Songes d'une nuit pluvieuse

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S'il ne s'était pas empris à ce petit garçon pour lui acheter ses minéraux à prix dérisoire, il aurait été un homme parfait. Je n'aurais jamais pensé qu'un elf soit capable d'un tel acte. Je pensais qu'ils étaient des êtres sages vus leur longévité, mais j'imagine que quelques pommes pourries se cachent tout de même parmi eux.


La première fois que j'ai croisé son regard, il mettait les pieds dans la taverne familiale pour se réfugier de la pluie avec son groupe d'aventuriers. Nos yeux se croisaient souvent pendant que mon frère sortait toutes sortes d'âneries pour amuser la galerie. J'étais peut-être celle qui cherchait son regard ou, sans un mot, nous avions échangé un désir secret.

Je n'avais jamais ressenti une telle envie pour un inconnu, encore moins un elf. Ils semblaient si différents de nous, humains, et parfois nous laissaient des regards de dédain voyant notre manque de manières. On les connaissait comme des êtres prétentieux et hautains qui ne daignaient regarder d'êtres aussi insignifiants que nous. Mais, j'avais oublié ses vieilles histoires le temps d'un regard qui ne faisait qu'enflammer mes joues.

Il y avait quelque chose dans sa façon de parler qui rendait ses mots les plus normaux des cadeaux pour les oreilles. Tout chez lui appelait à l'envie. Ses cheveux noirs et ondulés appelaient mes doigts alors qu'il partait à la recherche de crânes aux effets nombreux. Je n'avais jamais eu autant envie de laisser mon tablier pour une épée afin de partir à ses côtés. J'aurais pris un bouclier dans le bus de protéger son corps frêle pour me réfugier dans ses bras après un combat. J'aurais offert mon corps contre une de ses informations sur cette quête qu'il entreprenait. Je lui aurais donné mes lèvres si ses yeux m'avaient déshabillée en privé. Je n'avais envie que de lui, je n'attendais que lui. Les heures passaient péniblement quand il ne venait pas nous voir. Je trouvais peu de plaisir dans les joutes verbales de nos visiteurs qui me remplissaient de joie auparavant.

J'aurais voulu savoir son nom, mais le mystère était plus attirant. Je ne lui aurais pas dit le mien non plus, j'aurais voulu lui dire après l'avoir serré contre mon corps nu, chuchoter mon prénom dans son oreille comme un secret à la nuit alors que nos corps en sueur auraient atteint le nirvana en même temps. J'aurais formulé cette quête pour lui, celle de conquérir ma chair, juste une nuit, le temps de vivre cette passion, et je l'aurai laissé partir au petit matin avec ses amis ou je l'aurai gardé dans mes seins contre une promesse de me revenir.


Je lui aurais dévoilé la passion qui m'anime, mais il a trahi sa beauté, gâché sa valeur avec ses mots empoisonnés. S'il avait été noble, je lui aurais tout donné.

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