Chapitre 15
Six mois plus tard…
Les écouteurs enfoncés dans les oreilles, j’espère lamentablement que la musique diffusée suffira à calmer mes pen-sées agitées. Le rythme régulier du train m’apaise. Le p-sage campagnard défile. En face de moi, une dame âgée, la septantaine je dirais, dort, la tête appuyée contre la vitre. Elle me rappelle ma grand-mère. Granny. La seule per-sonne qui n’a jamais cessé de croire en moi. Comment au-rais-je pu tenir tout ce temps si elle n’avait pas été là ? Son décès a été très dur à surmonter pour moi. C’était ma conseillère. Ma meilleure amie. Mon modèle. Elle avait toujours du temps pour m’écouter. Elle me comprenait. Et du jour au lendemain, je me suis retrouvée seule. Démunie. C’était dur. Si dur. J’aurais bien eu besoin d’elle à présent. Je lui aurais demandé son avis. Ai-je pris la bonne décision ? Et si tout cela n’était qu’une vaste plaisanterie ? Et si je n’étais pas en train de prendre des risques, trop de risques, après tout ? Est-ce que cela valait la peine ? Le re-voir était-ce là une bonne idée ? Qu’aurait fait ma Granny à ma place ?
Je soupire. Lorsque j’ai quitté cet endroit aux allures de paradis, ce jour de juillet-là, je me suis promise de ne pas me laisser abattre. Pas encore une fois. Je ne voulais garder que le positif. Et, à ma grande surprise, cela a fonctionné. J’ai rapidement rencontré un gars. Arthur. Nous avons été amis durant de longues semaines, avant de passer au stade d’amants. Cela fait un mois. Je ne m’imagine pas vivre sans lui. Je le sens, au plus profond de mon être. C’est ma moi-tié. La bonne. Mon âme soeur. Ce truc stupide qu’on lit dans les romans à l’eau de rose. Ce truc bête qui n’arrive que dans les livres, croit-on. Maintenant, je sais que j’ai eu tort. Chacun a son âme soeur quelque part dans ce monde. Quelque part. Je suis heureuse de l’avoir trouvée. Je ne me suis jamais sentie aussi bien et moi-même qu’à ses côtés. Je ne regrette pas du tout le morceau d’histoire que j’ai écrit avec Tom. Ça m’a fait ouvrir les yeux sur beaucoup de choses. En un sens, je me suis trouvée à ce moment de ma vie. J’ai su qui j’étais. Qui était Faustine. Ça n’aurait pas pu durer avec lui. C’était une passade. Nous nous sommes rencontrés, nous étions perdus. On avait besoin d’une bouée de secours. J’étais là, il était là. C’était bien mais c’est tout.
J’ouvre mon sac et en sors la lettre que j’ai prise avec moi. La fameuse lettre. Celle qui a fait que je suis ici, dans ce train. Seule avec mes pensées. Arthur est au courant, bien sûr. Je ne veux et ne peux rien lui cacher. Lors de mon exil avec Tom, je me suis rendue compte que les men-songes et les cachotteries ne font que briser les gens. Je ne ferai pas deux fois la même erreur. Je veux que ça marche avec Arthur. C’est pourquoi je lui ai tout dit, tout raconté, tout expliqué. Il était d’accord. Il fallait que j’aille le voir. Je lui ai proposé de venir mais il a insisté. Il valait mieux que j’y aille seule. Mais il est là pour moi. Toujours. Et je l’ap-pelle tous les soirs sans faute !
Mon téléphone vibre. Un message. « Je t’aime, Faustine ». C’est Arthur. Je souris. Mon coeur déborde d’amour pour cet homme. Je lui réponds avant de lire pour la énième fois la lettre.
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