Moretti, sale vipère, tu vas me le payer d’avoir caché cela. Mais d’abord Tobias. Une vague d’angoisse l’envahit surplombant la colère qu’elle ressentait. Tout est de ma faute, je n’aurais jamais dû lui confier ce boulot. Bon sang, faite qu’il soit encore en vie, supplia-t-elle

Il fallait d’abord savoir où il pouvait être enfermé.

Selon Ortega et les informations qu’avait récoltées Tobias, le gang se basait près du fleuve à la limite du territoire de Moretti et des “Fate eater”. C’était ce gang-là qui apportait officieusement leur aide à ces rebelles. Le problème c’est que cette frontière s’étalait sur sept bons kilomètres de labyrinthe d’immeuble, de squat et d'entrepôts. Idéal pour perdre son temps pendant que son ami subissait je ne sais quoi.

En plus, à peine Ta-ron et son groupe d’intervention commenceraient à se balader là-bas, les rebelles réagiraient immédiatement, en tuant leur otage par exemple.

Il fallait, non, elle devait intervenir avant.

Elle appela Rémy pour lui demander de tracer le chemin de Tobias grâce au GPS de son téléphone. Selon celle-ci, il semblait souvent rester plusieurs heures durant dans un immeuble abandonné. Selon Rémy, il était clair que c’était bizarre. Faith lui demanda ce qu’il y avait dans les alentours, car pour elle il était clair qu’il était en planque, maintenant il fallait savoir ce qu’il observait.

Rémy insista pour qu’elle s’achète avant ça un kit mains libres pour qu’elle puisse rester en contact lors de l’opération. Rémy malgré la situation alarmante et ces derniers jours qui avaient été affreux tentait changer certaine chose pour se changer les idées. Faith accepta ce nouvel objet technologique démoniaque quand elle lui annonça “c’est le Conseil qui paye”, et puis celle-ci n’était pas trop d’humeur à titiller sur sa technophobie.

Les lieux n’avaient rien de spécial. Entre un coiffeur, cinq immeubles, une supérette et une laverie, le coin était juste une petite place sans rien de particulier. Pas de bar louche, ou de ruelle sombre, non, juste un quartier résidentiel. Cela exaspérait Faith que cela ne soit pas évident, elle n’avait pas de temps à perdre en enquête et jeu de piste. Elle devait le retrouver, et vite. Pourquoi n’y avait-il pas une belle cible sur ce que Tobias pouvait bien observer dans le coin ?

Elle repéra facilement le lieu où Tobias avait tenu sa planque, grâce aux caméras aux alentours. Après plusieurs hypothèses de quels étages il se trouvait, elles se mirent d’accord pour le 4e qui permettait une bonne vision sans être vu. De là, les choses furent un peu plus compliquées. Il fallut trouver des traces de passages et la présence de Tobias près d’une des fenêtres pour voir dans quelle direction il observait et surtout repérer sa cible.

Finalement, grâce à quelques petits indices : un manque de poussière au sol plus important que les autres et un mur un peu poli et sale par le frottement du dos de Tobias dessus. Elle paria sur la deuxième fenêtre de la façade droite. De là, il y avait une parfaite vue sur la laverie et la supérette. Il fallait en éliminer une.

Une illumination lui vint, reconstituant la scène, elle s’assit au sol, le dos contre le mur et regarda du coin de l’œil dans la fenêtre.

Elle sourit. La cible c’était la supérette.

Faith à peine fut-elle entrée qu’elle attrapa par l’encolure le gérant et le projeta contre une de ses étagères. Les clients surpris s’enfuirent à toutes jambes. Les gens du quartier, habitués à cette violence, avaient heureusement acquis des réflexes en cas de problème : fuir, se cacher et attendre que ça passe, et surtout ne pas appeler ni la police ni qui que ce soit pour éviter les représailles. Ce dernier point arrangeait bien Faith à vrai dire.

— Qu’est ce que vous cachez ?

— Je ne vois pas de quoi vous parlez.

— La base du groupe de rebelle contre les “Mors proles” où est leur base ?

Son visage changea. Ses muscles se contractèrent, il leva le menton et ses yeux deviennent noirs de défi et de colère. Il savait de quoi elle parlait. Et il savait qu’elle savait qu'il savait de quoi elle parlait.

Elle sourit.

— Où est leur base ?

— J’sais pas, répondit-il d’une voix rauque et insolente.

Elle attrapa un quelconque objet au sol et le frappa avec.

— Où est leur base ? répéta-t-elle.

— J’sais pas, répondit-il encore toujours de cette voix rauque et insolente.

Elle le refrappa.

— Où garde-t-il leurs prisonniers ?

— J’sais pas.

Il se reprit un coup dans la tête cette fois-ci.

— Où est leur base ?

Il se contenta de rire.

L’objet se brisa en le frappa lui déchirant la lèvre.

Il lui cracha du sang sur elle.

— Oh ! On joue les durs, ricana-t-elle avec un regard de glace.

— Quoique tu pourras me faire fillette, je te dirais rien. Il attrapa sa manche et la souleva révélant d’horribles marques et d’anciennes cicatrices.

— Un vétéran ? supposa-t-elle au vu de l'obstination et flegme du vieil homme.

— Ouais, et je peux t’assurer que toutes les horreurs que tu voudras me faire je les ai déjà subis et voir pire.

Elle se contenta de sourire, elle coupa la connexion avec Rémy.

Cinq minutes plus tard, le magasin était en flamme. Au milieu de l’essence que Faith avait répandu qui s’enflammait à toute vitesse, elle chuchotait à l’oreille de l’homme. Le visage du vétéran semblait décomposer par la peur. Satisfaite, elle le traîna dehors.

— Maintenant, parle, lui ordonna-t-elle.

Selon le gérant en larme, l’épicerie faisait partie du réseau visant à déplacer discrètement des armes dans le quartier. Il y avait en dessous de vastes tunnels qui rejoignaient les égouts pour parcourir toute la surface souterraine du lieu, il y avait aussi de nombreuses caches d’armes et de planques. Un parfait arsenal de rebelle. Une des galeries menait de cette échoppe jusqu’à la base actuelle de ce groupuscule.

L’idéal serait de prendre une de ces galeries pour aller à l'entrepôt, mais rien ne dit qu’elle n’était pas surveillée.

Il fallait passer par les galeries et l’entrée et il ne serait pas trop de deux pour faire ça. Heureusement, elle avait pris de quoi partir en guerre, pensa-t-elle en tapotant son sac.

Maintenant, il fallait bouger et vite avant que le groupe de Moretti les rattrape.

Elle ralluma l’oreillette de Rémy et lui expliqua la suite des opérations.

Rémy se contenta de meumeumer pour acquiescer, incapable de faire plus.

Devant son écran, elle voyait les images des caméras aux alentours qui lui retransmettaient le feu.

Elle est folle. Cette femme est dangereuse. Qu’est-ce que je fais avec elle, paniquait-elle en posant sa main sur sa bouche pour le pas hurler ou se mettre à pleurer d’effrois.

Dans l’oreillette, elle l'entendit chantonner : “...Burn, baby, burn !…”.