Les chats domineront le monde (nouvelle)
La route s’annonçait longue et semée d’embuches, Albert le savait bien et ne s’y ferai pas prendre. Il pensa tristement à ses camarades qui tomberait en route. Un long baillement s’arracha de sa bouche féline révélant de grand crocs acérés.
Il était l’heure songea-t-il, il ne pouvait plus repousser, ou peut-être encore un peu. Il reposa son museau sur sa confortable patte et ferma brièvement les yeux. Ses oreilles se dressaient invariablement au passage de chaque voiture. Le soleil chauffait le piedestal sur lequel il s’était installé depuis le début d’après-midi. Le muret qui formait son trône se retrouvait peu à peu à l’ombre, il ne pouvait plus repousser son départ. La désagrable sensation de celle-ci se propageait déjà, engourdissant peu à peu son corps.
Bien malgré lui, il dut donc se lever, ce qu’il fit en arquant ses pattes avant. Son corps formant une demi-lune, étirant sa divine fourrure. D’un pas souple, il sauta pour atterir en douceur dans une herbe fraichement coupée.
Les vils humains qui le gardait captif ne s’appercevrait même pas de son absence pensa-t-il farouchement. D’une démarche rapide il entreprit de suivre le trottoir en empruntant lorsque cela était possible, diverse cachette à l’abrit des regards. Son corps se tendit le stoppant net dans sa marche, ses pupilles se rétractèrent, un prédateur. Albert le savait, il les connaissaient bien. Elles sortaient souvent en nombre rendant ses escapades difficiles. Trois feuilles mortes dansaient ainsi devant lui, le nargant au gré des coups de vent.
Il devait agir vite, et sans hésitation il sauta sauvagement sur la première l’applatissant au sol. Elle ne se relèverait pas tout de suite, assomée comme elle devait être. Il fut prit en traître par une quatrième feuille se soulevant soudainement. D’une cascade parfaitement maîtrisé, il glissa sur le dos et griffa sauvagement l’impertinente.
Le bruit d’une voiture le redressa soudainement sur ses pattes, il regarda le géant de fer écraser tout ce qui lui baraît la route. Il ne fallait pas s’attarder ici songea-t-il, qui sait quand l’une de ses feuilles se réveillerait ? Reprenant sa démarche féline, il sauta d’un bond formidable sur un muret et continua sa route le long de celui-ci. Il n’était plus très loin, mais ses coussinets se frottèrent à la pierre chaude. C’est ce qu’il redoutait le plus, il ne pourrait le combattre bien longtemps.
La douce chaleur faisait languir son corps, il ne pouvait y résister, il devait s’y résoudre. Lovetant sa tête au creux de son ventre, il fit une seconde sieste. De nouveau l’ombre fit une apparition sournoise tirant Albert de ses rêveries. Il continua sa route nonchallent, trônant sur son fier muret de pierre. Il atteignit le croisement et se laissa glissa vers le bitume brûlant. Son objectif se tenait sur sa droite, confiant en sa réussite, il avança déterminé vers son objectif.
Un humain ! Il y avait un humain en face de lui, sur sa route ! Il devait l’éviter, il ne les connaissaient que trop bien. Ses compères lui avait raconté les histoires dramatiques des humains “ruelles”. Sans qu’il ne puisse réagir, la main s’abbatit avec force sur sa tête, et entreprit de lui caresser le corps. Abasourdi, Albert ne put s’enfuir, il commença alors à ronronner avec force, envoyer sa tête valser contre cette main.
Ils gloussaient et parlaient un étrange dialecte, c’était finit, il aurait voulu fuir mais cette main l’en empêchait. Sa tête continuait de la heurter, puis elle disparu laissant un grand vide. Albert les regarda continuer leur route, ébahi par sa propre chance. Il voulut les suivre pour les espionner d’avantage, mais la réunion importait plus, il reprit donc sa route.
Evitant le trottoir, il fit un détour par son bosquet préféré, mais il ne s’attarderait pas ! Ca non, Albert était fier d’arriver à l’heure. Et puis, après-tout, il n’était pas si tard, une sieste ne pouvait être mauvaise dans un si bel endroit. S’étendant de tout son corps sur la terre fraîche, il entreprit de fermer les yeux.
L’odeur d’un de ses congénères le réveilla en sursaut, prêt à se battre, il se ravisa soudainement.
— Ah ! Mathilda, tu es là ! Dépêchons-nous, ils doivent nous attendre.
La principale intéressée, blanche comme les neiges le regarda de ses deux grand yeux noisettes avant de se tourner sans répondre.
— Bah ! Tu es toujours aussi méprisante, vas-t-en veille pie ! Puisque tu ne veux pas partager ta route avec moi.
Il se suivèrent donc l’un et l’autre à un chat de distance. Enfin ils arrivèrent, l’entrepôt était déjà bondé et la discussion avait commencé.
S’asseyant dans la cagette qui lui était désigné, Albert écouta le chef de séance faire le silence.
— Mes amis ! Camarades ! S’il vous plaît, écoutez ce que j’ai à vous dire.
Il reprit plus calement.
— Comme vous le savez tous, les humains ont prit le contrôle de notre planète et de nombres de nos congénères. Nous nous sommes réunis ici pour que tout cela cesse ! Leurs caresse et croquettes durent depuis trop longtemps déjà !
Une nouvelle qu’Albert ne connaissait pas pris la parole.
— Mais qui nous nourrira ? Demanda-t-elle, timidement.
— Nous nous nourrirons nous-même ! Les rats ne manquent pas, et les oiseaux non plus ! Oubliez les caresses et autres croquettes, la Gloire des chats est éternelle ! Demain, nous dominerons le Monde !
Il marqua une pause, regardant l’assemblée d’un regard de braise, rougeoyant de détermination.
— Mais demain, pour l’instant, faisons la sieste.
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