Chapitre 10
Je suis brusquement prise de vertiges. Si j’avais des doutes sur qui était L. par rapport à Tom, j’en ai désormais la certitude. La compagne, la petite amie, la fiancée ou que je sais encore. Elle l’aime. Ils parlaient mariage, appart’, enfants. La discussion que nous avons eue quelques jours auparavant résonne en moi différemment désormais. Pour-quoi diable m’a-t-il parlé enfants ? Quelles sont ses véri-tables motivations ? Sont-elles vraiment celles qu’il pré-tend ? Ou sont-elles tout autre ? Je prends brusquement conscience que Tom est un parfait inconnu. Je ne sais rien de lui. Pas même sa couleur préférée. Je ne sais même pas son nom de famille.
La tête me tourne. Mes mains tremblent. J’ai les jambes en coton. Je m’assieds prestement dans un des petits fau-teuils verts du salon, juste à côté de la bibliothèque. Face à la mer. J’aperçois Tom au large, sur sa planche à voile. Sa voile rouge. Je suis perdue. Un petit poisson dans l’immen-sité de l’océan. Que faire ? Que dire ? Comment réagir ? Et de quand datent ces lettres au juste ? Une semaine ? Un an ? Deux ? Comment le savoir ?
Mes questionnements tourbillonnent à une allure folle dans ma tête. Comme une tempête déchainée. Dois-je con-sidérer Tom comme une personne infidèle ? Qui est-il pour moi ? Que suis-je pour lui ? Je veux savoir. J’en ai assez de passer ma vie dans l’incompréhension et l’incertitude. Si je souhaite avancer, j’ai besoin d’y voir clair. Que tous ces nuages qui me brouillent la vue s’en aillent afin que je puisse voir le chemin qui s’étend devant moi.
Dans un empressement brusque, j’attrape la lettre suivante et l’ouvre. Inutile d’attendre plus longtemps. Il faut que je sache. Que cette histoire se termine. Que je sache si je suis la bienvenue ici ou non. Il faut que je sache.
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