Nous, Janus de Lescran, capitaine de la goélette l’ « Intrépide », en ce jour cinquième de mars de l’an de grâce mille six cent trente-trois, vous faisons rapport de notre périple sur les mers du globe. Nous avons amassé maints trésors faits d’or, de pierres et perles précieuses. Pourtant, aucun de ces coffres n’a de valeur. Nous avons déjà avant notre départ trouvé parangon parfait. Nous vous en faisons récit :

« Vous n’imaginez pas, humains, l’immensité faite Homme. De vils antrustions de la concupiscence, vous deviendrez radieux Ulysses lorsque Ses yeux abstrus s’empareront de votre cœur ignorant Son monde protéiforme. Homère vous conte des épopées d’hommes et de dieux, alors que moi c'est une odyssée vers l’Absolu Masculin. Moi simple mortel Lui ai donné mon immarcescible amour. Il a daigné m’ajouter à Son infinité.

Un Obélisque dédié à Antéros s’érige devant vos yeux. Colossale est la force du désir qui émane de Sa chair. Après quelques baisers humides, Sa divine cavité cyclopéenne m’ingurgite corps et âme. Tel Phaéton s’élançant dans le nitescent chariot d’or, de béryl et de pyrope, dérobé à Hélios, tiré par quatre chevaux ailés, le Brillant, le Brûlant, l’Éclatant et l’Oriental, je tourne autour de la Terre de l’aurore au crépuscule. J’incendierai tout s’Il le désire.

Loin de Lui, dans l’abstinence, s’est encore avec Lui que mon cerveau se plonge irrémédiablement en extases mille fois renouvelées. »