Le fleuve de feu.
Le fleuve de feu
Le feu, au fond de mes entrailles,
Embrase sans effort les barrages de raison.
Jaillit en feu de paille, durant comme un tison,
Elle crépite sans faille la flamme qui me tenaille.
En plein cœur d'une nuit dont ne naît pas l'aurore,
Ce feu qui me dévore
Assaille, et prend tout mon être en un coup.
Je me recroqueville;
Et j'y pense; et le couve... très chaud, tout doux
Si fort. Brasier ardent qui me pille.
Dents aiguës sous ses lèvres tendres.
Je sens, en arrière de cette douce chaleur,
Bien loin, comme un écho, arriver la douleur.
Le rêve m'aura conduite dans les pires méandres.
Le manque, le manque de lui. De celui que j'invente
Sous les traits que j'emprunte.
Non, ne me parlez pas d'amour! La feinte
Facile est alarmante.
Je n'aime pas les personnes normales.
Je n'aime que ce feu qui me fait mal.
Les idées grises et l'âme prise
Je me bats en infirme contre le feu qui dure.
Je voudrais m'en défaire, mais l'effort est trop dur.
Au beau milieu du cœur la flamme dévore sa prise.
Un instant elle vacille quand la raison domine,
Disparaît, se termine,
Me laisse délaissée en un instant,
Souffrant du trou béant...
Mais elle renaît jaillissant du néant,
Brûlant jusques aux cendres chair et sang.
Oh, bien loin du buisson ardent*
Qui brûl(e) sans altérer les branches et les serments,
Mon âme se consume sous cette flamme mortelle
Qui tend à la détruire sans qu'elle ne se rebelle.
Jalousie de ses yeux qu'il garde loin de moi,
Oh Dieu, l'étrange peine!
Ses bras, qui en enlacent d'autres que moi...
D'un coup les flammes s'éteignent
Mourant sans un soupire Laissant couler
la cire qui se fige en fossile blessé.
Jeudi 29 Juin 2017
*figure biblique image de l'amour de Dieu: un buisson brûlant en continue sans se consumer.
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