Chapitre 23 - partie 3
Son corps agile et indomptable qui faisait autrefois sa fierté était aujourd’hui défiguré.
Il semblait plus maigre, les vêtements déchiré et sale. Un air d’épuisement lui faisait ressembler à un vieillard aux portes de la mort. Faith peinait à le reconnaître.
Même si certaines faerie étaient connues pour être plus costaudes que les humains, les tâches de sang au sol ne la rassuraient guère.
Les jambes tremblantes, elle s’approcha de lui terrorisée à l’idée de découvrir qu’il était mort.
Lorsqu’elle toucha sa peau rougie par le sang séché. Des larmes se mirent à rouler sur ses joues.
Soudain, son coeur se mit à rebattre la chamade, lorsqu’elle sentit son souffle.
Il était si faible, mais il était vivant. Il était vivant.
Elle éclata en sanglots alors qu’elle le détachait. Pour finalement le serrer contre elle.
Il était bien dans ses bras. Il était dans ses bras. Ce n’était pas une illusion et il était vivant.
Le visage de Tobias se crispa, quand elle l’étreignit. Aussitôt, elle le relâcha doucement. Il ouvrit les yeux le regard embué.
— Tu vas bien ? bredouilla-t-elle.
— C’est rien. Ne t’inquiète pas, murmura-t-il d’une voix étrangement rauque.
— Je vais bien si tu vas bien. Alors ?
— Alors tu vas mal, je sens plus mes doigts de pieds. Ils sont encore là ? tenta-t-il de plaisanter. Mais dans son ton enroué, Faith entendit une inquiétude réelle.
— Oui, ils sont encore là, le rassura-t-elle.
— Ismara merci. Il y a quelque chose d’autre qu’il manque ?
— Je ne crois pas, mis à part un de tes petits doigts.
— T’as bien regardé partout ?
— Je pense sauf pour un endroit, mais il faut qu’on soit en privé pour cela, s’essaya-t-elle maladroitement de plaisanter à son tour.
Il émit un petit rire entrecoupé de toussotements de douleur. Faith fronça les sourcils. La rage de le voir souffrir lui revenait en plein fouet.
Il sourit, ses dents étaient maculées de sang.
— Ne me fait pas rire, espèce de bourreau. Ça fait super mal, je dois avoir les côtes cassées.
— D’ici quelques jours, cela ira mieux.
— Les avantages d’un super métabolisme de Faerie. T’a retrouvé ma peau?
— Oui, elle était dans la salle à côté.
— Ils ne l’ont pas abîmé, demanda-t-il la voix tremblante d’inquiétude.
— Un peu taché, c’est tout.
Il eut un soupir de soulagement sincère.
— Tu peux aller me la chercher.
— Je ne te laisse pas seul !
— J’y compte bien, mais va me la chercher quand même. C’est très désagréable comme sensation d’en être séparé.
Dans ces yeux, il y avait comme une supplication, Faith ne put y résister. Bien qu’hésitante, elle disparut chercher sa peau.
Il s’agissait d’une superbe fourrure marron-gris, aux reflets argentés. Habituellement parfaitement entretenue, elle avait subi elle aussi le contrecoup de ces quelques jours. Elle semblait moins brillante que d'habitude comme pleine de poussière. On n’y voyait aussi quelques tâches séchées qui collaient des touffes de poils entre eux.
Les yeux de Tobias brillèrent en la voyant et il la serra contre lui comme un gamin avec sa peluche. Faith en fut presque jalouse, mais qu’importe, il était en vie.
Le soulagement qu’elle ressentait était si extrême que tout à côté semblait plat, éphémère, sans aucune importance.
Peu après avoir chargé Tobias dans un véhicule, elle revient dans la pièce principale de l'entrepôt. Rassurée de n’avoir vu aucune blessure mortelle et profitant qu’il se soit rendormie, elle partit en quête de l’autre membre de son équipe. Il était temps de partir. Elle remarqua que les kidnappeurs avaient rampé pour s’enfuir ou récupérer leurs armes, mais un élément imprévisible les en avait empêchés. Et cet élément était assis sur la rambarde laissait pendre ses pieds dans le vide.
— Alors, on abandonne ceux de dehors ? lui demanda Faith.
Eho eut le regard rassuré en la voyant.
Ça va, je m’en suis très bien sorti, répondit la détective.
Elle leva un sourcil peu convaincu, puis fit un signe de tête en direction d’un des hommes qui avait réussi à récupérer son arme et qu’elle avait abattu.
Faith leva les yeux au ciel.
— La prochaine fois, fais-moi plaisir : ne fais pas que donner un coup de pied dans les armes, récupère-les, lui conseilla Eho.
Où avait-elle donc appris tout cela. Pas le coup de pieds, ça, c'était juste une preuve de logique, mais de réussir à mettre à terre seule une petite armée. Non seulement elle avait réussi à gérer tous les gardes à l’extérieur, mais en plus, elle avait eu le temps de venir ici pour s’occuper de cela. Les forces spéciales de tous les pays tueraient pour avoir un agent humain comme cela.
Faith se sentit contente de l’avoir à ces côtés plutôt que dans le camp adverse.
Eho montra la sphère argentée du doigt avant de lui demander :
— Comment as-tu eu ça ?
— Oh le sable mimique.
Eho frotta ses mains sur les tempes. À l’oreillette Rémy s’exclama :
— Du sable mimique, mais il s’agit d’un objet magique !
Faith soupira, elle l’avait oublié celle-là.
Les objets magiques ne sont pas censés être si contrôlés qu’il est presque impossible d’avoir une licence sans payer le PIB d’une région.
— Tu exagères. Seulement quelques milliers d’euros. Et puis dans mon cas, ça n’a été que des ficelles à tirer.
— Attends, en plus le sable mimique ce n’est pas une arme de guerre ?
— Non, c’est juste un hologramme en plus réel. Cela n’a rien de dangereux.
— C’est une arme de défense, mais c’est quand considéré comme une arme de guerre. Donc, je résume, une scanphère alors que tu ne fais pas partie des forces de l’ordre et un artéfact de guerre. Est-ce que je dois m’inquiéter de voir débarquer le SCOMD* pour m'interroger sur le sujet ?
Faith ne prit même pas la peine de répondre, préférant demander à Eho de commencer à rapidement fouiller l’endroit pendant qu’elle faisait des soins d’urgence à Tobias.
* SCOMD : service de contrôle des objets magiques dangereux
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