Chapitre 3.2 : L'essaim de métal
Le soleil était déjà levé depuis deux bonnes heures. Le trio de jeunes chasseurs avançait à un rythme fatigué, les jambes en feu d’avancer à marche forcée, les pieds endoloris dans leurs bottes usées. L’agitation qu’ils avaient causé durant la nuit avait forcément était perçue de très loin. Les guetteurs de leur propre communauté étaient à n’en pas douter déjà au courant et avaient répandue la nouvelle à travers tous les villages. Si Clovis s’imaginait déjà être accueilli en héros, Doren pour sa part fit rapidement remarquer à ses amis qu’il était bien curieux de ne pas réussir à joindre les autres sur quelque fréquence que ce fut, essayant en vain le contact par talkie-walkie.
– Tu t’en fais toujours trop, lui répliqua Clovis. Ça peut venir de n’importe quoi.
– Ils sont peut-être juste trop occupés avec leurs propres tâches, continua Heres se voulant rassurant.
– Ouais. Bah moi j’ai un mauvais présentiment, leur répondit Doren. Vous avez fait péter assez de matériel pour rameuter toute la montagne. Il y aura des conséquences.
– Vous ? s’étonna Clovis. T’as pas mal participé aussi j’te signale.
– Pour essayer de sauver ton cul ! Avec du recul je me dis que j’aurais sans doute dû te laisser dans ta merde. Peut-être que ça t’aurait mis du plomb dans le crâne pour changer.
– Ça du plomb j’en aurait sans doute pris un paquet. Merci !
Doren eu un regard noir pour le chétif rouquin aux airs clownesques. Comme à son habitude, il avait agi sans réfléchir au danger. Et cette fois-ci, seule la chance semblait avoir su empêcher un désastre. Connaissant bien ces yeux emplis de colère, Heres tenta de changer de sujet avant que Clovis ne reçoive encore des coups, certes mérités.
– Vous croyez que les gens ont toujours été comme ça ?
– Comment ça « comme ça » ? lui répondit Clovis.
– Eh bah… comme ça ! Vous pensez qu’ils se sont toujours battus les uns contre les autres pour des histoires parfois débiles ?
– Regarde Clovis, souffla Doren. Si des abrutis pareils ont existés à toutes époques alors c’est sûr qu’on se bat depuis la nuit des temps pour pas grand-chose.
– Non mais, sérieusement. On a les drones de l’Empire et ses armées super équipées qui viennent pour nous éliminer dès qu’ils le peuvent. Et nous, on trouve encore le moyen de s’entretuer parce qu’on habite pas dans la même vallée ? C’est grotesque… Peut-être que dans les temps anciens, avant la Guerre des Races et la Croisade Artificielle, on ne se battait pas sans une bonne raison ?
Doren soupira longuement avant de répondre.
– Si tu suivais un peu mieux les cours que donne ton père tu te poserais pas des questions pareilles. Bien longtemps avant les Temps Obscurs il y avait déjà des clans qui habitaient dans ce coin du monde. Et comme nous, il avait face à eux un empire avec des légions bien décidé à les soumettre. Et comme nous, ça ne les empêchait pas de s’entre-tuer ou de collaborer avec l’ennemi. Puis ils se sont fait écraser, puis soumettre. Et il y a plein d’exemples comme ça. L’histoire se répète encore et encore. Sans doute à cause d’attardés comme Clovis.
Clovis lança à son tour un regard mauvais au colosse. Mais ce dernier étant de dos, il ne risquait pas grand-chose et le savait parfaitement. Un vrombissement se détacha soudainement du lointain, se faisant de plus en plus audible, pareil au vol enragé d’un gigantesque frelon. Tout de suite, les trois jeunes hommes eurent pour réflexe de se stopper net pour mieux écouter, tel des proies apeurées. « Planquez-vous ! » s’exclama Heres juste à temps.
À peine se mirent-ils à l’abri d’une souche morte que passa au-dessus d’eux un vespiptère impérial. Un engin des plus effrayant pour un habitant des terres désolées. Cette machine annonciatrice de mort, d’un noir profond réhaussé d’orange vif, ressemblait vaguement à une guêpe de métal munie de deux hélices rétractables en guise d’ailes, ainsi que de deux réacteurs flanquant son abdomen portant en son sein une escouade de soldats sanguinaires. L’appareil fut vite suivi d’un autre, puis par les bourdonnements agressifs de toute une volée de ces engins de malheur. Plus effrayant encore fut le passage assourdissant du quadricoptère qui étouffa même la lueur du soleil au-dessus d’eux. Une fois que la menace venue des cieux sembla passée, le trio eut enfin une pensée n’étant pas tournée vers sa propre survie. Ils remarquèrent tout de suite que l’effroyable essaim prenaient comme eux la direction de leur village.
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