Si, le temps d'un jour seulement, la presse diffusait seulement de bonnes nouvelles au travers de ses lignes, alors la face du monde changerait.

Voilà plusieurs minutes que je lisais le journal trouvé sur cette table de café, en attendant mon double expresso. Des mauvaises nouvelles partout sauf peut-être l’annonce de l’inauguration d’un mémorial pour fêter les soixante-dix ans de la fin de la guerre… et encore. Voilà pourquoi je n’aimais pas découvrir les informations, c’était déprimant. Mais bon, au fond, ça ne m’intéressait pas, je les survolais que pour me donner un air intelligent. J’espérais ainsi attirer la beauté scandinave assise une table à côté.

Entre des coups d’œil et de longs sourires, j’en profitais pour observer son visage d’ange et ses doigts de pianiste. Je n’étais pas spécialement fan des monstres, mais celle-là pouvait bien me croquer. Entre sa beauté suédoise et sa queue de renard battant la mesure doucement, cette huldras était d’une grâce envoutante. Lorsqu’elle me rendit un sourire, je n’attendis pas une seconde de plus pour la rejoindre en abordant mon regard le plus charmeur.

Mon regard fut attiré un instant par le comportement étrange d’une femme aux cheveux noirs. Alors qu’elle courait, elle s’arrêta soudainement sur le trottoir d'en face pour regarder partout avant de lever les yeux.

Bizarre mais qu’importe, ma créature du nord m’appelait.

Un sifflement de chute libre sortit de nulle part agressa mes oreilles. Puis se furent des cris tout autour de moi. Je cherchais du regard la source de cette panique quand tout à coup le sifflement cessa par un craquement : c’était comme un bruit d’une centaine de branches qui se cassent. Non c’était plus terrifiant, mon corps frémit comme jamais en l’entendant.

Ce son inconnu m'était atroce. La belle blonde se leva en hurlant, le visage défiguré par la terreur. Sur une des tables devant, une forme disloquée et dégoulinante s’était écrasée. Mon sang se glaça en comprenant ce que c’était.

Mes jambes devinrent flageolantes, je respirais à peine, et mes oreilles sifflaient si fort que les cris des passants étaient en sourdine. Je vis mes mains, mes jambes éclaboussées de tâches rouges grandissantes. Oh Protecteur tout puissant, c’était du sang. Je tentai de pousser un cri mais en vain. Du sang. Il y avait du sang sur moi.

La blonde avait fui, mais qu’importe, je ne pouvais plus bouger, hanté par la vision de cet homme tombé du ciel qui était pareil à une poupée désarticulée et maculée de sang.

À côté de moi, quelqu’un avait sorti son smartphone et s’était mis à filmer la scène.

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Cette version à été faite grâce à la correction de @Nyctophylax, @Non-Lus, @Leo, @Merlora, @Julie Zmyslony, @Justine Vives et @Clem Rouet que je remercie grandement.

* huldras = êtres surnaturels issus du folklore norvégien et suedois. Fée à l’apparence humaine aimant se travestir en bergères pour séduire les jeunes pâtres, avec soit une queue de vache (Norvège) ou de renard (Suède) selon le pays.

Les hommes de ce peuple sont appelés des huldres.