Chapitre 4

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La maison brille de mille feux lorsque Tom revient de la plage. Et j’avoue que je suis fière de moi pour le coup. Tout étincelle. Plus aucune trace de saleté à l’horizon. Plus un petit nuage de poussière quand on passe sa main sur le haut d’un meuble. Le vieux carrelage et le plancher brillent. Les traces de pas ont disparus. On voit à peine les vitres.

- Tu as fait du ménage ? me demande-t-il en rentrant.

- Oui. J’avais du temps à tuer et puis, ça me faisait plaisir de nettoyer ta maison.

- Notre maison, tu veux dire.

- Notre maison, je rectifie en souriant.

Nous nous mettons à cuisiner. Des pâtes, comme sou-vent. Pas cher, nourrissant, bon, toujours. Quoi de plus ba-sique. Nous ne parlons pas, sans doute fatigué par cette journée. Mon esprit est préoccupé. Je me demande quand et comment aborder le sujet « lettres ».

Nous passons à table. A l’intérieur pour une fois. Le vent souffle et est un brin trop frais pour que nous puissions manger de manière confortable dehors. Nous nous installons de sorte à faire face à la mer et avoir l’opportunité d’admirer le soleil tirer sa révérence. Je ne m’en lasse pas. De voir cet astre se glisser lentement derrière l’horizon. Dans une teinte orangée. Et ce dégradé de couleurs pâles. C’est majestueux. Cela me donne un sentiment de pléni-tude. Un moment de ressourcement. Sans hésiter, je pré-fère les couchers aux levers du soleil. Je ne sais pas vraiment pourquoi. C’est satisfaisant de voir que j’ai survécu à une journée de plus. Que le soleil n’arrêtera pas d’être là, pré-sent, et d’éclairer sans jamais cesser. J’aime ça, c’est tout.

- Au fait, commence Tom, tu as nettoyé la bibliothèque ?

Je me raidis. Que répondre ?

- Seulement les vitres. Je n’ai pas touché aux livres, je mens.

- Oh. D’accord.

J’attends un moment et n’y tenant plus, pose la question qui me pend aux lèvres.

- Pourquoi Tom ? J’aurais dû ?

Il termine d’avaler sa bouchée.

- Comme ça. Ce sont des livres anciens et par consé-quent, fragiles. Je ne voudrais pas les abimer. Donc, tu as bien fait. Ne t’en fais pas.

Le dîner se poursuit dans un silence auquel je me suis habituée. On ne parle pas beaucoup ici. On vit le moment présent. On savoure. On écoute. On ressent. On ne saccage pas tout avec nos babillages effrénés.

En allant me coucher ce soir-là, je me dis que Tom sem-blait bien inquiet pour une simple histoire de ménage. Ces lettres valent peut-être quelque chose finalement. Je suis partagée. Entre l’envie d’en savoir plus : il faut comprendre, je ne sais pratiquement rien de Tom finalement. Et la ques-tion du respect : je ne veux pas gâcher notre relation. Je ne veux pas qu’il pense que je manigance dans son dos. Que je cherche à en savoir plus, alors que j’ai juré me contenter de ce qu’il avait à m’offrir sur le moment présent. Que j’ai affirmé que, oui, le passé était du passé. Pourtant, c’est plus fort que moi. J’ai besoin de savoir. Coûte que coûte. J’ai besoin de connaitre vraiment qui est celui que j’aime. Même si le passé est du passé. Pour avancer et construire quelque chose, je dois connaitre Tom entièrement. Je veux connaitre son passé. Ce qu’il a vécu. Ce qui l’a fait devenir celui qu’il est aujourd’hui. Et même si cet acte est irrespec-tueux, même si cela ne se fait pas et que je risque beaucoup, je lirai ces fichues lettres. Ça ne peut définitivement pas con-tinuer ainsi. Qui était le Tom avant que je ne l’ai connu ?

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