Bas bord
Les corps s’agitent, les lèvres s’approchent, imaginer un lieu de rencontres sexuelles a visiblement émoustillé tout le monde. L’hésitation est de mise pour certains tandis que d’autres envisagent déjà de déshabiller et prendre leur voisine sur le siège ou le bureau.
Justine est un peu dépassée et a bien envie de tester le parking avec son gentil conseiller coincé.
Elle le cherche dans ce brouhaha d’open Space. Elle déambule vers lui quand tout à coup, une voix s’élève « Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ? ».
Le silence règne avec quelques pouffades en arrière plan. Justine se sent obligée d’intervenir.
- Bonjour Monsieur, Justine Forall. Vous êtes ?
- Le directeur de cette agence.
- Ah enchantée Monsieur. Pouvons-nous aller dans votre bureau pour que je vous explique tout cela tranquillement ?
Elle lui passe la main sous le bras comme pour le suivre pendant que les autres remettent en place cheveux, vêtements, fauteuils, bureaux … ayant frôlé l’orgie interrompue par ce directeur à la voix grave et suave.
Justine prend place sur le siège qui lui fait face … et déroule la situation. Il ne décoche pas un sourire, l’écoutant sans l’interrompre avec un regard qui s’illumine par moments.
- voilà vous savez tout. Rien n’était prémédité mais l’engouement de la salle m’a convaincue de mener à bien mon projet qui échauffe les gens rien qu’en en parlant.
- Je comprends fort bien. Et ça me donne des idées.
- Ah oui ? Vous voulez contribuer ?
- Non non pas des idées pour vous mais pour l’agence !
- Ah bon ?
- Ce côté atelier d’idées pour compléter et affiner le projet c’est génial !
- Ah oui je comprends et mon projet vous en pensez quoi ?
Un silence s’installe … il la dévisage, il se lève, il se rassoit, il se relève … et vient vers elle.
- Vous ne pouvez pas en faire qu’un lieu de rencontres du sexe. Vous devez en faire un lieu de consommation du sexe. Vendez vos charmes, trouvez des hommes et des femmes prêts à se vendre également. À titre personnel, je suis célibataire vivant chez ma mère mais j’ai besoin de vie sexuelle et pas d’un fardeau d’amourette. Les bois c’est bien mais chez vous ça sera mieux.
- Chez moi ?
- Oui dans votre bord’ailes. Même si maintenant que vous l’évoquez … chez vous ? Maintenant ? Ça vous tente ?
Justine est sans voix … en pleine réflexion sur la suggestion de bordéliser le bordel, sur un si bel homme vivant chez sa mère qui doit être une sorcière, sur la proposition de se consommer l’un l’autre … elle reprend ses esprits et s’approche déjà de lui qui se lève. Si ce baiser est électrique alors elle l’accepte chez elle, sinon ils en resteront là.
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