Chapitre 23 - partie 1
Assis sur un bloc de béton, l’homme décortiquait un bout de papier le modulant, le pliant à ses désirs. Satisfait de la forme, il ajouta cette petite grenouille en origami au reste. À côté de lui trônait une dizaine de ces petits animaux encerclant son pistolet ruitelan.
Il fouilla dans ses poches et ressortit cette fois un ticket. Ça ferait l’affaire.
Il réfléchit à la forme, puis se lança ses doigts dans une nouvelle danse de papier.
Soudain, un bruit pétaradant le fit sursauter. Lâchant son chien en papier à en devenir, il scruta autour de lui attrapant menaçant son arme. Il commença à faire quelques pas marchant au passage sur le pauvre être de papier.
Il s’approcha de la source du son.
Quand il arriva, il vit un des “hiboux” un patrouilleur comme lui assommé et salement brûlé. Autour de lui, le sol avait noirci. Il renifla l’odeur de poudre. Pas bon.
Il observa un petit dispositif incendiaire éclaté en morceau qui semblait avoir été relié à un fil.
De mieux en mieux. Vaut mieux prévenir tout le monde. Faut retrouver ce bâtard en espérant qu’il est tout seul. Mais faut se méfier, Les Mors proles nous ont peut-être trouvés.
Il prit dans sa poche son talkie-walkie et appela un “chien de garde”. Son collègue bien plus armé que lui ne mit pas longtemps à le rejoindre.
— Quelqu’un veut notre peau, dit le “hibou” en pointant le dispositif au “chien”. Celui-ci hocha la tête gravement.
— T’a prévenu ?
— Bien sûr, répondit-il insulté par ce manque de professionnalisme qu’on lui attribuait.
— On part en chasse.
Le “chien” approcha son talkie-walkie de sa bouche et ordonna “Bon les mecs on a groupe de connards qui veulent jouer au plus malin. Méfiez-vous on sait pas combien ils sont, donc déglinguer tout ce qui paraît suspect. Fouillez chaque recoin et faites un rapport des zones “nettoyées”. On fait ça proprement et rapidement. Franck dit à tes hommes de…”
Une balle dans la tête coupa net la conversation, une autre la suivis de quelques secondes et frappa le hibou à la gorge qui s’écroula en hurlant et en convulsant.
Sur son toit, Eho rechargea rapidement.
Ça devrait attirer leur attention. Maintenant, faisons-les courir un peu.
———
Dans le tunnel, Faith sentit les vibrations de la première explosion suivis d’une autre quelques minutes plus tard.
Par la déesse, Eho a piégé le coin ! Je lui avais demandé une diversion je sais, mais là c’est juste… trop. Et puis elle les sortait d’où ces explosifs ? ça m’étonnerait que Decker la laisse entreposer ça dans sa cave. Bon, on s’occupera de ça après. Avec ce bazar, on risque d’attirer le gang Molines plus rapidement.
Elle accéléra le pas. Elle sortit de sa poche une sphère argenté métallique couverte de runes gravées. Elle déplaça son pouce jusqu’à un creux qui contenait deux boutons. Elle activa le premier. Les plaques de métal qui composait la surface de la sphère se mit se soulevèrent laissant un fin espace entre elles. Dans cet espace, une faible lumière bleue se mit à s’allumer accompagné d’un bourdonnement.
———
Eho jouait au chat et à la souris. Bien que les autres pensent le contraire. Mais non, c’était bien elle le chat, et un excellent chat. Rapide, changeant de position continuellement, elle était insaisissable. Il passait leur temps à l’entrevoir sans la voir. Bien qu’elle soit particulièrement douée dans ce genre de “guérilla” Eho n’aimait pas ce genre de pratique. Pour elle, dans le combat, l’honneur n’était présent que lorsqu’on affrontait son ennemi à armes égales face à face comme dans un duel. C’est ce que Decker lui avait appris, et ça l’avait sauvé.
Au détour d’un croisement, elle sauta pour atteindre une échelle de secours et se mit à l’escalader avant de se ruer par une fenêtre juste avant que ses poursuivants n’arrivent. Disparaissant de leur vue, elle en profitant pour recharger ses armes.
Elle les attaquait tellement sur tous les fronts que ces pauvres souris pensaient qu’ils étaient nombreux à les attaquer. Selon Rémy, la voix de l’oreillette qui avait piraté leur communication, ils imaginaient qu’ils étaient au moins cinq.
À peine commençait-elle à reprendre une respiration plus normale, qu’elle décida de repartir. Pas question de laisser ses muscles se refroidir.
C’était un équilibre subtil, ils fallaient qu’ils sortent tous de l'entrepôt pour laisser le chemin libre à Faith, mais en même temps ne pas les effrayer pour pas qu’ils prennent la fuite et disparaissent avec l’otage. Elle n’avait pas rencontré beaucoup de fois ce Tobias, mais il semblait être un vieil ami à Faith, autant qu’elle est vraiment “d’ami”. Cette femme ne s’attachait vraiment à personne. Elle était loyale, s’énerverait pour toi, mais ne pleurait pas ta mort. D’une certaine manière, ça lui rappelait un peu Tim. Il avait été soldat et même maintenant après des années sans qu’il ait mis un pied sur-le-champ de bataille il avait toujours cette distance étrange avec la mort. Comme une vieille amie qu’il ignorait. Elle ne rappelait pas l’avoir vue pleurer un jour, être triste oui, mais jamais verser des larmes. Tout comme Faith.
Quant à cet ami, il lui semblait juste être un petit délinquant, mais avec elle doit bien l’avouer une loyauté très attachante. Sur ce point il lui rappelait princesse, son adorable pitbull. Il suivait tout le monde avec ces grands yeux noirs humides comme un bébé canard. Elle l’avait vu ce matin, mais il lui manquait déjà.
Il était temps de faire encore un peu plus de bruit
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