Inspirations
C’est toujours l’histoire qui décide, c’est toujours elle qui permet de donner du sens, d’entreprendre et de suspendre. Elle donne le ton, comme le rouge désigne le sang, comme le ciel nous agrandit. C’est elle qui guide, mais comment faire, quand des histoires on en a cent, on en a pas. Des histoires, des bouts, des amorces, des liens, des épilogues, des fins heureuses, des personnages, des décors, des lieux, des péripéties, des entourloupes, des départs.
Quand j’étais petit, je demandais aux autres un lieu, une époque, un personnage, et j’inventais une histoire. Quand j’étais petit le ciel était plus grand, plus haut, plus bleu, le rouge était ma couleur préféré et j’aimais jouer seul, avec un plateau de jeu de société autour duquel je réussissais l’exploit d’incarner chaque joueur, le gagnant et le perdant. Seul aussi, parfois, à jouer au football, des passes contre le mur, des jongles, l’incarnation d’un espoir, la survivance d’un grand tournoi et sa réinterprétation du début à la fin.
Les histoires tiennent debout, mêmes fragiles, elles tiennent debout quand on leur donne vie. Il y a d’abord nos histoires vécues que l’on revisite comme on explore une nouvelle ville, avec passion, comme on relate une ancienne relation, avec mauvaise foi. Les histoires n’ont pas besoin de béquilles et l’artificialité est bonne pour les grands mystificateurs, ceux qui nous arrosent de chiffres et de tendances. Ils ne racontent rien. Ils ne rêvent pas. Ils ne laissent rien d’eux aux autres.
Inventer, créer, résister. Quand un peuple écrit son histoire de l’autre côté de la planète, de l’Europe. Quand une femme, un homme, écrit son histoire. Histoire de dire que l’on aura été là, et que c’était plutôt bien. On ne touchera peut-être pas cet immense plafond, mais on l’aura rêvé, planifié. Chaque histoire se doit d’avoir sa chance et de vivre libre, vraie ou fausse.
Annotations
Versions