je m'doute bien que c'est pas la première fois.

Hervé Diron

Alors là, on est sur de la paranoïa féminine de base ! Cette fille, rien ne prouvé que j'ai couché avec !

La porte s'ouvre.

Scène 9

Stéphanie entre en vitesse.

Stéphanie

Monsieur ! Votre femme a vu votre maîtresse...

Silence gênant.

Hervé Diron

Stéphanie, vous n'êtes qu'une...

Nathalie

Merci Stéphanie. Merci. Pourquoi n'iriez vous pas fumer une cigarette maintenant ?

Stéphanie

Je ne fume pas...

Nathalie

Et bien commencez. Allez-en acheter, et ne revenez pas avant d'avoir fini le paquet.

Hervé Diron

C'est ma...

Nathalie

Tout de suite !

Stéphanie ne réfléchit pas et sort direct par la porte secondaire.

Scène 10

Nathalie se met face à Hervé.

Nathalie

Tu ne peux plus t'échapper Hervé. Plus aucun de tes larbins ne peut venir te sauver, alors maintenant, tu vas m'écouter.

Hervé Diron

Soit. Donc qu'est ce que tu me veux ? Tu viens pleurnicher pour une fille retrouvée chez moi ? J'vois pas en quoi ça fera avancer les choses, mais je t'écoute.

Nathalie

Ça fait dix-huit ans que nous sommes mariés Hervé, hein ? Combien de fois m'as-tu trompé en dix-huit ans ?

Hervé Diron

Mais aucune.

Nathalie

Arrête de me prendre pour une conne ! Ton assistante vient tout juste de le dire devant moi, arrête de nier.

Hervé Diron

Bon d'accord, d'accord. J'ai peut-être couché avec cette fille hier soir. Par contre, très honnêtement, je n'en ai aucun souvenir...

Nathalie

Alors je t'arrête. Le fait que tu n'en ai aucun souvenir n'excuse en aucun cas l'acte. Tu étais saoul hier soir, n'est ce pas ?

Hervé Diron

Je m'en rappelle pas...

Nathalie

Voila. Et bien tu vois, tu étais tellement saoul hier soir, que j'ai pu me barrer avant toi de la soirée, avec quelqu'un d'autre, et ne même pas dormir chez nous que tu ne t'en es même pas rendu compte.

Hervé Diron

Attends, tu m'as trompé ?

Nathalie

Oui Hervé, et c'est pas la première fois.

Hervé Diron

J'en ai eu des journées qui me les ont brisées, mais alors celle-la. Et je peux savoir avec quel genre de merdeux tu m'as fait cocu ?

Nathalie

La liste est bien trop longue mon cher, mais si je devais n'en citer qu'un seul, ça serait Manu.

Hervé Diron

Manu ? Tu parles de Bisset ? Cette espèce d'hangar à merde ?

Nathalie

J'ai mis fin à notre relation hier. Mais cela faisait deux mois que l'on se voyait en secret.

Hervé Diron

Alors celui-la, il v'a m'entendre.

Monsieur Diron se dirige vers son téléphone, mais Nathalie l'en empêche.

Nathalie

Non ! Fini tout ça ! J'en ai marre, marre que tu me considères tellement peu, que lorsque je te dis que je te trompe, tu préfère régler ça avec mon amant plutôt qu'avec moi. Maintenant, tu m'écoutes, et répond seulement à mes questions.

Hervé Diron

Ecoute, c'est très gentil, mais j'ai une affaire à régler avec la mafia du coin, donc je t'avoue que niveau temps, je suis assez serré.

Nathalie

Hervé, est-ce que tu m'aimes ?

Hervé Diron

Quoi ? Je... Bah bien sûr que je t'aime, tu es ma femme.

Nathalie

Et si je ne gérais pas la seule boîte de production française qui t'arrives à la cheville, tu m'aimerais quand même ?

Hervé Diron

Bah... Oui, peut-être... Mais on se serait pas connu...

Nathalie

Justement, parlons-en de quand on s'est connu. J'étais déjà à la tête de ma boîte, blindé aux as, et toi t'étais au même stade que Stéphanie aujourd'hui. Tu m'as aidé dans une galère, on a couché ensemble, et après j'crois bien être tombée amoureuse de toi. Je m'doutais bien que c'était à moitié réciproque, et que tu m'voyais comme un escalier pour atteindre mon rang. T'as réussi, on s'est mariés, et maintenant je ne suis plus amoureuse, donc j'suis moins conne, donc je sais qui t'es.

Hervé Diron

Mais qu'est ce que tu racontes ?

Nathalie

Je t'ai dis de ne répondre qu'à mes questions. Je n'en ai pas posé. (un temps) C'est fini Hervé. J'voulais régler mes comptes avec toi, mais j'ai autre chose à foutre, et t'es trop con pour écouter qui que ce soit. Un avocat va venir.

Hervé Diron

J'aime pas les avocats. Pourquoi tu fais venir un avocat ?

Nathalie

Pour nous faire signer notre dernier contrat.

Hervé Diron

Pour quel film ?

Nathalie

Notre divorce.

Scène 11

Jules Martin entre par la porte secondaire.

Jules Martin

Voila Hervé, j'ai caché tes cadavres, et j'en ai marre. Ça fait cinq minutes que j'essaie d'entrer, ta débile d'assistante de mes deux m'en empêchait, disant que je devais fumer au moins six cigarettes avant de le pouvoir. J'en ai fumé quatre d'affilés, et comme je ne suis pas fumeur, j'ai dégueulé, et j'ai dû attendre que Stéphanie soit prise d'une quinte de toux après sa onzième cigarette, pour pouvoir rentrer. Alors voila, j'en ai un peu marre, d'autant plus que l'école de mes enfants m'a appelé, me disant que ça faisait une heure qu'ils m'attendaient à la sortie. Résultat des courses; mon ex-femme a dû aller les chercher, m'a envoyé un message d'insulte, et mes enfants ont un nouvel exemple pour expliquer en quoi leur papa, est un mauvais père. Alors tu me files un million de plus pour ce film pourri, tu doubles mon salaire, et je me casse. (voyant Nathalie) Bonjour Madame Diron.

Nathalie

Bonjour Martin. Je suis désolé, mais tout ça va devoir attendre, et je ne suis plus Madame Diron.

Jules Martin

Oui bah écoutez Madame Jenesaisquoi alors, ce tout ça comme vous l'appelez, ne va pas attendre, car mon rendez-vous était prévu il y a plusieurs heures déjà.

Hervé Diron

Oui, c'est pour ça Martin, que nous n'avons plus le temps maintenant. Repasses-donc demain, on en reparlera, j'ai d'autres choses à régler.

Nathalie

Oui Martin, cassez-vous. On s'en fout de votre vie minable.

Jules Martin

C'est pas vous la patronne ici, alors fermez-la.

Hervé Diron

C'est à ma femme que tu parles, abruti.

Nathalie

Je ne suis plus ta femme.

Jules Martin

Alors je peux ?

Hervé Diron

Non, dégage.

Jules Martin

Ça se finira pas comme ça Hervé ! Je vais appeler les Prud'Hommes moi, les Prud'Hommes ! Dès demain, vous aurez mon avocat à votre porte, j'vous le dis.

Scène 12

Madame Botagisi entre.

Madame Botagisi

Me voila, je m'excuse du retard, blablabla... (A Monsieur Martin) C'est vous Monsieur Diron ?

Nathalie

Non, il est là.

Madame Botagisi (s'approchant de Nathalie)

Oh, bonjour Nathalie. Vous allez bien ?

Les deux femmes se serrent la main.

Madame Botagisi (désignant Monsieur Diron)

C'est donc lui le fameux Diron ?

Nathalie

C'est lui oui.

Madame Botagisi

Eh bien, Monsieur Diron, vous allez être mon seul sujet de préoccupation en ce moment.

Hervé Diron

C'est qui cette espèce de chieuse ?

Nathalie

Cette espèce de chieuse, comme tu dis si bien, est Madame Botagisi, mon avocate. Enfin, notre avocate, vu que c'est elle qui sera en charge de notre divorce.

Madame Botagisi

Et pas que, car c'est moi qui gère aussi la défense de Monsieur Jacob. Vous savez le réalisateur viré pour zéro motif ?

Jules Martin

Vous allez m'écouter maintenant !

Ils se retournent tous en direction de Monsieur Martin, les mettant en joue avec la mitrailleuse posée sur la table.

Jules Martin

Je m'en fiche de vos histoires d'avocats de mes deux. Moi j'ai fais ma part du contrat, et bien plus ! Alors je veux ma thune, ou j'tire dans le tas.

Hervé Diron

Blaireau.

Jules Martin

Me cherche pas Hervé ou j'te dégomme.

Scène 13

La porte principale s'ouvre.

Monsieur Bisset entre, accompagné de Laiga. Les deux sont armés.

Emmanuel Bisset

Hervé ! C'est la fin ! Mazette il est armé c'lui la.

Les deux hommes tirent sur Monsieur Martin, qui tombe sous les coups.

Emmanuel Bisset

T'as voulu nous devancer Herv... Oh la...

Nathalie

Bonjour Manu.

Madame Botagisi

Manu ? Mais tu ne m'as jamais parlé de Madame Diron avant, chéri.

Emmanuel Bisset

Je...

Scène 14

Stéphanie entre par la porte secondaire, une cigarette encore à la bouche.

Stéphanie

J'ai entendu un coup de feu. Qui est mort ?

Emmanuel Bisset

Ça va être vous bientôt !

Hervé Diron

Non mais il t'arrives quoi à insulter mes larbins ? J'insulte pas les tiens, face à gnons.

Emmanuel Bisset

Cette petite garce qui te sert à je-ne-sais-quoi a tenté de me tuer.

Madame Botagisi (à Stéphanie)

Attendez, vous avez essayé de tuer mon mari ?

Stéphanie

Y'a pas de preuves.

Nathalie

Attends, Manu, j'ai pas compris. Madame Botagisi est ta femme ?

Madame Botagisi

Oui, nous sommes mariés. J'ai voulu garder mon nom de jeune fille, parcequ'il est plus beau que le sien.

Nathalie (à Emmanuel bisset)

Mais tu m'avais dit que tu n'étais pas marié ?

Madame Botagisi

Qu'est ce que ça peut vous faire qu'il soit marié ou non ?

Emmanuel Bisset

C'est quoi ce piège que tu m'as tendu Hervé ?

Madame Botagisi

Pourquoi tu parles de piège ?

Hervé Diron

Ah ! Il parle de piège, madame, parce que ma femme, votre cliente, ici présente, est sa maîtresse.

Madame Botagisi

Nathalie, vous couchez avec mon mari ?

Nathalie

Il est vrai, mais je ne savais pas qu'il était marié. Je ne prends pas la faute.

Madame Botagisi

Donc tu me trompes, et cache mon existence en plus ?

Laiga

C'est vrai que c'est pas cool ça patron...

Madame Botagisi

Merci Laiga. Si j'avais pas été marié, j'aurai sûrement coucher avec toi. Mais apparemment, on s'en fout. T'as quelque chose de prévu ce soir ?

Laiga

Je...

Emmanuel Bisset

Mais répond-pas toi.

Madame Botagisi

Et toi ne parle pas. Tu n'as plus rien à dire. Apprendre comme ça là, devant plein de gens que je connais pas, que je suis cocue. Jamais on ne m'a humiliée comme ça. Alors tu vas faire un choix maintenant Manu. T'as un flingue, hein ? Et bien tu décides. Nathalie ou moi. T'en gardes une pour faire ta vie, et tu butes l'autre.

Nathalie

Attendez, quoi ? J'ai jamais dit que j'étais d'accord.

Madame Botagisi

Ecoutez, je me force déjà à pas vous en foutre une à vous alors fermez-la.

Nathalie (à Stéphanie et Hervé)

Mais faîtes quelque chose, appelez la police.

Hervé Diron

J'aime pas trop que la police soit chez moi, et encore moins qu'on y fasse des cadavres. Alors si ça vous gêne pas, vous pourrez pas faire ça dans les bureaux de Bisset, de l'ex-Madame Diron, ou bien dans votre cabinet à vous. Moi j'ai couché avec personne de l'histoire, j'ai pas à en payer les frais.

Nathalie

Vermine.

Emmanuel Bisset

Ecoutez, moi à la base je venais pour tuer Hervé, Stéphanie et Jacques.

Hervé Diron

C'est qui Jacques ?

Stéphanie

C'est Etienne.

Madame Botagisi

Manu ! Tire !

Emmanuel Bisset

Mais non !

Hervé Diron

Cassez-vous tous !

Scène 15

Etienne entre par la porte secondaire, avec des balles de mitrailleuse.

Etienne

Voici vos balles Monsieur Dir... Bonjour.

Laiga (à Emmanuel Bisset)

C'est lui l'acolyte de Paolo.

Emmanuel Bisset (à Laiga)

Je le connais. C'est aussi l'amant de Stéphanie.

Stéphanie

Ce n'est pas mon amant !

Nathalie

J'espère pour vous car il est con.

Madame Botagisi

Oui, et il m'a fait des propositions plus que douteuses.

Hervé Diron

Non mais vous allez arrêter de vous faire des films. C'est qu'un stagiaire.

Etienne

En réalité, je suis en service civ...

Tous

Ta gueule.

Laiga (s'approchant d'Étienne)

Et finis tes conneries maintenant. Ça sert à rien de nous dire ça, on sait tous que t'es un mercenaire payé par Paolo. T'as tué Michon.

Etienne

Je...

Laiga pointe son pistolet sur Etienne.

Laiga

J'vais t'descendre en l'honneur de sa femme et ses gosses.

Hervé Diron

Manu, t'es gentil, tu calmes ta majorette, et lui dis de pas buter mes employés, ça serait sympa.

Laiga

J'suis désolé patron, mais peu importe ce que vous me direz, je tirerai. Michon... Michon c'était mon meilleur ami... Et il l'a tué.

Madame Botagisi

Oui bah changez pas de sujet ! On était sur mon affaire là, qu'est un peu plus importante.

Laiga

Non mais vous êtes gentille vous. J'vous rappelle que je vous ai sauvé la peau cette nuit, c'est moi qui vous ai ramené chez vous. Et puis j'parle de la mort de mon copain là, c'est un peu plus important qu'vos histoires de plumard.

Madame Botagisi

Vous êtes dans la mafia. Faut pas être dans la mafia quand on chouine dès qu'un collègue meurt.

Laiga

Mais c'est sur vous que je vais tirer en premier en fait.

Emmanuel Bisset

Alors là tu parles à ma femme Laiga, alors tu vas vite refroidir ton sang.

Madame Botagisi

Ah bah là quand on veut la tuer, ta femme elle existe. Par contre, quand il s'agit de coucher avec une autre, pouf ! La femme de Bisset elle existe plus.

Nathalie

Est-ce qu'on peut en revenir à mon divorce ?

Hervé Diron

Alors comme je disais, je peux pas, j'ai rendez-vous.

Nathalie

Oui, avec Martin, mais il est mort. Alors ton rendez-vous, tu l'as plus. Madame Botagisi, vous voulez bien me sortir le papier de la procédure de divorce ?

Madame Botagisi

Vous causez le mien de divorce. Alors, le vôtre, vous pouvez vous le foutre au cul.

Nathalie

Bon, j'en peux plus. Hervé, ta fête est pas finie. Je reviens demain, avec un autre avocat. Au revoir tout le monde.

Elle se dirige vers la sortie.

Etienne

Je vais rentrer aussi. Je dois rejoindre ma...

Laiga

Toi, tu restes là.

Madame Botagisi (à Nathalie)

Et vous aussi vous restez là. Manu, tu choisis qui tu tues.

Emmanuel Bisset

Oui, et c'est Stéphanie que je veux tuer.

Stéphanie

Eh, Monsieur Diron. On a pas un rendez-vous là ? On devrait y aller, non ?

Hervé Diron

Et laissez mon bureau à ces sagouins ? Hors de question. Etienne, mes balles ?

Etienne veut s'approcher de Monsieur Diron mais Laiga le retient.

Etienne

S'il vous plait, laissez moi travailler Monsieur.

Hervé Diron

Oui lâche-le. Tout le monde s'en fout de ton pote.

Madame Botagisi

On tourne en rond là de toute manière. Il faut bien se rendre à l'évidence que rien va se régler sans tuer quelqu'un. Donc faut choisir qui sera le premier tué.

Laiga

Bah ça sera ce glandu. (à Etienne) T'entends ? J'vais tuer. J'vais t'tuer comme j'ai tué ton patron Paolo hier.

Stéphanie

Attendez, c'est vous qu'avez tué Paolo ?

Laiga

Il nous a échappé des années mais ouais. J'lui ai fait sa peau hier.

Etienne

J'vous avais dit que c'était pas moi.

Stéphanie

Monstre.

Stéphanie se rue sur Laiga et lui assène des claques.

Emmanuel Bisset

Elle est définitivement tarée celle-la ! J'vais me la faire.

Monsieur Bisset vise en direction de la bagarre Stéphanie/Laiga.

Laiga

Tirez-pas ! C'est moi qu'vous allez trouer.

Emmanuel Bisset

No stress. J'suis un cow-boy.

Pendant ce temps, Monsieur Diron a rejoint la mitrailleuse avec Etienne, et ils commencent à la charger.

Nathalie et Madame Botagisi se sont mises sur le côté vers le bureau de Monsieur Diron.

Pendant la bagarre, Stéphanie arrive à piquer le pistolet de Laiga.

Stéphanie

Ahah ! A moi de tirer les ficelles maintenant !

Elle met Laiga en joue.

Stéphanie

Ça fait moins l'mafieux sans son pan-pan, hein ?

Laiga

T'auras pas le cran de me tuer.

Emmanuel Bisset

T'façon, j't'ai dans mon viseur, gamine. Alors pas de bêtises, ou tu vas très vite le revoir, ton Paolo.

Hervé Diron

Et toi mon pote, t'es au bon endroit pour ma mitrailleuse. Et s'attaquer à mes employés, c'est s'attaquer à moi.

Nathalie

Depuis quand t'as des principes toi ?

Hervé Diron

Depuis qu'jsuis divorcé.

Madame Botagisi

Légalement, vous l'êtes pas encore.

Etienne

Messieurs-dames. Tout ceci prend des proportions...

Tous

Ta gueule.

Madame Botagisi

Bon, vous allez vous regarder comme des cow-boys pendant vingt ans ? Ou vous allez vous décider à avoir du cran ?

Hervé Diron

Je sais pas toi Bisset, mais ta femme elle commence sérieusement à m'les briser.

Emmanuel Bisset

J't'avoue que ça commence doucement...

Nathalie

Moi j'dirais qu'elle est folle.

Madame Botagisi

Bah allez, tue-moi Manu, j'te dirai rien.

Emmanuel Bisset

Bah j't'avoue qu'tu m'fais hésiter la !

Hervé Diron

Vas-y, fais le. Ça arrangera tout le monde.

On entend un coup de feu.

Laiga tombe.

Emmanuel Bisset

Mais elle a tué mon mafieux celle-la.

Stéphanie

Il est pour toi ce mort Paolo.

Elle embrasse le flingue, et envoie le baiser en l'air.

Emmanuel Bisset

Tu vas vite le revoir ton Paolo.

Monsieur Bisset tire en direction de Stéphanie mais loupe son coup.

Elle court se cacher derrière le bureau de Monsieur Diron.

Emmanuel Bisset

La garce !

Il se dirige vers le bureau, mais est stoppé au centre de la scène.

Hervé Diron

Hep ! Tu bouges encore, pif-paf-pouf, t'es une passoire.

Emmanuel Bisset

Ah ouais ? Et bien, si tu tires, c'est ta femme que j'tue.

Nathalie

Ex-femme.

Hervé Diron

Tue-la, j'm'en fous. Mais ça veut dire que tu dois finir ta vie avec ta femme.

Emmanuel Bisset

Ah.

Madame Botagisi

Comment ça "Ah" ?

Emmanuel Bisset

Oh et puis merde.

Monsieur Bisset tire sur Madame Bottagisi, qui tombe au sol.

Nathalie

Quoi ? Mais t'es malade ?

Emmanuel Bisset

Je sais pas... J'ai paniqué...

Nathalie

Est-ce que, vu que tu as tué ta femme, cela veut dire que tu veux finir ta vie avec moi ?

Emmanuel Bisset

J'aimerai beaucoup, Nathalie.

Nathalie

Je sais pas trop quoi te dire...

Emmanuel Bisset

Moi je sais. Je t'aime.

Nathalie

Euh...

Hervé Diron

Alors, t'es gentil Manu, mais j't'avoue que te voir emballer mon ex-femme dans mon bureau, alors que les papelards du divorce sont pas signés, ça me rend moyen pacifique. Ça serait bien que vous sortiez, avant que, j'vous bousille à la mitrailleuse.

Nathalie

Ah non mais j’arrête tout le monde. J'ai pas encore répondu. J'ai aussi mon mot à dire, non ? Parce que Manu, t'es très gentil, mais moi j'couchais avec toi pour rendre Hervé jaloux. Sinon, j'te trouve en aucun cas attirant ou intéressant.

Emmanuel Bisset

Mais quoi ? Espèce de sa...

Stéphanie sort de sa cachette et tire sur Monsieur Bisset, qui tombe et meurt sur le coup.

Hervé Diron

Alors celui-la, tu l'enlèves toi-même Stéphanie !

Etienne

Assez !

Il se dirige au centre de la scène, et prend le pistolet de Monsieur Bisset.

Etienne

J'en ai marre ! Marre ! Plus que marre ! Vous vous rendez compte ? Non, mais vous vous rendez compte de tout ce qu'il se passe ici ? J'ai commencé hier matin et c'est le sixième crime que je vois ? Et vous agissez tous comme si c'était normal, bande de fous ! Ça tire dans tous les sens, pour un oui pour un non. Ça tue des gens pour rien. Non mais vous vous dîtes jamais que la vie est importante, qu'il faut la préserver, et qu'ôter la vie d'un humain, c'est illégal ! Y'a aucun voisin dans cet immeuble ? Personne qui se dit "Tiens, y'a des coups de feu toutes les cinq minutes chez Diron Production". Que dalle ! Tout le monde s'en fout ! Stéphanie a tué un facteur, même pas La Poste s'inquiète de la disparition de cet homme. Vous tuez ensuite cette personne, sans vous dire qu'elle peut avoir une famille, des amis, une femme à qui il va manquer. Et là, vous tuez Monsieur Bisset, sans vous dire non plus que ça aura de l'impact sur certaines personnes ? Stéphanie, vous êtes une tarée, et une sacrée même. Vous n'avez aucun cœur, vous faîtes tout et n'importe quoi pour que les affaires marchent, dans le seul but de devenir un jour la dirigeante de ces affaires, de devenir la nouvelle Monsieur Diron, et gérer son petit-business, en tuant des gens, comme si c'était rien. Et parlons-en de Monsieur Diron, un espèce de psychopathe fétichiste des armes, qui contrôle aucune de ses pulsions agressives, et qui possède l'incapacité à ressentir de l'empathie envers d'autres êtres humains. Vous êtes un monstre Monsieur Diron, un monstre.

Un temps.

Hervé Diron

T'as fini ?

Nathalie

Je sais pas comment tu traites tes employés Hervé, mais celui-la a pété une durite.

Hervé Diron

Bon, finissons-en. Stéphanie, vire ma femme d'ici. Et Etienne, j'ai besoin de toi.

Etienne

Ah non. Plus d'Etienne j'ai besoin de toi. Là, je vais partir, aller à la police, vous dénoncer, rejoindre ma copine et dormir.

Il se dirige vers la sortie.

Stéphanie la lui bloque.

Stéphanie

Je pense pas que ce soit la meilleure de tes idées Etienne.

Etienne

Stéphanie, je suis armé. Laissez-moi passer, ou je vais devoir utiliser vos méthodes.

Stéphanie

Comme ça je serai ton second crime ?

Etienne

Comment ?

Hervé Diron

Bah oui c'est vrai. J'oubliais ! T'as buté un mec toi aussi. T'es autant un criminel que nous.

Etienne

Quoi ? Non. L'homme que j'ai tué était un mafieux qui venait de tuer un homme.

Hervé Diron

Tous les gens qui sont morts ici étaient plus ou moins dans la mafia. Tu penses que c'est le genre d'argument qui suffit à la police ?

Etienne

Vous menacez de me dénoncer ?

Hervé Diron

J'ai insinué rien du tout.

Nathalie

Il a rien insinué en effet, mais il vous dénoncera. Si vous voulez la revoir, votre belle, je pense que ça serait mieux pour vous de vous asseoir à votre bureau et de faire au moins semblant de travailler.

Etienne

Je...

Stéphanie

T'as entendu la dame, au boulot !

Stéphanie pousse Etienne vers son bureau.

Ce dernier s’assoit et tape machinalement des choses sur le clavier.

Stéphanie se tourne vers Monsieur Diron.

Stéphanie

Je suppose que je commence à chercher un remplaçant à Monsieur Martin ?

Hervé Diron

Très bonne idée Stéphanie. Fais donc ça.

Stéphanie (sortant une cigarette)

Je vais passer les coups de fil dehors.

Hervé Diron

Oui fais. (à lui-même) En quoi j'en ai quelque chose à foutre, sérieusement ?

Monsieur Diron commence à travailler sur son bureau.

Nathalie

Bon Hervé. J'ai perdu assez de temps ici. Mon avocate est morte, bon, sur ce coup là je ne t'incrimine pas. Mais je reviens demain avec quelqu'un d'autre, et cette fois tu vas les signer mes papiers.

Hervé Diron

Oh, mon amour, ne sois pas si direct. Y'a bien une solution...

Nathalie

C'est pas d'argent dont on parle, y'a pas de négociation possible. Je ne suis plus ton amour, plus ta femme, et demain, je viens à neuf heures pétantes pour l'officialiser. Sur ces bonnes paroles, au revoir.

Nathalie se dirige vers l'entrée. Elle s'arrête une fois devant la porte.

Nathalie

Une chose aussi. Hors de question que j'amène mon avocat demain avec cette horde de cadavres. Débarrasse-t-en.

Elle sort.

Scène 16

Monsieur Diron frappe sur son bureau.

Hervé Diron

Bordel !

Etienne sursaute.

Hervé Diron

C'est très mauvais pour mes affaires ça... Il faut empêcher ce divorce. T'as des idées Ethan ?

Etienne (cynique)

C'est Etienne. Et vous pourrez peut-être la tuer.

Hervé Diron

Génie ! Tu es un génie ! Nous sommes encore officiellement mariés, et si elle meurt, je récupère sa boîte. J'aurai tellement dû y penser il y a dix-huit ans. Merci Ethan !

Etienne

Non, Monsieur ne faîtes pas vraiment ça.

Monsieur Diron se lève et va vers le bureau d'Etienne.

Il prend la mitrailleuse.

Hervé Diron

T'arrivais à travailler avec ça sur ton bureau ?

Il se dirige vers la porte, et s’arrête devant celle-ci.

Il se retourne vers Etienne.

Hervé Diron

Je suis un peu fatigué. Je m'occupe de mon divorce et je vais rentrer chez moi. Je te laisse fermer les bureaux.

Il sort.

Un temps.

Monsieur Diron re-rentre.

Hervé Diron

Ah et, occupes-toi des cadavres. Là ça va encore, mais dans une heure ça va commencer à schlinguer.

Il referme la porte en ressortant.

Etienne soupire. Il se passe les mains sur le visage.

Il saisit le téléphone de son bureau, compose un numéro, puis porte le combiné à son oreille.

Etienne

Allô ?

Voix de Clémentine

Ah bah enfin. Il se passe quoi en fait ? Tu commences un soi-disant travail hier matin, et depuis je te vois plus, tes messages sont étranges, et tes horaires de boulot, n'en parlons pas, tu n'es même pas capable de me les dire. Alors écoute, je sais pas ce que tu fais, et je n'insinuerai rien, mais c'en est trop. Je sais que tu te fous de ma gueule, que tu me prends pour une conne. Non, ne dis rien. C'est inutile maintenant. Ça faisait déjà longtemps que tu commençais à m'ennuyer. Comme une idiote, je me disais, non c'est pas vraiment un ringard, c'est juste que tu vis avec lui, donc tu vois ces côtés négatifs. Mais non ! T'es un ringard ! Un gros ringard, un looser, un raté. Alors tu sais quoi ? ces deux jours de solitude m'ont fait réfléchir, et Etienne, laisses-moi te dire que toi et moi, c'est terminé. Voila. J'ai mis tes affaires devant l'appartement. Tu viens les chercher et tu te débrouilles pour ne pas qu'on se croise. Ça devrait pas être difficile de trouver un appartement, toi qui travailles tant.

Elle raccroche.

Etienne fait de même et se remet à taper sur son clavier, l'air vide.

Il s'arrête un peu pour regarder le pistolet posé sur son bureau, puis se remet à écrire.

Au bout d'un moment, il récupère le pistolet, rapidement, se le met contre la tempe, et au moment où il va tirer, le rideau se ferme.

On entend le bruit d'un coup de feu, et à ce moment, le public est censé applaudir.

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