Je suis sur le toit. C'est le toit d'un vieil immeuble en plein milieu de la ville. Il est 5h du matin, le soleil se lève, lentement. Comme les gens. Ils se mettent tous à bouger sensiblement au même moment. Et pour la même chose. Le travail. Ce truc qui leur donne l'impression d'appartenir à la Société. Ils se donnent de grandes aires suivant leur job, se pensant les plus intéressants. Les plus intelligent. Pour eux l'argent est signe de richesse. Mais ils ne se rendent pas compte d'une chose. Une chose pourtant capitale. Ils ne sont que des pions. Des pions de la Société. Ils se croient libre mais ils sont manipulés, par les médias, par les réseaux sociaux, par internet, par la télévision, par les publicités, par les magazines people, par tous ces grands événements, par le cinéma, par les marques, par les entreprises, par les gouvernements, par la Société. Ils croient tout savoir, ils croient avoir tout compris. Mais ils se trompent sur toute la ligne. Ils le pensent uniquement parce que la Société veut qu'ils le pensent. Et moi, je n'échappe pas à la règle, je consomme comme eux, certes moins, je travaille aussi, parce que c'est ce que la Société veut, elle fait en sorte qu'on ait pas le choix pour nous pousser dans ses filets. Je suis comme eux. Presque. Moi j'ai conscience de tout ça, j'ai aussi conscience que je ne peux pas y échapper.

Je me suis levé à 4h environ. Je suis monté sur le toit de ce vieil immeuble. J'ai attendu que le soleil se lève. Et en même temps j'ai regardé la fourmilière se mettre en marche. C'est million de petites fourmis exécuter le même rituel tous les jours. Pour avoir de quoi vivre. Pour vivre. Pour exister.

Et moi ?

Moi aussi je suis une fourmi. Moi aussi je vais rejoindre la fourmilière pour aller à mon travail.

Mais pas tout de suite, je profite encore un peu de la vue de cette fourmilière géante qu’est la Société, avant de devoir m’y fondre à mon tour. Pour vivre. Pour exister…