Chapitre 21 - partie 2
Descendant de sa voiture noire parfaitement entretenue, une femme en blaser tendis ses clefs à l’employé qui s’avançait vers elle souriant comme tous les jours à 8h. Elle lui sourit à son tour en se dirigeant vers l'ascenseur. Elle arriva au rez-de-chaussée à 8h02 où elle salua tour à tour chacun des employés présents en commençant par la réceptionniste. Celle-ci fière de cette considération se dandina de plaisir dans son fauteuil en levant le menton haut.
Elle traversa ainsi le hall jusqu’au second ascenseur où on lui tendit un café dans une tasse blanche et sa soucoupe à 8h10. Devant l’entrée de cette machine élévatrice, deux hommes carrés aux lunettes noires et avec une discrète oreillette lui ouvrirent les portes avant que l’un d’eux monte avec elle. Derrière elle, de manière parfaitement synchrone comme une horloge, tous les employés du hall lui souhaitèrent tous une bonne journée. C’était adorable.
Dans la lumière tamisée de la cage de métal, une petite musique douce était diffusée. Elle se mit à taper du rythme avec son pied plus par habitude par réel plaisir mélomane. Elle prit des nouvelles de la fille du garde du corps avec elle. La petite était brillante et allait sûrement passé son brevet au la main.
L'ascenseur arriva calmement au 7e. La garde la salua bien bas en lui souhaitant une bonne journée. Elle avait fini sa tasse et la tendit à un autre homme aux lunettes noires qui l’attendait derrière ces portes. Dans le couloir qui la menait à son bureau, tous la saluèrent bien bas. Certain épris d’un élan de zèle avait presque le nez par terre. Elle aurait pu apprécier cette soumission extrême, mais elle préférait une réelle loyauté à ce genre d’hypocrisie.
Pile à l’heure, elle arriva à 8h17 devant la porte en bois laqué du vestibule de son bureau, mais aujourd’hui quelque chose n’allait pas.
Dès qu’elle entra, son secrétaire gigotait d’angoisse comme un ver de terre.
Elle détestait quand il faisait ça, la femme le regarda d’un air dur, espérant qu’il se redresse.
Au contraire, il s’approcha gigotant de plus belle.
— Madame, je suis vraiment désolé. Si nous avions su...
— Su quoi ? le coupa-t-elle. Il sursauta.
— Un paquet est arrivé à votre nom...
D’un coup un éclair d’inquiétude lui vint, avait-on tenté de la piéger. Elle marcha d’un pas rapide jusqu’à la porte de son bureau. La pièce était nickel. Parfaitement rangé, tout semblait à sa place.
Elle regarda perplexe son secrétaire, s’avança vers son bureau et s’assit dessus comme elle s’asseyait toujours à 8h19. Cependant, aujourd’hui il était 8h20.
Et il y avait une tache de sang sur son bureau.
Ce n’était pas vraiment une tache de sang, mais plutôt une trace de tache de sang qui avait tenté d’être effacée, depuis le temps elle avait appris à faire la différence.
— Un paquet est arrivé à mon nom et …
— Oui, oui… Pardon. Il est arrivé à votre nom et je l’ai posé sur votre bureau. Puis environ dix minutes plus tard quand je suis passé vous déposer un message. Du groupe de Hellmira, je l’ai posé à droite, passa-t-il du coq-à-l'âne en montrant du doigt un petit post-it. C’est là que je me suis rendu compte que le paquet saignait, annonça-t-il paniquer.
— Saignait ? demanda-t-elle amusé de la réaction exagérée de celui-ci. Il était évident de savoir pourquoi ce paquet saignait, mais celui-ci dans cette naïveté qu’elle avait trouvée touchante, il semblait l’ignorer et imaginer un quelconque tour de magie.
Il secoua la tête, d’un oui terrorisé.
— Amenez-le-moi. Et appeler aussi Ta-ron.
— Oui madame.
Elle sortit de son sac une lotion hydroalcoolique pour nettoyer cette tache qui gâchait la propreté de son bureau en bois ciré.
Quelques minutes plus tard, un immense troll entra dans la pièce manquant de se cogner à l’encadrement de la porte.
— Madame, le moustique m’a expliqué. Vous allez bien ?
— Oui. Le paquet.
Il hocha de la tête, en approchant le petit carton teinté de rouge. Il sortit de sa poche un mouchoir qu’il posa sur le bureau avant de poser dessus le paquet.
— Désolé de te déranger alors que tu ranges tes affaires, s’excusa sincèrement la femme.
— Ce n’est rien boss, j’étais juste en train d’expliquer à Ortega, mon remplaçant certaines spécificités du travail.
Morretti sourit de l’attention de Ta-ron pour son départ. Il aurait pu partir dès qu’elle lui avait donné l’autorisation, mais non, Ta-ron n’était pas comme ça. Il avait voulu partir seulement quand son successeur serait désigné, il voulait lui enseigner les ficelles du poste pour que la transition soit parfaite. Toute cette prévenance lui manquait déjà.
— Pardon madame, mais est-ce que ça vous gène si Ortega entre pour voir la procédure ?
— Oui, c’est bien qu’il te suive pour voir comment cela fonctionne.
Ta-ron sortit aller chercher l’homme en question.
Lorsqu’il arriva, Ta-ron s’avança et ouvrit le paquet. Au milieu de pellicule de carton, tel un oeuf dans un nid trônait un doigt coupé et un mot.
— Fait chier ! cracha la femme. Il est à qui ?
Ta-ron prit le mot et le lut à voix haute.
“Tu crois qu’on n’aurait pas remarqué, salle pouffiasse. On a ton homme et bientôt tu lécheras nos bottes pour nous supplier de te garder dans la famille. Tes jours sont comptés, bientôt ce sera nous les boss.”
À chaque gros mot et insulte, il baissait le ton et grognait de mépris. En tant normal, cela aurait amusé Moretti, mais là non.
— c’est signer ? questionna Ortega.
— Non.
Ta-ron se tourna vers son chef. Malgré son masque d'impassibilité, il la connaissait suffisamment pour voir une certaine inquiétude. De quoi était-elle inquiète ? Et surtout, elle savait de quoi parlaient ces crétins ?
— Boss ? Vous savez de quoi il parle ?
— Oui, soupira-t-elle. Depuis quelque temps, je suspecte que quelqu’un détourne certain de nos hommes pour créer leur propre gang.
Ta-ron écarquilla les yeux pas à cause de cette révélation, ce genre d’évènement arrivait malheureusement souvent, mais il était plutôt surpris, car elle lui avait caché cela. À lui, son bras droit. Peut-être, car il partait ? Il se sentit d’un coup bien vide, comme si on venait de lui arracher quelque chose. Le voilà mis de côté. Puis, il grogna de colère par ce manque de respect envers la bonté que le boss avait pu faire preuve avec tous les membres de ce gang, quelle bande d’ingrats. Puis il reprit d’une voix sûre :
— Oh ! Ils prennent la grosse tête et veulent prendre votre place. Ça arrive souvent, rien d’inquiétant, on les matera en deux trois mouvements.
Il n’était pas encore parti, pas encore. Et on ne le mettrait pas de côté tant que ce ne sera pas son dernier jour.
— En principe oui, mais ils ont récupérer un trop gros chargement d’arme, et ils semblent être soutenu par un gang rival qui lui fournisse un brin de leur territoire pour qu’ils soient hors de notre portée, répondit-elle.
— On dirait que vous vous êtes bien renseigné.
— Oui, grâce à lui, dit-elle en montrant le doigt.
— Qui ? s’inquiétait-il en le laissant transparaître plus qu’il ne le voulait dans le ton de sa voix.
— Il fallait quelqu’un de confiance pour débusquer les traîtres de notre organisation.
Elle vit dans les yeux du troll une certaine tristesse de ne pas avoir été choisi.
Pas l’un des notre, il fallait qu’il soit de l’extérieur, pour que personne ne le connaisse.
— Qui ? demanda-t-il de nouveau. Il observa de nouveau cette inquiétude.
—Un des associés de Faith.
Le troll fronça des sourcils. Ce n’était pas une bonne nouvelle. Le perdre signifierait qu’ils allaient le payer cher.
— On va régler ça, annonça-t-il d’une voix confiante.
— Ne prends que des hommes et femmes de confiances, et surtout pas un mot à Faith. Vaut mieux pas qu’elle l’apprenne, sourit Morretti de l’assurance de son bientôt-ancien bras droit.
— Oui, madame.
Ils saluèrent avant de repartirent.
Dès qu’ils eurent fermé la porte, elle s’affala dans son fauteuil et se mis à le tourner frénétiquement en s’arrachant avec les dents la peau autour de ses ongles.
Annotations
Versions