Chapitre 5.2 : Quatuor ?
Plusieurs heures s’étaient écoulées. Elias avait fini par arrêter de pleurer et de se lamenter. Il restait maintenant là, abattu, l’air hagard. Personne n’avait osé s’adresser à lui depuis. D’ailleurs, les trois jeunes hommes qui l’accompagnaient ne s’étaient pas beaucoup plus parlé entre eux. Chacun avait pris le temps de faire le point sur les derniers événements de son côté. L’altercation avec les hommes de l’Ötztal, la destruction du village, des géants en armure, l’attaque insensée d’un avant-poste impérial ! Et ce cataclysme qui avait englouti la vallée de Vaduz dans le feu… Cela faisait beaucoup à encaisser. L’enchaînement des évènements prenait des airs irréalistes, le tout faisant partie d’un trop long rêve. C’est finalement Elias qui prit la parole le premier.
– Le train devrait arriver à la Nouvelle-Vienne d’ici quelques heures. C’est une grande ville, sans surveillance particulière. Vous devriez facilement pouvoir en sortir.
Heres s’approcha et s’accroupi de façon à être à même hauteur que son captif.
– C’est comment ton nom ? demanda-t-il d’une voix posée.
– Elias. Novak.
– Tu sais où ils ont emmené ma sœur ?
– À Éminence, la capitale de l’Empire.
– Et tu sais pourquoi ?
– Pas vraiment. Je pensais capturer Woden, ou Harbard, un type de chez vous. Pas elle.
Elias releva la tête et son regard croisa celui du jeune homme face à lui. Il lut sans mal dans ses yeux la tristesse et la colère, et compris devoir éviter le sujet avec ce dernier.
– On m’a parlé d’une arme capable de détruire l’Empire, esquiva Elias. Le général Tarkon a évoqué un projet Zarathoustra. C’est lié à ta sœur, d’une façon ou d’une autre.
– Tarkon, c’est le géant avec l’armure incroyable ?
– Ouais. C’est ce fils de pute… maugréa Elias.
– Qui sont ces géants ? demanda Doren.
– Des Martiens. Ils sont créés sur la planète rouge pour servir l’Empereur comme guerriers d’élites.
Il y eu un flottement durant lequel personne n’osa répondre à Elias. Des hommes créés artificiellement sur d’autres planètes, c’était purement et simplement du délire.
– Mais je suis sûr que ceux-là ne servent plus l’Empire, continua le lieutenant. Jamais de vrais serviteurs de l’Empereur-Dieu n’agiraient comme eux. Ils ont anéanti Vaduz pour couvrir leurs traces. Ils préparent quelque chose qu’ils veulent étouffer.
– Tu sais quoi ? continua Heres.
– Non, mais je vais le découvrir. Et leur faire payer, assura-t-il alors qu’une étincelle nouvelle naissait dans ses yeux. Ils ont besoin de ta sœur, c’est tout ce que je sais.
Elias scruta attentivement le visage de son interlocuteur, tentant de capter le moindre signe capable de le trahir. Mais Heres semblait sincèrement perdu.
– Allez, il a dit tout ce qu’il avait d’intéressant à dire. Maintenant aurevoir, coupa Clovis d’un ton impatient.
Il s’approcha pour braquer son fusil sur Elias. Heres lui fit alors barrage et Doren attrapa le canon de l’arme en jetant un regard noir à son compagnon.
– Il est sans défense, remarqua Doren. Tu ne tueras pas un homme désarmé.
– Pourquoi pas ? reprit Clovis. Ça les a pas gêné eux quand ils ont tué tout le village. Quand ils ont massacré les enfants, nos amis. Et nos parents.
Clovis eu un regard empli de mépris pour l’impérial qui détourna les yeux, chose inhabituel pour lui. C’était la première fois qu’il faisait face à un survivant et jamais auparavant on ne l’avait confronté à ses actes. Il ressentit une certaine gêne, oubliée depuis longtemps, qu’il eut du mal à réprimer. Il préféra alors en rester là, n’offrant aucune réponse au jeune homme qui le défiait de toute sa haine. Heres tenta de résonner Clovis.
– On pourrait encore avoir besoin de lui.
– Alors on le garde, se résigna Clovis en s’éloignant avec dégoût. Mais dès qu’on sera sûr qu’il est devenu inutile, je l’abats.
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