Chapitre 9 - Alice

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An 500 après le Grand Désastre, 2e mois du printemps, Kol Sak, Mor Avi.

Ébahie, je ne répondis pas tout de suite à Kol Zou. Soraya était tout aussi immobile, ses mains graciles figées en plein enroulage d’une mèche de cheveux. On aurait pu croire que Kan elle-même l’avait coincée dans le temps.

— Êtes-vous… finit par souffler timidement la Sudiste en se penchant légèrement. Êtes-vous Kol ?

La poitrine comprimée, je dévisageai la Gardienne à la recherche d’informations. Elle avait pris un aspect un peu figé : ses yeux ne nous regardaient pas directement, ses traits étaient d’une neutralité déroutante et ses lèvres ne cillaient pas.

— Je m’adresse à vous par le biais de Kol Zou, reprit celle-ci d’une voix posée, égale. Mais elle peut m’entendre et m’interrompre ; tel est son droit alors que je prends possession de son enveloppe.

Comprenant que nous faisions bel et bien face à un Dieu, Soraya et moi nous inclinâmes en déglutissant péniblement. Comment se comportaient les divinités aviriennes en présences des Humains ? Attendaient-elles de nous dévotion et respect ? Ou un traitement d’égal à égal ?

— Nous… nous sommes honorées de votre présence et de votre intérêt, murmurai-je d’un ton étranglé d’anxiété.

— Redressez-vous, enfants Oneiriannes, nous intima la divinité sans brusquerie. M’incarner dans mes Gardiens les vide de leur force, alors je serai bref.

Intimidée, je hochai la tête et m’efforçai à la plus grande concentration. Même si j’avais déjà côtoyé et interagi avec des Dieux, je n’en étais pas moins anxieuse. Admiration, crainte, espoir et honte s’entrecroisaient en moi, faisant trembler mes mains et s’acharner mon cœur. Je craignais de reprendre la parole, pourtant Kol Zou ne disait toujours rien.

Soraya se replaça précautionneusement sur ses jambes avant de s’enquérir avec respect :

— De quoi vouliez-vous nous entretenir ?

Les prunelles sombres de Kol Zou n’avaient pas quitté leur point d’ancrage, une zone indistincte entre les épaules de la Sudiste et les miennes. Même lorsqu’elle ouvrit la bouche pour répondre, ses yeux ne bougèrent pas.

— J’ai perçu vos angoisses et vos interrogations par le biais de ma Gardienne. J’ai entendu votre histoire et vos espoirs. J’ai un message à vous transmettre.

Plus pâle qu’à son habitude, Soraya inclina légèrement le menton pour inviter la divinité à poursuivre.

— Il se pourrait que votre Déesse du Temps, Kan, se soit effectivement exilée à Mor Avi suite à la trahison et aux machinations de vos ancêtres. (Ce qui ressemblait à un sourire étira maladroitement les lèvres de Kol Zou.) Il me semble que c’est d’ailleurs cette divinité qui m’a permis de connaître l’oneirian.

Déconcertées, Soraya et moi échangeâmes un bref regard médusé avant de réaccorder notre attention à Kol. L’ébauche de sourire avait disparu, mais le visage de la Gardienne conservait son impassibilité.

— Kan est une essence familière, avoua la divinité d’un ton bienveillant. Si je la sens se rapprocher de moi à l’avenir, je l’informerai de votre venue.

— Vous l’avez donc déjà rencontrée ? m’enquis-je avec un mélange de surprise et d’enthousiasme.

Je me maudis aussitôt de mon impolitesse et me recroquevillai, priant que Kol s’en moquât. La divinité ignora heureusement mon excès d’impatience et reprit posément :

— Oui. Nous nous sommes touchés, même. C’était une essence vulnérable et en perdition, mais… sa nature profonde résonnait si bien avec la mienne que j’en ai éprouvé un vif intérêt.

Sa déclaration – si étrange, si déroutante de la part d’un Dieu étranger – me laissa interdite un moment. On aurait presque dit la rencontre de deux amants. Aussitôt, je me repris : pourquoi les Dieux ne pourraient-ils pas partager d’idylle comme nous le faisons ? Après tout, chez nous, nos Divinités Primordiales s’étaient déjà unies pour créer en tandem.

— Vous lui avez donc parlé ? l’interrogea poliment Soraya avec un sourire sincèrement ravi.

— Non, non… ce… Ce n’est pas aussi simple, entre Dieux, surtout lorsque nous sommes nés de croyances divergentes. Nous nous sommes rencontrés, touchés, identifiés… mais…

Sa phrase mourut et ses yeux vinrent nous observer tour à tour, Soraya et moi.

— Kan est là, mais pas réellement présente, murmura Kol d’un ton incertain. Il n’existe pas de mots pour décrire son existence actuelle.

La déception laissa un relent amer dans ma gorge, mais je m’efforçai de paraître enjouée en prenant la parole :

— Vous ne savez donc pas où pourrait se trouver Dame Kan en ce moment même ?

Par le biais de Kol Zou et de ses iris d’encre, la divinité m’adressa un regard perturbé.

— Je vous l’ai dit, elle est là. Elle est là, en ce moment même, mais… elle ne peut pas venir.

— Elle… est bloquée, coincée ? supposa Soraya d’un air déconfit.

— Non, Kan… Kan n’est plus vraiment consciente. Depuis quelques décennies déjà, je crois. Mais elle se réveille parfois et, dans ces moments-là, nous échangeons beaucoup.

De plus en plus perturbée, je ne répondis rien. Je ne comprenais pas grand-chose aux propos de Kol. Il semblait avoir fait la rencontre de notre Déesse, la connaître plutôt intimement et pourtant… il n’avait pas l’air en mesure de la contacter ou de lui transmettre quoi que ce fût.

— Je pourrai lui parler de vous la prochaine fois qu’elle s’éveillera, souffla Kol d’un ton légèrement pâteux. Je ne peux pas vous promettre que ce sera dans les semaines à venir, mais…

— Semaines ? le coupa Soraya avec une grimace consternée.

Loin de s’indigner de la rudesse de la Sudiste, Kol inclina la tête et murmura d’une voix fatiguée :

— Kol Zou est en train de s’épuiser, je vais devoir repartir. Sachez que j’informerai Kan de votre présence et de vos inquiétudes lorsque… si je la recroise bientôt.

Alors que son annonce noircissait soudain nos espoirs, le menton de Kol Zou tomba sur sa poitrine. Soraya et moi la rattrapâmes avant qu’elle ne s’effondrât sur le sol du temple.


Les Gardiens avaient rapidement pris en charge Kol Zou et l’avaient installée au calme dans le temple où nous avions déjeuné. Soraya et moi, conscientes des regards méfiants, voire accusateurs, qu’ils nous avaient jetés, nous étions isolées dans les jardins.

Le soleil apparaissait et disparaissait entre les nuages, jetant parfois des ombres sur les parterres de fleurs ou sur les outils de mesure du temps. Une horloge solaire était fixée à un bloc de pierre taillée à côté du banc en bois où nous nous étions installées. Je l’observais sans rien dire.

— Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris, révéla Soraya à demi-mot alors que le silence s’étirait étrangement entre nous – mélange d’espoirs confus, de doutes indéfinis et de gêne mutuelle. Toi qui as été instruite depuis ton plus jeune âge, est-ce que tu as saisi les propos de Kol ?

Je ne voyais pas en quoi mon instruction aurait pu m’aider à comprendre les propos d’une divinité inconnue, mais je ne relevai pas.

— En partie ; je ne suis pas non plus certaine d’interpréter correctement les paroles de Kol. Les divinités ne s’expriment pas vraiment comme nous, alors quand, en plus, elles sont étrangères… soufflai-je d’un ton dépité en toisant une touffe de mauvaises herbes entre mes bottines.

Se penchant en arrière pour capter le moindre petit rayon de soleil sur son visage, Soraya soupira et étendit les bras pour s’étirer.

— En tout cas, nous pouvons être certaines que Dame Kan s’est exilée à Mor Avi. Kol l’a rencontrée et a même interagi avec elle. Nous sommes sur une bonne piste, non ?

Même si je savais qu’elle insufflait à sa voix plus d’optimisme qu’elle n’en ressentait réellement, je ne pus m’empêcher de répliquer fermement :

— Une piste, oui, mais pour quels résultats ? Kol a précisé que Kan ne s’était pas manifestée depuis des décennies. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre si longtemps. À Oneiris, Aion, Lefk et Galadriel nous attendent. (Je me penchai pour arracher la touffe d’herbes entre mes pieds.) Nos familles nous attendent.

Je me rendis compte de mon erreur alors que Soraya restait aussi silencieuse que les pierres qui nous entouraient. Famille… l’ancienne Impératrice Samay avait péri dans une fausse couche, le père de Soraya – pas le même que celui de son frère – avait été assassiné au Palais d’Or et sa tante avait fui l’Empire pour échapper à un éventuel héritage du trône. Le dernier membre de la famille Samay était Dastan, l’aîné de Soraya. Un frère qui l’avait trahie et était allé jusqu’à envisager son sacrifice pour accéder au pouvoir. Un frère qui était peut-être capable de redorer l’éclat terni de l’Empire austral, mais qui n’avait pas la moindre affection pour sa cadette.

— Je suis désolée, Soraya, chuchotai-je en laissant tomber la motte de terre et d’herbes écrasées entre mes doigts. Je n’avais pas pensé à…

… à l’absence de ton foyer.

Grimaçante, je priai en silence qu’elle me pardonnât ma maladresse. Je tressaillis quand elle posa sa paume tiède sur mon épaule puis tournai la tête dans sa direction, déconfite.

— Alice, même si… personne ne m’attend à Oneiris, je ne compte pas non plus m’éterniser à Mor Avi. Quand je t’ai demandé de me laisser t’accompagner, il y a des mois, je me suis fait la promesse de ne pas être un fardeau. Je l’ai déjà été pour mon Empire, je ne veux pas l’être pour mon amie. Alors ne t’en fais pas pour moi, je t’en prie.

Ses propos me cinglèrent le cœur et manquèrent m’arracher des larmes. Avant elle, je n’avais jamais eu de véritables compagnons de confiance. Les demoiselles et jeunes hommes que j’avais rencontrés pendant mon enfance et mon adolescence au château ne m’avaient jamais touchée. Lorsqu’enfin je trouvais un esprit qui semblait résonner avec le mien, le ou la jeune Noble devait repartir pour ses terres et seules restaient les lettres de courtoisie et d’obligation.

— Et puis, même si je n’ai pas de famille qui attend mon retour, ce n’est pas ton cas, reprit Soraya avec conviction. Il est plus que temps que tu retournes auprès des tiens, de ta mère et de ton frère, que tu retrouves ton Royaume et ses sujets.

Alors qu’elle ouvrait la bouche pour poursuivre, je l’interrompis en venant l’entourer de mes bras. Mon front cogna son épaule ronde et mes bras enserrèrent maladroitement son torse. Une princesse Occidentale ne s’amusait pas à étreindre ses proches à tout-va et jamais je n’avais réalisé la mesure de cette bêtise.

— Merci, me contentai-je de soupirer en la lâchant.

Mais elle rattrapa ma main et m’étreignit contre elle avec une étonnante possessivité. J’eus soudain l’impression d’avoir une grande sœur et la pensée m’arracha un sourire soulagé.

— Merci à toi, Lice.

Elle embrassa gentiment mon crâne et me relâcha. J’avais les joues humides, mais je les essuyai sans un mot. Même si Soraya avait parfois une présence écrasante, elle était aussi indéniablement rassurante. Je ne m’estimais pas assez forte pour croire que je pouvais m’en sortir seule. Jusqu’ici, j’avais toujours été accompagnée : ma famille, Achalmy, Zane Soho ou le chef de troupe Errick… Je n’aurais jamais été la hauteur du voyage à Mor Avi sans Soraya. Son impulsivité complétait ma prudence, son audace ajustait ma réserve et son honnêteté pouvait déverrouiller les silences de ma politesse.

Elle était bien plus précieuse qu’elle ne le pensait, mais n’avait jamais eu la bonne place pour en prendre conscience.

— Et… finit par souffler Soraya après une longue minute de silence. Que faisons-nous pour Kan ? Tu crois que nous pourrions demander à Kol d’essayer de la contacter ?

Songeuse, je ne répondis pas tout de suite, suivant des yeux l’aiguille d’une horloge installée sur une tablette en bois verni à quelques mètres. Le Temps… Les Aviriens le considéraient-ils au moins de la même manière que nous ? Voyaient-ils dans le défilement des saisons la progression de l’humanité ou n’était-ce qu’une notion de mesure abstraite ?

Comme mes jambes s’étaient mises à fourmiller, je me levai et fis quelques pas sur le sentier de graviers. Le soleil réchauffait ma peau là où elle n’était pas protégée et avait fait sortir les oiseaux et insectes qui gazouillaient librement.

Kol a affirmé que Kan existait, mais… n’était pas joignable. Et si Kol était dans l’impossibilité d’interagir avec elle de son plein gré ? Peut-être que Kan s’isole et ne se manifeste que lorsqu’elle en a le besoin ou l’envie.

La tête de nouveau penchée en arrière pour profiter des rayons solaires, Soraya affichait une mine songeuse et dubitative. Comme elle ne répondait rien, je continuai sur ma lancée :

— Or, une entité comme Kan ne pourrait subsister à Mor Avi sans prières. Dans ce cas-là, comment a-t-elle fait pour continuer d’exister ?

Soraya redressa légèrement le cou pour marmonner :

— Elle s’est fait passer pour une divinité avirienne ?

Étonnée, je la dévisageai en silence. Comment une Déesse oneirianne pourrait-elle se faire passer pour avirienne ? Comme les Aviriens priaient les entités qu’ils estimaient leur correspondre, Kan ne pouvait s’être bâti seule un culte.

— Et si Kan avait… s’était intégrée au culte de Kol ? soufflai-je doucement en m’approchant de la Sudiste.

Elle tira la moue lorsqu’un nuage masqua le soleil puis glissa son regard mordoré sur moi.

— D’après toi, Kan se serait fondue dans l’entité de Kol ?

— C’est ce qui me paraît le plus plausible, expliquai-je en m’asseyant de nouveau. Kol a affirmé avoir été en contact avec Kan, avoir échangé avec elle, mais être incapable de s’adresser à elle directement. Il est possible que Kan ait mélangé son essence à celle de Kol en s’exilant à Mor Avi. En tant que Déesse du Temps, elle pouvait s’associer sans mal à l’entité du Temps Avirienne.

— Kan serait donc une partie de Kol ? conclut Soraya en haussant les sourcils.

Gênée, je haussai les épaules et précisai :

— Ce n’est rien de plus qu’une supposition. Nous ferions mieux d’attendre le réveil de Kol Zou pour l’interroger. Savoir s’il sera de nouveau possible d’échanger avec Kol ou si cela épuise trop la Gardienne.

— En tout cas, souffla la Sudiste en me jetant un regard complice, j’aimerais que ta supposition soit la bonne. Car nous aurions au moins une chance de contacter Kan et d’en savoir plus.

Petit sourire aux lèvres, je hochai la tête. Oui, moi aussi, j’aimerais que ce fût la bonne. L’appel de mon foyer se faisait de plus en plus fort et le voyage m’avait épuisée aussi bien physiquement que mentalement. Je ne rêvais plus que des cuisines royales où bondissaient ragots et commentaires sur les vêtements des Nobles, de la Gran’Salle et ses immenses cheminées où ma mère s’installait parfois pour terminer un tricot, des vergers de pommiers, abricotiers et cerisiers idéales pour des balades à cheval.


Soraya et moi profitâmes encore un peu des jardins avant de rentrer, pressées par une brise fraîche qui soufflait depuis le nord-ouest. Nous saluâmes de la tête un couple d’Aviriens en visite du Sanctuaire puis nous faufilâmes à l’intérieur du temple où nous avions laissé Kol Zou.

Nous profitâmes d’un instant de calme pour participer à un jeu de cartes et de dés en compagnie d’un Gardien qui parlait un peu l’oneirian. Soraya prit rapidement le coup de main et gagna sa première partie après trois tentatives. Pour ma part, même si j’avais compris les règles, c’était une tout autre histoire de les appliquer.

Au bout d’une heure, dépitée par mes défaites successives, je me levai et rejoignis une Gardienne qui préparait le thé. Je l’aidai à servir quelques tasses puis les apportai à Soraya et son compagnon de jeu. Ils me remercièrent de concert avant de se pencher de nouveau sur la partie en cours.

Derrière nous, Kol Zou était allongée sur un amas d’édredons et couvertures, son visage encore pâle sous ses mèches de cheveux sombres. Je me sentais déjà coupable de lui demander de contacter Kol et de prêter son corps. Nos propres Dieux s’incarnaient dans des enveloppes charnelles qu’ils créaient eux-mêmes. J’imaginais mal la sensation de sentir une entité tierce prendre possession de soi. J’avais bien expérimenté quelque chose de semblable lorsque le Dieu Aion déchu exerçait son contrôle mental sur moi. Mais ce n’était alors qu’une privation de ma liberté de mouvement, pas un vol complet de mon corps.

Ma tasse de thé à la main, je me dirigeai vers Kol Zou puis m’agenouillai près d’elle. Elle avait l’air moins sévère, plus vulnérable, plongée dans le sommeil. Qu’avait-elle ressenti lorsque Kol avait pris possession de son corps ? De l’honneur ? De la peur ?

— Une fille du Temps.

La voix de Kol Zou m’arracha à la contemplation des coussins brodés. Son regard sombre et indéchiffrable me sondait avec un mélange de soulagement et de stupeur.

— Kol Zou ? soufflai-je avec hésitation. Je t’ai réveillée ? Je suis navrée…

— Oui et non, répondit la Gardienne avec une pointe de malice dans la voix qui ne lui ressemblait pas.

L’Avirienne observa les alentours avec attention, ralentit son regard lorsqu’il passa sur Soraya puis revint vers moi. Cette fois, la Gardienne avait l’air terriblement sérieuse.

— Ta compagne et toi m’avez appelée, reprit celle-ci d’un ton affirmé. Et je me présente à vous dans l’espoir de répondre à vos interrogations. (Le regard de Kol Zou s’assombrit tandis qu’elle levait les mains devant elle.) Mais ne tardez pas, je n’ai pas pour habitude de m’incarner dans des êtres déjà pleins. Ce n’est agréable ni pour la Gardienne, ni pour moi.

Cette franchise, cet Oneirian impeccable, cette capacité à interagir avec les Humains sans barrière… Un sourire crispé d’appréhension m’étira les lèvres.

J’avais enfin retrouvé ma Déesse.

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